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INDUSTRIE DE L’EAU. 195

' ]a matière organique qui existe dans les du sol. Le tuff, ou travertin, a, en effet, la
ux de 'a chaîne des Pyrénées. Ce même composition que nous venons d’assigner au
-nactère s’observe en effet dans quelques précipité que déposent les eaux minérales
aux thermales non sulfureu ses, telles que la bicarbonatées exposées à l’air, à savoir, du
source savonneuse, de Luxeuil, qui ne con- I carbonate de chaux et de magnésie, du phos­
lient ni sulfates, ni matière organique. phate et du sulfate de chaux, de la silice et
La densité des eaux minérales est, con­ de l’hydrate de sesquioxyde de fer.
trairement à ce qui arrive pour les eaux Les eaux sulfureuses, en général, blan­
potables, supérieure à celle de l’eau distil­ chissent à l’air, en donnant un dépôt de
lée. Elle varie nécessairement suivant la soufre. Celles de Baréges, au contraire, jau­
proportion des principes minéralisateurs, nissent sans se troubler. Ces altérations sont
mais cette variation se maintient dans des dues à l’action de l’oxygène et de l’acide car­
limites assez restreintes. Elle oscille entre bonique del’air, ou encore, d’aprèsM. Filhol,
I 000, densité de l’eau pure, et 1,19, densité à l’acide silicique libre contenu dans les
,1e l’eau de la mer Morte, qui est, d’après eaux, comme cela se présente pour les eaux
M. Boussingault, l’eau la plus dense et de Luchon. Parmi les eaux minérales, les eaux
la plus fortement minéralisée de toutes sulfureuses sont celles qui subissent avec le
celles du globe. Plusieurs sources minérales plus de rapidité, et de la manière la plus
ont cependant une densité inférieure à celle complète, l’action décomposante de l’oxygène
de beaucoup d’eaux potables réputées de de l’air; elles deviennent lactescentes lors­
bonne qualité. En général, la densité des que le soufre se sépare à l’état d’extrême
eaux minérales bicarbonatées et sulfatées division, ou se colorent en jaune verdâtre
varie depuis L0010 jusqu’à 1,0050. Les eaux s'il se produit un polysulfure.
sulfureuses sodiques sont celles dont la L’action de l’air sur les eaux sulfureuses
densité se rapproche le plus de celle de ou ferrugineuses commence dès qu’elles se
l’eau distillée. Elle est, en moyenne, de trouvent en contact avec l’oxygène, soit à
1,0002, et celle des eaux sulfureuses cal­ leur point d’émergence, soit dans l’intérieur
ciques, de 1,0012. de la terre; et ce dernier cas explique pour­
L’air atmosphérique exerce sur les eaux quoi certaines eaux sulfureuses ou ferrugi­
minérales une action qu’il importe de bien neuses, lorsqu’elles sourdent à la surface du
connaître. sol, sont déjà troubles ou colorées. Dans
Par suite du dégagement du gaz acide quelques stations thermales, on fait arriver
carbonique qui tenait en dissolution les sels les eaux sulfureuses dans les baignoires par­
terreux et magnésiens, ces eaux laissent la partie inférieure, afin d’éviter l’action
précipiter du carbonate de chaux et de ma­ décomposante de l’air.
gnésie, mélangé de sulfate de chaux, de Les eaux salines sulfatées ou chlorurées
phosphate de chaux et de silice. Bientôt sont celles qui s’altèrent le moins au contact
après, l’oxygène de l’air, venant à suroxyder de l’air.
Je composé ferrugineux, quand ces eaux en La chaleur altère les eaux minérales, aussi
renferment, on voit se déposer du fer à l’état bien que l’air. Les eaux bicarbonatées sont
J’oxyde. particulièrement altérées par le calorique.
Le tuff, ou travertin, est un terrain qui Les gaz se dégagent d’abord, puis l’eau se
a est formé en entier par l’action de l’air trouble, ou devient louche, parla précipita­
atmosphérique sur de véritables fleuves tion des carbonates de chaux et de magné­
J eaux bicarbonatées venues des profondeurs sie et d’autres principes qui étaient dissous