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INDUSTRIE DE L’EAU.                                 267

          patrie, aux droits de suffrage dans les élec­  « Aqueduc de Feurs. — Selon Delorme, les eaux de
          tions de Rome, lui donnait le nom de      ces deux aqueducs étaient dirigées à l’amphithéâtre
                                                    et au palais qui étaient situés dans l’emplacement
          Colonia Claudia Copia et constatait, dans
                                                    actuel de l’hospice de l’Antiquaille ; mais elles n’ar­
          son discours au sénat, que Lyon renfermait   rivaient qu’à une hauteur insuffisante, les sommités
          tous les genres de splendeur et tous les   de la colline de Fourvières ne pouvaient pas être
                                                    desservies; c’est pour y obvier qu’on entreprit la
          éléments d’un immense et riche commerce.
                                                    construction de l’aqueduc du mont Pila, qui était le
            Un incendie terrible vint mettre un terme   plus considérable de tous.
          inattendu à la prospérité croissante de la   « Aqueduc du mont Pila. — Sur les penchants du
          cité. L’histoire offre peu d’exemples d’une   mont Pila, on réunit les eaux du Gier, du Janon, du
                                                    Furand et de Langonau dans un seul aqueduc au
          catastrophe aussi complète et aussi subite.
                                                    midi de Saint-Chaumont,
          «Il fallut, dit Sénèque, moins de temps pour   « Cet aqueduc passait sur le territoire des commu­
          anéantir cette grande et populeuse cité,   nes de Cellieu, Chaignon, Saint-Genis, Terre-Noire,
                                                    Saint-Martin, La Plaine, Saint-Maurice-sur-Dargoire,
          qu’il n’en faudrait pour décrire son mal­
                                                    Mornant, Saint-Laurent-d’Agny, Soucieux, Chapon-
          heur. »                                   not, Sainte-Foy, Saint-Irénée et Fourvières, où l’a­
            Les environs de Lyon ont conservé les   queduc se terminait par un réservoir dont on voit
                                                    encore les ruines dans la Maison-Angélique, près de
          restes de quatre systèmes de grands aque­
                                                    la descente de Langes.
          ducs qui amenaient les eaux à des hauteurs   « Aqueduc du Rhône. — Enfin l’aqueduc du Rhône,
          différentes.                              spécialement destiné à la basse ville, prenait les
                                                    eaux du fleuve sur la rive droite à partir de Mirlhel
            Ces aqueducs sont ceux du Mont-d’Or,
                                                    et les dirigeait sur la presqu’île au bas de la colline
          de Feurs, du mont Pila et du Rhône. Ils ne   de la Croix-Rousse.
          furent construits que successivement et à   « L’aqueduc du Rhône correspond donc à un bas
          mesure que la ville grandissait en popula­  service, ceux du Mont d’Or et de Feurs à un service
                                                    moyen.
          tion et en richesse.
                                                      « Enfin, celui du mont Pila à un haut service.
            M. Aristide Dumont, dans son mémoire      « Le volume d’eau amené par le seul aqueduc
          publié en 1862, sous ce titre : Les eaux de   de Pilât s’élevait à 25,000 mètres cubes d’eau par
                                                    jour environ, c’est le volume de la distribution ac­
          Lyon et de Paris, description des travaux
                                                    tuelle.
          exécutés à Lyon pour la distribution des    « Le moyen service était beaucoup moins impor­
          eaux du Rhône filtrées, donne les extraits   tant.
                                                      « Quant à l’aqueduc du Rhône, il est assez difficile
          de quelques auteurs anciens qui permet­
                                                    d’évaluer son volume.
          tent de comprendre quelle était la destina­  « Quoi qu’il en soit, cet ensemble de travaux dé­
          tion des différents aqueducs dont on trouve   note une vaste organisation hydraulique et de grands
          les restes aux environs de Lyon.          besoins créés par les habitudes des anciens, qui or­
                                                    naient leurs cités de bains, de naumachies, de cas­
                                                    cades.
            «Aqueducs du Mont-d'Or.—Deux branches d’aque­  « Sous les Romains, la colline de Fourvières était
          ducs embrassaient, ditM. Aristide Dumont, le groupe   un immense amphithéâtre, où s’élevaient çà et là
          entier des montagnes formant le Mont-d’Or et en re­  de somptueux édifices au dôme doré.
          cueillaient les eaux.                       « Les eaux sorties des aqueducs par une foule de
            « L’une,depuis Poleymien,jusqu’à Saint-Didier, en   tuyaux, après avoir arrosé des jardins étagés, s’être
          prenant par les collines qui regardent la Saône, dans   divisées en jets d’eau, se réunissaient au bas de la
          les communes de Curis, Albigny, Couzon, Saint-Ro­  montagne dans un réservoir qui servait aux nauma­
          main, Collonges et Saint-Cyr; l’autre, depuis Cri-   chies.
          monest jusqu’à Saint-Didier.                « On ne doit pas s’étonner de cette profusion dans
            « Ces deux branches se réunissaient en une seule   la première ville des Gaules, quand on considère les
          qui passait sur un pont à siphon dans les vallons d’E-   immenses travaux exécutés alors à Rome, où chaque
          culy et remontait à Saint-Irénée.          cité allait puiser des modèles et des exemples. »
            « Cet aqueduc ayant été bientôt insuffisant, on
           en construisit un second qui prenait l’eau près de
           Feurs.                                      Nous représentons dans la figure 115 les
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