Page 269 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 269
INDUSTRIE DE L’EAU. 267
patrie, aux droits de suffrage dans les élec « Aqueduc de Feurs. — Selon Delorme, les eaux de
tions de Rome, lui donnait le nom de ces deux aqueducs étaient dirigées à l’amphithéâtre
et au palais qui étaient situés dans l’emplacement
Colonia Claudia Copia et constatait, dans
actuel de l’hospice de l’Antiquaille ; mais elles n’ar
son discours au sénat, que Lyon renfermait rivaient qu’à une hauteur insuffisante, les sommités
tous les genres de splendeur et tous les de la colline de Fourvières ne pouvaient pas être
desservies; c’est pour y obvier qu’on entreprit la
éléments d’un immense et riche commerce.
construction de l’aqueduc du mont Pila, qui était le
Un incendie terrible vint mettre un terme plus considérable de tous.
inattendu à la prospérité croissante de la « Aqueduc du mont Pila. — Sur les penchants du
cité. L’histoire offre peu d’exemples d’une mont Pila, on réunit les eaux du Gier, du Janon, du
Furand et de Langonau dans un seul aqueduc au
catastrophe aussi complète et aussi subite.
midi de Saint-Chaumont,
«Il fallut, dit Sénèque, moins de temps pour « Cet aqueduc passait sur le territoire des commu
anéantir cette grande et populeuse cité, nes de Cellieu, Chaignon, Saint-Genis, Terre-Noire,
Saint-Martin, La Plaine, Saint-Maurice-sur-Dargoire,
qu’il n’en faudrait pour décrire son mal
Mornant, Saint-Laurent-d’Agny, Soucieux, Chapon-
heur. » not, Sainte-Foy, Saint-Irénée et Fourvières, où l’a
Les environs de Lyon ont conservé les queduc se terminait par un réservoir dont on voit
encore les ruines dans la Maison-Angélique, près de
restes de quatre systèmes de grands aque
la descente de Langes.
ducs qui amenaient les eaux à des hauteurs « Aqueduc du Rhône. — Enfin l’aqueduc du Rhône,
différentes. spécialement destiné à la basse ville, prenait les
eaux du fleuve sur la rive droite à partir de Mirlhel
Ces aqueducs sont ceux du Mont-d’Or,
et les dirigeait sur la presqu’île au bas de la colline
de Feurs, du mont Pila et du Rhône. Ils ne de la Croix-Rousse.
furent construits que successivement et à « L’aqueduc du Rhône correspond donc à un bas
mesure que la ville grandissait en popula service, ceux du Mont d’Or et de Feurs à un service
moyen.
tion et en richesse.
« Enfin, celui du mont Pila à un haut service.
M. Aristide Dumont, dans son mémoire « Le volume d’eau amené par le seul aqueduc
publié en 1862, sous ce titre : Les eaux de de Pilât s’élevait à 25,000 mètres cubes d’eau par
jour environ, c’est le volume de la distribution ac
Lyon et de Paris, description des travaux
tuelle.
exécutés à Lyon pour la distribution des « Le moyen service était beaucoup moins impor
eaux du Rhône filtrées, donne les extraits tant.
« Quant à l’aqueduc du Rhône, il est assez difficile
de quelques auteurs anciens qui permet
d’évaluer son volume.
tent de comprendre quelle était la destina « Quoi qu’il en soit, cet ensemble de travaux dé
tion des différents aqueducs dont on trouve note une vaste organisation hydraulique et de grands
les restes aux environs de Lyon. besoins créés par les habitudes des anciens, qui or
naient leurs cités de bains, de naumachies, de cas
cades.
«Aqueducs du Mont-d'Or.—Deux branches d’aque « Sous les Romains, la colline de Fourvières était
ducs embrassaient, ditM. Aristide Dumont, le groupe un immense amphithéâtre, où s’élevaient çà et là
entier des montagnes formant le Mont-d’Or et en re de somptueux édifices au dôme doré.
cueillaient les eaux. « Les eaux sorties des aqueducs par une foule de
« L’une,depuis Poleymien,jusqu’à Saint-Didier, en tuyaux, après avoir arrosé des jardins étagés, s’être
prenant par les collines qui regardent la Saône, dans divisées en jets d’eau, se réunissaient au bas de la
les communes de Curis, Albigny, Couzon, Saint-Ro montagne dans un réservoir qui servait aux nauma
main, Collonges et Saint-Cyr; l’autre, depuis Cri- chies.
monest jusqu’à Saint-Didier. « On ne doit pas s’étonner de cette profusion dans
« Ces deux branches se réunissaient en une seule la première ville des Gaules, quand on considère les
qui passait sur un pont à siphon dans les vallons d’E- immenses travaux exécutés alors à Rome, où chaque
culy et remontait à Saint-Irénée. cité allait puiser des modèles et des exemples. »
« Cet aqueduc ayant été bientôt insuffisant, on
en construisit un second qui prenait l’eau près de
Feurs. Nous représentons dans la figure 115 les