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14G                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                 1ant les tuyaux des prises, de droite à gauche, aux  ont été faites en 1852, 18'i3 et 1854 par notre col-
                 points où l’influence des égouts était beaucoup   lègue, M. Poggiale, à la même station, à l’aide des
                 moins sensible, mais il est constant néanmoins,   procédés ordinaires qui étaient usités à cette épo.
                 qu’à cette époque, les eaux de la Seine étaient déjà   que.
                 profondément altérées par les déjections du grand   « Ce titre d’oxygène 9cc,50 se modifie graduelle-
                 égout collecteur d’Asnières, en aval de son embou­  ment pendant le passage de la Seine à travers Paris;
                 chure.                                     au viaduc d’Auteuil, il est abaissé à 5CC,99, au bar­
                   « Depuis 1861, l’affluent du collecteur d’Asnières   rage de Suresnes à 5CC,32, et au pont d’Asnières
                 s’est considérablement accru en raison de la sup­  à 5",34.
                 pression des égouts secondaires, du développement   « Le grand collecteur, au moment où il se jette
                 du service général de la salubrité dans Paris et de   dans la Seine, ne fait pas varier brusquement,
                 l’accroissement de la population renfermée dans son   comme on pourrait le supposer, le titre oxymétri-
                 enceinte; aussi soninfluence, combinée avec celle du   que de ses eaux, bien que le titre des déjections de
                 collecteur du Nord qui verse, chaque jour, dans la   cet égout observées, à 50 mètres en amont de son
                 Seine, 50/100 mètres cubes d’eaux vannes prove­  embouchure, ne s’élève pas à plus de 2 centimètres
                 nant des égouts de quatre arrondissements de Paris,   cubes.
                 de la rigole d’assainissement d’Aubervilliers et de la   « L’influence de l’égout réduit le titre oxymétri-
                 voirie de Bondy, a porté la corruption des eaux du   quedela Seine à 4“,60 au pont de Clichy, et à 4cc,07
                 fleuve à un degré beaucoup plus élevé et à une dis­  à la prise d’eau de Saint-Ouen, et il est bien remar-
                 tance beaucoup plus grande qu’en 1861. Je dois in­  quable que ce dernier chiffre soit exactement le
                 sister particulièrement sur l’importance de la part   même que j’avais observé en 1861 au même point.
                 ■d’infection qui revient à la voirie de Bondy; il est   « Les sables blancs, les algues vertes et les mollus­
                 notoire, en effet, que l’exploitation de cette voirie   ques que l’on observe à la pointe de l’île de la
                 ■étant plus au moins complètement suspendue de­  Grande-Jatte, en amont du collecteur d’Anières,
                 puis quelques années, et que les bassins surélevés   disparaissent en aval, dès que les eaux de la Seine
                 de 2 mèlres étant remplis et ne pouvant plus   se trouvent mélangées avec celles de l’égout.
                 rien recevoir, les vidanges destinées à ce dépotoir   « Les dépôts de sables de macadam qui sont entraî­
                 immense, sont depuis quelque temps écoulées di­  nées par l’égout dans le lit de la Seine, y occupent
                 rectement à la Seine par le collecteur du Nord, sans   une étendue de l,0t)0 à 1,200 mètres. Ces sables sont
                 avoir été soumises à aucune dépuration ou exploita­  noirs et fétides, les cultivateurs les refusent, ils ne
                 tion propre à en diminuer la puissance d’infection.   sont pas assez riches en engrais fertilisants ; on lésa
                 La corruption des eaux de la Seine s’est donc néces­  employés pour relever les berges de la Seine du
                 sairement beaucoup aggravée. »             côté d’Asnières et dans l’île Saint-Denis. Cet emploi
                                                            me paraît offrir des inconvénients; ces sables, étant
                                                            noirs et chargés de matières organiques en décom­
                   Le moyen dont MM. Boudet et Gérardin
                                                            position, altèrent l’eau de la Seine, quand ils y res­
                 se sont servis pour doser l’oxygène des eaux   tent plongés, et deviennent un foyer d’émanations
                 de la Seine, consiste à faire usage d’hydro­  insalubres dès qu’ils émergent et se trouvent expo­
                                                            sés à l’action de l’air et de la chaleur.
                 sulfite de soude, selon le procédé imaginé
                                                             « La vase proprement dite, formée presque entière­
                 par M. Schutzemberger et Gérardin, pour   ment de détritus organiques, se trouve au maximum
                 doser rapidement les quantités de gaz     à l’embouchure de chacun des deux égouts et s’é­
                 ■oxygène dissoutes dans l’eau.            tend, sans interruption, jusqu’à la machine de Marly
                                                           et aux écluses de Bougival.
                   Le tableau donné par M. Boudet dans son
                                                             «Au pont de Saint-Denis, la Seine titre 2",65
                 Rapport, et dont nous avons résumé les    d’oxygène; un peu plus bas elle reçoit le collecteur
                 ■chiffres plus haut, ce qui nous dispense de   du Nord et son titre descend très-rapidement sous
                                                           son influence; à La Briche, il est descendu à l°°,02
                 le reproduire ici, permetde suivre d’un coup
                                                           et à Argenteuil, au pont il est à 1«,45 Ces chiffres
                 d’œil la marche de l’altération de ces eaux,
                                                           minimum d’oxygène observés à La Briche et à Argen­
                 et leur assainissement spontané de Paris à   teuil, et qui caractérisent le maximum d’altération
                 Rouen.                                    de la Seine, montrent que ce maximum oscille en­
                                                           tre La Briche et Argenteuil.
                                                             « A partir de cette limite extrême de l’altération et
                   « De l’inspection de ce tableau, dit l’auteur, il ré­  de la désoxygénation des eaux de la Seine, le titre
                 sulte que la Seine, au pont d’fvry, lient en dissolu­  oxymétrique remonte à 1 à la prise d’eau de
                 tion 9CC,50 d’oxygène, quantité à peu près égale à la   Marly, il atteint graduellement 3“,74 à Maisons-Laf­
                 moyenne de 9, des 13 déterminations de ce gaz, qui   fitte, 6C0,12 à Poissy en aval de l’embouchure de
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