Page 307 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU 305
fer devait déposer un cautionnement de i Si les sommes que l’on dépensa follement
250,000 fr. pour établir les machines de Chaillot et du
Cet ingénieur se hâta de mettre l’affaire Gros-Caillou, avaient été appliquées à la dé
en actions. Il créa une société au capital de rivation de l’Yvette ; si M. de Fer, par une
4,800 actions de 1,200 livres chacune, c’est- modification peu rationnelle du plan de
à-dire de 5,760,008 fr. Mais il paraît que ces Parcieux, consistant à abandonner l’Yvette
actions n’obtinrent pas grande faveur, car, pour les eaux de la Bièvre, qui sont indis
le 4 février 1789, le produit de leur vente pensables à une importante industrie, n’a
n’était encore que de 461,000 livres. vait égaré l’opinion publique, la ville de
Le tracé de la dérivation de la Bièvre fut Paris serait alimentée aujourd’hui, il n’y a
pourtant exécuté en 1788 ; les travaux furent pas à en douter, non-seulement par les
même commencés. Mais les plaintes des ri- j eaux de l’Ourcq, mais encore par celles
verains et des usagers de la Bièvre, c’est-à- ' de l’Yvette, qui auraient eu sur celles du
dire des teinturiers de Paris, furent telles canal de l’Ourcq l’avantage d’être beau
que le Parlement de Paris rendit, le 3 dé- j coup moins dures, et d’arriver à Paris à
cembre 1788, un arrêt par lequel il évoquait plus de 4 mètres au-dessus du niveau des
à lui la connaissance des contestations sou- ' eaux d’Arcueil, c’est-à-dire à 10 mètres en
levées par les riverains de la Bièvre. Toute- j viron au-dessus du niveau du bassin de la
fois un arrêt du conseil d’État, en date du Villette.
14 février 1789, cassa cette décision du Par L’État ayant acheté, comme nous l’avons
lement. dit plus haut, l’entreprise des frères Périer,
Enfin les plaintes adressées au Conseil les usines hydrauliques devinrent sa pro
d’État par les teinturiers, mégissiers et tan priété, et furent mises au nombre des éta
neurs du faubourg Saint-Marceau, qui blissements publics.
voyaient déjà la Bièvre à sec, et celles des pro Les bouleversements politiques de la fin
priétaires dont les terrains étaient traversés du dix-huitième siècle suspendirent tous les
par la dérivation, motivèrent un arrêt, en projets d’amélioration du service des eaux
datedull avril 1789, qui suspendit définiti de Paris.
vement les travaux commencés parM. de Fer. Nous ferons connaître, en terminant ce
C’est ainsi qu’échoua, aux approches de la chapitre, l’état de la distribution des eaux
Révolution française, qui vint paralyser à Paris, au commencement du dix-neuvième
pour longtemps les travaux de ce genre, ce siècle.
beau projet de dérivation de l’Yvette, qui Les eaux qui étaient distribuées à Paris
pendant vingt-sept ans avait captivé l’opi étaient les suivantes :
nion publique, et qui vaudra à son auteur, Eaux des Prés-Saint-Gervais.—Leur pro
de Parcieux, une gloire méritée. De Par duit en 24 heures était évalué à 117 mètres
cieux est, en effet, le premier qui ait attiré cubes.
sérieusement l’attention de l’administration Eaux de Belleville. — Leur produit en
sur les dérivations des rivières pour l’ali 24 heures était de 114 mètres cubes.
mentation de Paris, et quoiqu’on ait aban- | Eaux d’Arcueil. — Elles produisaient en
donné son projet pour exécuter, sous le 24 heures 952 mètres cubes.
premier Empire, le canal de l’Ourcq, l’idée | Eaux de Seine. — Cette eau était distri
de cette dernière entreprise a été certaine buée :
ment inspirée par les études de de Parcieux, 1° Par les pompes de la Samaritaine et
Perronet et Chizy. produisaient 400 mètres cubes ;
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