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308                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                     qui existait alors, Brullée ne put réunir,   consul l’autorisation de prendre dans la
                     dans le délai de trois mois qui lui était ac­  Beuvronne, la Thérouenne et l’Ourcq, un
                     cordé, la somme de 10,000,000 de fr., qui   volume d’eau de 120,000 mètres cubes par
                     lui était nécessaire pour constituer l’entre­  24 heures , dont la moitié serait distri­
                     prise. Quelques années après, il céda ses  buée, comme eau potable, aux habitants
                                                               de Paris, et l’autre alimenterait ce qu’on
                                                               appelait alors le canal de Pontoise. L’idée
                                                               première de ce canal consistait, comme
                                                               on l’a dit plus haut, à relier le bassin projeté
                                                               de la Villette, non-seulement à la Seine,
                                                               vers Saint-Denis, mais encore à l’Oise, vers
                                                               Conflans-Saint-Honorine et Pontoise.
                                                                 Les offres de Solages et Bossu étaient
                                                               très-séduisantes ; mais il parut dangereux
                                                               de mettre tous les établissements hydrauli­
                                                               ques de Paris à la disposition d’une seule
                                                               compagnie.
                                                                 On ne tarda pas, d’ailleurs, à reconnaître
                                                               que les propositions faites jusqu’alors repo­
                                                               saient sur des bases incertaines. Quatre ni­
                                                               vellements, dirigés par l’ingénieur Bruyère,
                                                               démontrèrent, en effet, que le point de
                                                               départ de la dérivation, pris au-dessus de
                                                               Lisy, était à 1 mètre en contre-bas du
                                                               point d’arrivée.
                                                                 Bruyère pensait que la prise d’eau de­
                                                               vait être remontée jusque vis-à-vis le village
                     droits à Solages et Bossu, qui les firent va­  de Crouy ; mais en meme temps il propo­
                     loir en 1799.                             sait, dans son rapport du 9 floréal an X, de
                       Ces ingénieurs s’engageaient à distribuer  I sc borner à dériver la Beuvronne dans un
                     dans Paris 2,000 pouces d’eau à certaines  i aqueduc couvert.
                     conditions, et notamment au moyen de la     Le 29 floréal de la même année, le Corps
                     cession de tous les établissements hydrauli­  législatif rendit un décret ordonnant « qu’il
                     ques de la ville.                         serait ouvert un canal de dérivation de la
                       Brullée pensait angmenter de 3,000 pou­  rivière d’Ourcq, et que cette rivière serait
                     ces le produit de la Beuvronne par une    amenée à Paris dans un bassin près de la
                     prise d’eau faite dans la Marne, au-dessous   Villette. »
                     de Lisv ; mais il est évident que cela n’était   Les propositions de Solages et Bossu fu­
                     pas possible, puisque la Marne en ce point   rent définitivement écartées par un arrêté
                     est à un niveau inférieur à celui de la déri­  du premier consul, spécifiant: « que les
                     vation de la Beuvronne.                   travaux relatifs à la dérivation de l’Ourcq
                       Solages et Bossu modifièrent cette par­  seraient commencés le 1er vendémiaire an
                     tie de leur projet, en remontant la prise   XI ; que les fonds nécessaires seraient préle-
                     d’eau dans la rivière d’Ourcq, au-dessus de
                                                                 (1) Propositions de l’ingénieur hydraulique delà ville, du
                     Lisy. En 1800, ils demandèrent au premier   mois de juin 1799.
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