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258                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                    Une partie de ses eaux servait à l’arrosement   L’aqueduc Claudia amenait l’eau à 47,42
                    des campagnes, l’autre se distribuait dans   au-dessus du Tibre, celui de l’Anio novus
                    les différents quartiers de Rome, où elle   l’élevait plus haut encore. Ce dernier aque­
                    remplissait quatorze réservoirs.          duc était porté par les mêmes arcades que
                      La quantité d’eau amenée par les aque­  Vaqua Claudia, mais dans un conduit supé­
                    ducs Appia, Aniovêtus, Marcia et Tepula,ne   rieur. C’était auséi l’aqueduc qui avait le
                    suffisait plus, au temps d’Auguste, pour les   plus long développement; il parcourait un
                    besoins de Rome. L’an 34 avant J.-C. Au­  un espace de 58,700 pas (1).
                    guste fit embellir Rome de 700 bassins      Tels sont les neuf aqueducs qui alimen­
                    (lacus} de 105 fontaines jaillissantes (salien-   taient Rome du temps de Frontinus, qui fut
                    tes) et de 130 superbes châteaux d’eau    curator, c’est-à-dire inspecteur ou directeur
                    {castella}. 170 bains gratuits furent ou­  des eaux sous les empereurs Nerva et Tra-
                    verts au peuple. Pour alimenter toutes ces   jan. Frontinus en a laissé une description
                    fontaines, Auguste fil réparer par l’édile   complète. A ces neuf aqueducs, il faut ajou­
                    Agrippa, l’an 35 avant J.-C., les anciens   ter deux nouveaux aqueducs qui furent con­
                    aqueducs et amener par un nouvel aque­    struits, l’un sousTrajan, Vaqua Trajana, qui
                    duc (aqua Julia) les sources de la vallée   porta les eaux du lac Sabatinus lagodi llrac-
                    comprise entre Tusculum et le mont Al-    ciano au Janicule et dans la région transte-
                    bain. L’an 22 avant J.-C., Auguste inau­  vérine ; l’autre sous Alexandre-Sévère, Vaqua
                    gura l’flj'wa Virgo, autre aqueduc qui con­  Alexandrina, destiné à alimenter les thermes
                    duisait et conduit encore, par des canaux en   qui portaient le nom de cet empereur.
                    partie souterrains en partie supportés par   Nous ne parlons pas d’autres aqueducs
                    des arcades, l’eau d’une source située sur la   secondaires, sur la direction desquels on
                    voie Collatine, et qui aboutit à Rome, au sud   n’a que des données incertaines, ou qui ne
                    du Cbamp-de-Mars et à l’est du Panthéon.  sont que des dérivations de quelques-uns
                      Ce dernier aqueduc était surtout destiné   des précédents. C’est seulement en les
                    aux bains publics.                        comptant, ou par des confusions de noms,
                      Auguste amena aussi Vaqua Alsietina,    que certains auteurs ont parlé de dix-neuf
                    tirée du lac Alsietinus, aujourd’hui lago di   aqueducs comme existant à Rome, sous
                    Martignano, près de la voie Claudia. Mais   les derniers empereurs. Procope dit qu’il en
                    cette eau non potable ne servait qu’aux ar­  existait quatorze en 537 lorsque Vitigès mit
                    rosages et à alimenter la naumachie. Elle   le siège devant cette ville.
                    desservait aussi le quartier de la rive gauche   Tous ces aqueducs aboutissaient, près des
                    du Tibre, quand l’eau venait à y manquer.  murs de Rome, à de grands réservoirs, dans
                      Deux aqueducs, plus importants encore,  • lesquels elles se purifiaient par le repos.
                    commencés sous l’empereur Caligula et     Elles se rendaient ensuite dans les châteaux
                    achevés sous l’empereur Claude, aqua Clau­  d'eau, où débouchaient les tuyaux destinés
                    dia et l’Anio novus furent ajoutés aux sept   à les répandre dans les différents quartiers.
                    que Rome possédait déjà. Le premier rece­   La distribution des eaux s’opérait par des
                    vait les eaux de deux sources très-pures,   tuyaux de terre (fistula}. Il y avait 25 mou­
                    appelées Cœrulus et Curtius, sur la voie   les différents pour le diamètre de ces con­
                    Sublacensis. Cet aqueduc parcourait un es­  duits. La jauge des tuyaux se faisait dans le
                    pace de 46,406 pas, dont 36,230 dans des   château d’eau, au moyen de calibres en
                    conduits souterrains (1).
                                                                (1) Dictionnaire des antiquités de Ch. Daremberg et
                     (1) Le pas romain équivaut à I mètre, 485.  SagliOy 1874., article Aqueduc,
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