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INDUSTRIE DE L’EAU. 143
■ulfate de chaux, l’azotate alcalin et la ma fait intolérable depuis quelques années. En
tière organique. L’eau puisée à Chaillot et 1874, époque à laquelle le réseau des égouts
m Gros-Caillou doit contenir, en effet, une de la capitale a été terminé, par l’adjonction
plus grande quantité de sels, puisqu’alors de deux grandes artères souterraines .qu’on
. Seine a reçu, non-seulement les eaux de appelle les égouts collecteurs cl'Asnières et
la Bièvre, qui y arrivent toujours dans un du Nord, cette altération a été portée à son
p-rand état d’impureté, mais encore celles comble. C’est au-dessous du pont d’Asnières
d’Arcueil, qui y sont versées par quelques que débouchent les deux grands égouts col
fontaines publiques de la rive gauche, dont lecteurs, de sorte que les riverains de la
plusieurs coulent sans interruption ; à quoi Seine au-dessous d’Asnières reçoivent au
il faut encore ajouter une énorme quantité jourd’hui l’eau qui a servi aux usages in
d’eau de l’Ourcq provenant du canal Saint- dustriels et privés de deux millions d’ha
Martin et d’un certain nombre de bornes- bitants!
fontaines destinées au lavage des rues et L’eau de la Seine, en amont de Paris,
alimentées par les bassins de Saint-Victor vers Charenton, est d’une limpidité satis
et de la rue Racine. faisante ; elle commence à être trouble dans
Quant à l’augmentation de la matière or sa traversée de Paris, et, à partir du grand
ganique, il est encore plus facile de s’en égout collecteur d’Asnières, elle exhale une
rendre compte quand on voit toutes les in odeur très-désagréable et a une couleur
dustries qui s’exercent sur la Seine et sur ses de purin. On comprend dans quelles con
bords, telles que les établissements de bains, ditions désavantageuses, au point de vue
les bateaux des blanchisseuses, les teintu hygiénique, se trouvent les populations qui
reries, les corroieries, etc., etc., et quand boivent une pareille eau.
on songe aux nombreuses bouches d’égouts C’est surtout pendant les chaleurs de
qui viennent à chaque instant y verser les l’été, que l’eau de la Seine, infectée par les
eaux ménagères et celles qui proviennent eaux d’égout qui s’y déversent à Asnières,
du lavage des voies publiques. exhale des miasmes nuisibles, car, à ce mo
L’augmentation de la matière organique ment de l’année, le débit des eaux du
qui se montrait, dès l’année 1848, dans l’eau fleuve est très-faible, et, de plus, le cou
delà Seine, en aval de Paris, ne fit que s’ac rant est encore ralenti par les barrages qui
croître à partir de cette époque jusqu’au ont été établis en aval de la capitale. Au
moment actuel. C’est que l’immense réseau point où l’égout collecteur débouche dans
des égouts que l’administration municipale la Seine, au-dessous d’Asnières, on voit, à
faisait creuser sous les rues de la capitale, cette époque, se former un dépôt de ma
ne cessait d’infecter le fleuve, et lui enlevait tières lourdes et infectes et des gaz nau
de jour en jour le caractère de pureté dont il séabonds s’en dégager, sous forme de grosses
avait joui à juste titre pendant des siècles. bulles.
Le degré d’infection des eaux de la Seine Le moyen qu’on a employé jusqu ici pour
prise à sa sortie de Paris, est devenu tout à obvier, autant que possible, à ces causes
d’insalubrité, est d’opérer des nettoyages
P us forts, il importe de savoir que ces derniers ont tou du fond du lit avec la drague, pendant 1 été,
jours considéré les carbonates qui sont contenus dans les
eaux, comme y étant à l’état de bicarbonates, ce qui aug quand les eaux sont suffisamment basses.
mente le poids de ces sels d’environ un tiers. Si l'on Mais ce moyen est insuffisant.
retranche ce tiers, on tombe exactement sur le chiffre des
résidus obtenus, par Vauquelin et Boucliardat, pour l'eau Les causes d’infection dont nous venons
de Seine prise en amont de Parit. de parler augmenteront avec le temps; et