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INDUSTRIE DE L’EAU.                                 2G’>

         des canaux publics; il fallait que le tuyau   tout entier et on vendait le surplus, afin d’é­
         de sa concession partît du château d’eau.  tablir d’une manière certaine le droit des
           Le droit de concession d’eau ne pouvait   limites des particuliers et celui de l’Etat.
         être transmis ni à l’héritier, ni à l’acqué­  De fortes amendes étaient prononcées
         reur, ni enfin à aucun nouveau propriétaire   contre ceux qui, par mauvaise intention et
         des domaines : le titre de concession était   à dessein, avaient percé, rompu ou tenté
         renouvelé avec le possesseur. Mais les    de percer et de rompre les canaux, les con­
         bains publics jouissaient du privilège de   duits souterrains, les tuyaux, les châteaux
         conserver perpétuellement les eaux qui leur   d’eau et les réservoirs dépendants des eaux
         étaient une fois accordées.               publiques; et contre ceux qui avaient in­
           Les travaux d’entretien des aqueducs    tercepté ou diminué l’écoulement des eaux,
         étaient confiés à 700 individus environ,   ou fait des plantations ou constructions dans
         divisés en différentes classes d’agents, tels   l’espace de terrain qui devait rester libre.
         que les contrôleurs, les gardiens de châ­
         teau, les inspecteurs, les paveurs, les fai­  Ce n’est pas seulement à Rome que l’on
         seurs d’enduits et les autres ouvriers. Ils   admirait ce luxe d’eaux que nous avons
         étaient payés par le trésor public, qui se   décrit. La plupart des grandes villes de
         trouvait défrayé de cette dépense par les   l’Italie en étaient également dotées. La
         sommes provenant du droit de concession   Gaule fut tout aussi bien traitée. Pendant
         des eaux.                                 près de cinq siècles que les Romains
           Tout ce qui pouvait être tiré des champs   l’occupèrent, ils édifièrent des aqueducs
         des particuliers, comme la terre, la glaise,   sur presque tous les points de ce pays.
         la pierre, la brique, le sable, les bois et les   Outre ceux de Nîmes, de Metz, de Paris, de
         autres matériaux nécessaires à l’entretien   Lyon, de Coutances, ils créèrent des aque­
         ou à la construction des aqueducs, réservois   ducs dans les villes suivantes : Aix, Arles,
         et conduites, après avoir été estimé par des   Autun, Besançon, Béziers, Blois, Bourges,
         arbitres, était pris et enlevé sans que per­  Bordeaux, Douai (en Anjou) Fréjus, Nar­
         sonne pût s’v opposer.                    bonne, Orange, Poitiers, Vienne, Saintes,
           Pour le transport de ces matériaux, il   Sens , Toulouse, etc. On voit encore au­
         était pratiqué toutes les fois que le besoin   jourd’hui autour de ces villes les ruines de
         l’exigeait des chemins ou sentiers au travers   ces grands ouvrages.
         les champs particuliers, en les dédomma­    L’empereur Constantin ayant transféré,
         geant.                                    328 après J.-C., le siège de l’empire à
           Pour faciliter les réparations des canaux   Constantinople, ce fut désormais pour cette
         et des conduits, il n’était permis de cons­  seconde Rome que s’exécutèrent les nou­
         truire des édifices, ni de planter des arbres   veaux ouvrages hydrauliques.
         qu’à la distance de 1”,62 de canaux appa­    11 existe, dans la vallée de Bourgas, trois
         rents ou souterrains qui étaient dans l’inté­  aqueducs qui portent des eaux dans cette
         rieur des villes. En pleine campagne, il de­  ville. Le plus remarquable a été établi sous
         vait y avoir un isolement de 4m,87 de cha­  le règne de Justinien (527 ans après J.-C.).
         que côté des fontaines, murs et voûtes des   Ces aqueducs diffèrent de ceux de Rome
         aqueducs.                                  en ce qu’ils ne forment pas une ligne con­
            Si quelque propriétaire faisait des diffi­  tinue, ayant une pente uniforme depuis la
          cultés pour vendre la partie de son champ   source jusqu’au château d’eau. A la rencon­
          dont on avait besoin, on achetait le champ   tre d’une vallée, d’un bas-fond ou d’un pli
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