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INDUSTRIE DE L’EAU                                 145




































          Fig. 67. L eau de la Seine au-dessous du débouché de 1 égout collecteur d’Asnières, vue au microscope


      à Poissy, 6 ; à Meulan, 8 ; à Vernon, 9 1/2;   souvent appelée sur l’altération des eaux du fleuve
      à Rouen, 10 1 /2.                         par cet affluent impur. Les habitants de Batignolles,
                                                de Montmartre, de Clignancourt, de La Chapelle se
        Voilà des chiffres qui établissent avec élo­
                                                plaignaient amèrement de l’insalubrité des eaux
      quence l’impureté de l’eau de Seine dans   qui leur étaient distribuées par les réservoirs de La
      son parcours de Paris et en aval de cette   Villette, et qui étaient leur unique ressource pour
                                                les usages domestiques.
      ville.
                                                  «Ces plaintes n’étaient que trop fondées; en effet,
        M. Félix Boudet a réuni le tableau de   tandis que les eaux de la Seine, au pont d’Ivry,
      ses observations et les conséquences qui en   avant son entrée dans l’enceinte de Paris, conte­
      résultent dans un Rapport adressé le 23 oc­  naient, d’après mes analyses et celles de M. Pog-
                                                giale, de 6 à 7 centièmes de milligrammes d'ammo­
      tobre 1874, au Préfet de police sur VAltéra­
                                                niaque par litre et 9 centimètres cubes d’oxygène,
      tion des eaux de la Seine par les égouts   je trouvais dans les mêmes eaux prises à Asnières et
      collecteurs d'Asnières et du Nord. Quelques   à Saint-Ouen, en aval du collecteur, aux points
                                                mêmes où les prises étaient établies, des proportions
      extraits de ce rapport donneront une idée de
                                                d’ammoniaque de 513,284 et 232 centièmes de mil­
      cette importante question d’hygiène pu­   ligrammes et des quantités d’oxygène réduites à
       blique.                                  6,87 et même à 4 centimètres cubes seulement par
                                                litre.
        " Déjà, dit M. Boudet, dans ce rapport, en 1859,   «Ces observations montrent qu’il y a quinze ans
      1860 et 1861, alors que le grand égout d’Asnières ne   déjà l’eau de la Seine était profondément altérée dans
      réunissait pas encore les eaux vannes de la rive   certaines parties de son cours en aval du grand col­
      gauche de la Seine à celles de la rive droite, alors   lecteur ; l’altération n’existait pas, il est vrai, à ce
      aussique le système des égouts étant beaucoup moins   degré d’intensité dans une étendue considérable du
      développé dans la capitale récemment agrandie,   fleuve, elle était beaucoup moins grave sur la rive
      Qu il ne l’est aujourd’hui, le tribut que recevait le   gauche et en plein courant, que sur la rive droite,
      collecteur général était aussi beaucoup moins consi-   et il a été possible d’améliorer très-notablement les
       érable, l’attention de l’administration avait été  conditions du service municipal des eaux, en por-
             t. m.                                                           206
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