Page 261 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU 259
bronze (calix) au nombre de 25. Le plus pe parcourir la campagne romaine pour y
tit calibre s’appelait quinarius, et avait pour rencontrer de magnifiques ruines d’arcades,
diamètre un doigt sa surface était de qui ténjoignent de la quantité de ces aque
ducs particuliers. La figure 111 (p. 257) re
O®,423 millimètres carrés. Le doigt (rf/ÿî'Zws)
présente un de ces aqueducs en ruine qui
était la limite de mesure : il avait 0“,019.
parsèment la campagne romaine, et que
Sous la direction de Frontinus, les neuf
l’on conserve avec un soin religieux, tout à
aqueducs, d’après les mesures prises par lui
la fois comme souvenir de l’antiquité et
aux sources mêmes, devaient apporter à
comme modèle de l’art.
Rome 24,805 quinarii. Mais ce chiffre n’é
tait pas celui des registres sur lesquels Les aqueducs romains se composaient de
conduites de maçonnerie qui marchaient
étaient inscrites toutes les eaux distribuées
dans la ville et dans les environs, car il y tantôt sous terre, tantôt en remblai, à travers
avait beaucoup de déperditions et de dériva les montagnes et au penchant des coteaux.
tions frauduleuses. Puis, sans perdre de leur pente régulière,
La longueur de ces aqueducs variait de et dédaignant les tubes-siphons, qui réali
23,000 à 91,000 mètres; ils mesuraient sent l’économie aux dépens de l’altitude, ils
ensemble 417,722 mètres, soit 418 kilomè franchissaient les vallées sur des arcades ma
tres , dont plus de 364 en souterrains, gnifiques, dont la hauteur dépassait parfois
4 1/2 en remblais, et 49 environ (soit plus 30 mètres, et l’ouverture plus de 8 mètres.
de 12 de nos lieues), sur arcades. Plusieurs, par exemple, les aqueducs Julia,
A leur entrée dans Rome, le plan d’eau Tepula, Marcia se superposaient en se ren
contrant, afin de ne rien perdre de leurs
du plus bas dépassait encore le quai du
Tibre de 8 mètres. Les plus élevés arrivaient niveaux respectifs, et cheminaient sur les
Ù38, 39 et 47 mètres au-dessus du quai du mêmes arcades. La plupart (tous ceux des
dérivations de la rive gauche du Tibre,
Tibre. Le dernier était à 3 mètres plus haut
à l’exception de Laqua Virgo') suivaient en
que la plus haute colline de Rome.
approchant de Rome, un long coteau paral
L’eau Appia., la moins élevée, n’arrivait
qu’à 8“,37 au-dessus du quai du Tibre. lèle à la voie Appia, et y trouvaient, comme
nous l’avons dit, de vastes réservoirs, où
L’eau Marcia avait 37“,48 d’élévation.
l’eau se clarifiait plus ou moins complète
L’Anio novus, la plus élevée de toutes, avait
ment par le repos, avant d’entrer dans la
47“,52 au-dessus du Tibre.
cité reine du monde. Ceux qui puisaient aux
Des aqueducs privés, pour ainsi dire,
sources les moins pures, VAnio vêtus et
avaient été construits par de riches particu
VAnio novus, avaient en outre un semblable
liers, ou par les empereurs, de leurs propres
réservoir à leur point de départ.
deniers, pour fournir l’eau à leurs bains,
aux fontaines, jets d'eau et cascades qui em A l’intérieur de la ville, un système de
bellissaient leurs villas. Ces aqueducs spé conduites, tantôt enfouies, tantôt portées
ciaux remontaient jusqu’à la source même sur des arcades, distribuait l’eau de colline
ou s’embranchaient sur les aqueducs de en colline, de quartier en quartier. 247 ré
l’Etat. On voit encore près de Tivoli les servoirs, ou châteaux d'eau secondaires, la
restes d’un aqueduc qui alimentait la villa recevaient pour la répandre chez les par
Adriana, et qui puisait son eau à l’aqueduc ticuliers par une foule de tuyaux. Chacun
Claudia. 11 existe encore des vestiges d’un de ces tuyaux, soigneusement mesuré, s’em
aqueduc particulier, qui amenait l’eau à la branchait directement sur un réservoir, et
villa des Quinlilii. Du reste, il suffit de n’avait qu’un seul orifice d’écoulement dans