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264                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                   de terrain, on se dispensait quelquefois    Les restes encore debout du pont du
                   de soutenir le canal par des arcades, et on   Gard (fig. 113) permettent de juger de son
                   le remplaçait par une conduite en siphon   importance et de la longueur de son déve­
                   renversé, qui dessinait le contour de la   loppement. C’est un des plus grands monu­
                   vallée. Lorsque la vallée avait trop d’éten­  ments que les Romains aient construits dans
                   due, on élevait des piles de distance en   les Gaules. Franchissant la vallée, à plus
                   distance, pour soutenir une cuvette ou bas­  de 48 mètres au-dessus des basses eaux de la
                   sin. Ces piles portaient le nom de souterazi.   rivière, il se compose de 3 rangs d’arcades :
                   Un tuyau partant de l’extrémité de la pre­  le premier rang a 270 mètres de longueur,
                   mière partie de l’aqueduc, conduisait l’eau   et se compose de six arches de 20 mètres de
                   ducanaldanslapremière cunette. Unsecond
                   tuyau la recevait ensuite, et la remontait à
                   une autre cunette ; et ainsi de suite, jusqu’à
                   ce qu’elle fût parvenue sur le sommet du
                   revers opposé du coteau, où la seconde par­
                   tie du canal prenait son origine. On perdait
                   ainsi une partie de la vitesse acquise par
                   l’eau dans la première partie de l’aqueduc
                   et la portion de charge absorbée parles frot­
                   tements dans les tuyaux, maison diminuait
                   de beaucoup les dépenses de construction.
                     Aqueduc de Nîmes.—L'aqueduc de Nîmes,
                   connu aujourd’hui sous le nom de pont du
                   Gard, était destiné à amener dans la ville
                   de Nîmes les eaux de deux sources : celle
                   d’Aire, près d’Uzès, et celle d’Eure, village à
                   trois lieues et demie de Nîmes. Ces eaux
                   alimentaient les thermes de Nîmes, dont on
                   voit encore les restes, parfaitement conser­
                   vés, dans les bassins antiques de la ravis­
                   sante promenade publique de la Fontaine.
                     Les inscriptions que l’on a trouvées dans
                   les anciens thermes de Nîmes, établissent
                   que l’aqueduc fut construit par Vipsanius
                                                               Fig. 113. — Coupe transversale du troisième rang
                   Agrippa, gendre et favori d’Auguste, pen­           d’arcades du pont du Gard.
                   dant le séjour qu’il fit à Nîmes, par ordre
                   de cet empereur. L’aqueduc conduisait à   haut, sur 23 mètres d’ouverture. Le Gardon
                   Nîmes les eaux des deux sources d’Aire et   passe sous la cinquième arche, qui est plus
                   d’Eure avec un circuit de 7 lieues. Le pont-   large que les autres. Le second rang a onze
                   aqueduc situé à 3 lieues au nord de Nîmes   arcades de 17 mètres de hauteur, et de même
                   joignait deux collines entre lesquelles passe   ouverture que les inférieures. Le troisième
                   le Gardon. A Nîmes, la conduite aboutissait   rang, long de 238 mètres, se compose de
                   à un grand 'réservoir établi derrière les   cinq arcades de près de 4 mètres de hauteur.
                   bassins des thermes et destiné à alimenter   Sur cette dernière galerie est construit le
                   ces bassins.                              canal de l’aqueduc, qui est couvert d’un rang
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