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INDUSTRIE DE L’EAU                                 259


         bronze (calix) au nombre de 25. Le plus pe­  parcourir la campagne romaine pour y
         tit calibre s’appelait quinarius, et avait pour   rencontrer de magnifiques ruines d’arcades,
         diamètre un doigt sa surface était de    qui ténjoignent de la quantité de ces aque­
                                                  ducs particuliers. La figure 111 (p. 257) re­
         O®,423 millimètres carrés. Le doigt (rf/ÿî'Zws)
                                                  présente un de ces aqueducs en ruine qui
         était la limite de mesure : il avait 0“,019.
                                                  parsèment la campagne romaine, et que
         Sous la direction de Frontinus, les neuf
                                                  l’on conserve avec un soin religieux, tout à
         aqueducs, d’après les mesures prises par lui
                                                  la fois comme souvenir de l’antiquité et
         aux sources mêmes, devaient apporter à
                                                  comme modèle de l’art.
         Rome 24,805 quinarii. Mais ce chiffre n’é­
         tait pas celui des registres sur lesquels   Les aqueducs romains se composaient de
                                                  conduites de maçonnerie qui marchaient
         étaient inscrites toutes les eaux distribuées
         dans la ville et dans les environs, car il y   tantôt sous terre, tantôt en remblai, à travers
         avait beaucoup de déperditions et de dériva­  les montagnes et au penchant des coteaux.
         tions frauduleuses.                      Puis, sans perdre de leur pente régulière,
           La longueur de ces aqueducs variait de   et dédaignant les tubes-siphons, qui réali­
         23,000 à 91,000 mètres; ils mesuraient   sent l’économie aux dépens de l’altitude, ils
         ensemble 417,722 mètres, soit 418 kilomè­  franchissaient les vallées sur des arcades ma­
         tres , dont plus de 364 en souterrains,   gnifiques, dont la hauteur dépassait parfois
         4 1/2 en remblais, et 49 environ (soit plus   30 mètres, et l’ouverture plus de 8 mètres.
         de 12 de nos lieues), sur arcades.        Plusieurs, par exemple, les aqueducs Julia,
           A leur entrée dans Rome, le plan d’eau   Tepula, Marcia se superposaient en se ren­
                                                   contrant, afin de ne rien perdre de leurs
         du plus bas dépassait encore le quai du
         Tibre de 8 mètres. Les plus élevés arrivaient   niveaux respectifs, et cheminaient sur les
         Ù38, 39 et 47 mètres au-dessus du quai du   mêmes arcades. La plupart (tous ceux des
                                                   dérivations de la rive gauche du Tibre,
         Tibre. Le dernier était à 3 mètres plus haut
                                                   à l’exception de Laqua Virgo') suivaient en
         que la plus haute colline de Rome.
                                                   approchant de Rome, un long coteau paral­
           L’eau Appia., la moins élevée, n’arrivait
         qu’à 8“,37 au-dessus du quai du Tibre.    lèle à la voie Appia, et y trouvaient, comme
                                                   nous l’avons dit, de vastes réservoirs, où
         L’eau Marcia avait 37“,48 d’élévation.
                                                   l’eau se clarifiait plus ou moins complète­
         L’Anio novus, la plus élevée de toutes, avait
                                                   ment par le repos, avant d’entrer dans la
         47“,52 au-dessus du Tibre.
                                                   cité reine du monde. Ceux qui puisaient aux
           Des aqueducs privés, pour ainsi dire,
                                                   sources les moins pures, VAnio vêtus et
         avaient été construits par de riches particu­
                                                   VAnio novus, avaient en outre un semblable
         liers, ou par les empereurs, de leurs propres
                                                   réservoir à leur point de départ.
         deniers, pour fournir l’eau à leurs bains,
         aux fontaines, jets d'eau et cascades qui em­  A l’intérieur de la ville, un système de
         bellissaient leurs villas. Ces aqueducs spé­  conduites, tantôt enfouies, tantôt portées
         ciaux remontaient jusqu’à la source même   sur des arcades, distribuait l’eau de colline
         ou s’embranchaient sur les aqueducs de    en colline, de quartier en quartier. 247 ré­
         l’Etat. On voit encore près de Tivoli les   servoirs, ou châteaux d'eau secondaires, la
         restes d’un aqueduc qui alimentait la villa   recevaient pour la répandre chez les par­
         Adriana, et qui puisait son eau à l’aqueduc   ticuliers par une foule de tuyaux. Chacun
         Claudia. 11 existe encore des vestiges d’un   de ces tuyaux, soigneusement mesuré, s’em­
         aqueduc particulier, qui amenait l’eau à la   branchait directement sur un réservoir, et
         villa des Quinlilii. Du reste, il suffit de   n’avait qu’un seul orifice d’écoulement dans
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