Page 158 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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15G                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                  pente très-douce, que gravissent avec la plus   est sujette, chargent très-souvent ses eaux
                  grande facilité les locomotives du chemin   de quantités considérables de matières inso­
                  de fer, pour atteindre le niveau de la Beauce.  lubles, de nature essentiellement argileuse
                    De cette disposition même il résulte que,   ou sableuse. Il en résulte, dans les parties
                  durant cette portion de son cours, la Loire   basses de son cours, des bancs qui, par leur
                  ne peut recevoir aucun cours d’eau sur sa   mobilité, déjouent la science des ingénieurs,
                  rive droite. Tous lui viennent de la gauche.   et en rendent la navigation pénible et dan­
                  Parmi ces cours d’eau se placent deux ri­  gereuse.
                  vières importantes, le Cher et la Vienne,    Cependant, par ses débordements même,
                  et entre les deux, parallèlement, un cours   la Loire est une source de richesse pour les
                  d’eau secondaire, l’Indre.                 contrées qu’elle arrose, car le limon que dé­
                    Le Cher atteint un développement de      posent ses eaux sur les prairies les rend ex­
                  370 kilomètres, et la Vienne, dont l’affluent   trêmement productives. On voit sur les prai­
                  principal est la Creuse, a un cours de 355 ki­  ries périodiquement inondées, la production
                  lomètres.                                  atteindre, en moyenne, de 23 à 30 quin­
                    D’Angers à la mer, on trouve une troi­   taux métriques par hectare. En considérant
                  sième région, qui se différencie nettement   ces résultats, on se demande s’il ne serait
                  des deux premières. Les formations géolo­  pas possible, dans le double intérêt de l’hy­
                  giques traversées par la Loire et ses affluents   giène et de l’agriculture, de transformer en
                  sont les plus anciennes : d’Angers à Ance-   prairies les espaces encore si vastes qui,
                  nis, ce sont les terrains dévoniens et silu­  sous le nom de baies, sont, dans certaines
                  riens ; d’Ancenis à la mer, des micaschistes,   localités, complètement abandonnées à la
                  des gneiss, des amphibolites et des granits.  vase ou aune eau plus ou moins corrompue.
                    Le seul affluent considérable de la Loire,   Arrivons à la composition chimique des
                  dans cette dernière portion de son cours,   eaux de ce fleuve.
                  est la Maine. Cette rivière vient de recevoir,   En 1842, la question, agitée depuis long­
                  auprès d’Angers, le Loir, qui lui apporte le   temps, de procurer à la ville de Saint-
                  tribut du versant sud-ouest du plateau de la   Etienne une quantité suffisante d’eau po­
                  Beauce, la Sarthe, qui coule presque exclu­  table, engagea M. Janicot, répétiteur de
                  sivement sur le terrain crétacé inférieur,   chimie à l’Ecole des mines de Saint-Etienne,
                  et la Mayenne, qui traverse uniquement les   à faire l’analyse des eaux de la Loire.
                  terrains cristallins et de transition.       L’eau avait été puisée dans cette rivière,
                    Malgré la longueur de son cours et l’éten­  le 2 décembre 1844, au Pertuiset, près de
                  due de son bassin, la Loire traverse, en   Firminy. Voici les résultats de l’analyse :
                  résumé, soit directement, soit par ses af­
                                                                           Acide carbonique.... O1U,O1Î8
                  fluents, des terrains formés surtout de sili­  Produits gazeux. Azote......................... 0  ,0170
                  cates alcalins. L’élément calcaire, qui do­              Oxygène.................... 0  ,00?0
                  mine dans le bassin de la Seine, ne peut                                  O111,0378
                                                                  /Chlorure de sodium..................i
                  lui être fourni que par des cours d’eau
                                                                    Chlorure de calcium.. ..............} 0sr,0070
                  secondaires, dont le plus important est le       Chlorure de magnésium..........|
                  Loir. On doit donc s’attendre à trouver dans    I
                  les eaux de la Loire une quantité notable        Sulfate de chaux....................... 0  ,0020
                                                                  (Carbonate de chaux.................  0  ,0144
                   d’acide silicique et de sels alcalins, et re­
                                                                   Acide silicique.......................... 0  ,0070
                   lativement peu de carbonate calcaire.
                     Les débordements auxquels cette rivière                                 Osr,O352
                                                                   Oxyde de fer.............................  0  ,0018
                                                                   Matière organique................... 0  ,0024
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