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INDUSTRIE DE L’EAU.                                151

         ndant ou s’en préoccupe médiocrement.   causes d’infection qui la rendent aujour­
     | e sol n’est pourtant pas inépuisable, et   d’hui si insalubre en aval de Paris.
     l’atmosphère n’est pas un magasin suffisant
      our rendre à la terre ce qui est annuelle­  Nous venons de parler de l’eau de la Seine
     ment jeté à la mer. 11 y a là un sujet d’é­  dans Paris et en aval de Paris, jusqu’à Rouen.
     tudes bien digne des méditations du philo­  Examinons maintenant le même fleuve à
     sophe et du savant, car plus nous allons,   Rouen. 11 est intéressant de voir les change­
     plus la solution du problème devient pres­  ments qu’un long parcours a nécessairement
     sante.                                    apportés à l’eau de ce fleuve.
       Il nous semble qu’en ce qui concerne les   A Rouen, l’eau de la Seine est générale­
     eaux des égouts de Paris, la solution simple   ment claire et limpide, sans aucun mauvais
     et pratique se trouverait dans la construc­  goût. Parfois cependant, et cela arrive sur­
     tion. qui a été proposée, d’une conduite qui   tout en hiver, elle charrie tant de limon et
     recevrait les eaux de l’égout collecteur au   de terre argileuse, qu’il devient presque im­
     point où il se déverse aujourd’hui dans-la   possible aux fabricants d’indienne, dont les
     Seine, c’est-à-dire au-dessous d’Asnières.   établissements sont sur ses bords, d’y faire
     Au lieu de faire déboucher en ce point de   laver leurs pièces de calicot. Mais cette eau
     la Seine les eaux des égouts, on les dirige­  jaune et trouble ne tarde pas à s’éclaircir et
     rait dans une conduite qui longerait le   à reprendre sa limpidité première. C’est
     cours du fleuve, au-dessous du chemin de   principalement pendant les crues excessives
      lialagc, et suivrait tout le parcours de la   qui arrivent à l’époque des grandes ma­
      Seine, jusqu'à quelque distance de son em­  rées, que l’eau de la Seine, à Rouen, change
      bouchure. Sur le trajet de cette conduite, on   complètement d’aspect. En effet, les ma­
      distribuerait ces eaux pour- l’arrosement et la   rées se font parfaitement sentir à Rouen,
      fertilisation des terres, ou bien on établirait  et leur action s’étend jusqu’au Pont-dc-
      des bassins de réception dans lesquels on   l’Arche.
      traiterait les eaux par le sulfate d’alumine,   MM. J. Girardin et Preisscr ont analysé
      pour en précipiter les matières organiques   l’eau de la Seine avant son entrée à Rouen et
      et faire servir comme engrais cette matière   au sortir de la ville, sur la rive droite etsur
      séchée.                                  la rive gauche du fleuve, en été et en hiver,
        Ce système est très-pratique, et la ville   afin de reconnaître l’influence que peuvent
      de Paris va, dit-on, faire prochainement   exercer sur sa composition les eaux d s
      procéder à l’établissement de ce canal   égouts et des ruisseaux de la ville, ainsi que
      des eaux vannes qui longerait le cours de   les saisons.
      la Seine et recevrait tous les liquides des   Le tableau suivant résume les résultats
      égouts. Si ce travail s’exécute en entier, la  de leurs analyses, et indique la station et
      Seine sera heureusement soustraite aux    les époques où l’eau a été prise.








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