Page 149 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU.                                147

            -ce 07 .4 Triel, 8CC, 17 au pont de Meulan,   tion et de corruption des eaux de la Seine et que
       l’Gise, < >v‘   7
        «96 à Mantes, ou semble s'arrêter l’influence des  j’insiste sur la nécessité de porter remède à un mal
         ’ ts de Paris sur la salubrité de la Seine.  qui est arrivé aux limites les plus extrêmes et qui
       ^g°A Vernon, le titre oxymétrique est de 10«,10et   contraste d’une manière frappante avec les progrès si
       • Rouen, dans le bras droit du fleuve, il s’élève à   remarquables, d’ailleurs, de l’hygiène publique et
       “occ 42) tandis qu’il n’est que de 9cc,06 dans le petit   des institutions destinées à en répandre les bien­
       bras Celle différence remarquable entre les titres   faits dans Paris et dans toute la FranceSLes faits par­
       des deux bras, doit, dans l’opinion de mon honora­  lent trop haut pour qu’il soit besoin de rien ajouter
       ble collègue, M. Girardin, correspondant de l’insti­  à leur énergique et irréfutable langage. Un système
       tut et directeur de l’École supérieure des sciences,   a été adopté et mis en pratique, contrairement aux
       à llouen, être attribuée à l’influence des établisse­  lois de la nature aussi bien qu’aux vieilles et pré­
       ments industriels et des égouts de la ville d’Elbeuf,   voyantes ordonnances royales de 1669 et de 1777, la
       qui versent leurs eaux à 20 kilométrés en amont dc-   Seine a été considérée comme un égout destiné à
       flouen sur la rive gauche du fleuve.      recevoir toutes les déjections, toutes les souillures
         «Dans son mémoire sur l'altération et la corrup­  que peut produire un centre de population de deux
       tion des rivières, qui a été couronné par l’Académie   millions d’habitants. Paris a été doté d’un vaste
       des sciences, M. Girardin a fait connaître les stations   système d’égouts où il verse ses immondices, ses
       des mollusques en 1869, dans la région de la Seine   eaux impures, une partie même de ses vidanges, Pa­
       comprise entre Asnières et le barrage de Besons. il   ris, balayé, lavé, nettoyé chaque jour avec un soin
       résulte des observations qu’il a failes en 1874 que ces   extrême et merveilleusement assaini, accumule dans
       stations se trouvent aujourd’hui déplacées et qu’elles   ses égouts tous les résidus, toutes les déjections de
       se sont avancées de 5 kilomètres en aval. En 1868,   son industrie et de sa consommation immense, et, en
       la Seine était déjà, le plus souvent, dépeuplée de   même temps, il reçoit, ou va recevoir, les eaux
       poissons, depuis Chichy jusqu’à Saint-Denis dans   pures de la Dhuys et delà Vanne; c’est là un ma­
       un espace de 5 kilomètres; en juillet 1860, leur   gnifique résultat, mais il y a le revers de la mé­
       mortalité s’est étendue jusqu’au barrage de Bezons   daille, la Seine est sacrifiée ; altérée déjà fortement
       dans un espace de 17 kilomètres. Cette année, le   dans l’enceinte de la ville, elle devient infecte et
       10 juin à Marly, les employés de la machine hydrau­  putride, une source puissante d’insalubrité pour les
       lique ont enlevé quatre-vingts hectolitres de pois--  populations riveraines, dans un parcours considé­
       sons morts qu’ils ont enfouis, conformément à la   rable; mauvaise et impropre à l’alimentation sur
       circulaire télégraphique de M. l’ingénieur Fou­  une étendue de 40 kil. et au delà, et elle englou lit en
       lard. Le 7 juin 1874, la mortalité a dépassé Le   pure perte une masse énorme de matières fertili­
       Pecq e( s’est produite sur une étendue de 33 kilo­  santes, résidu de son immense consommation ali­
       mètres.                                   mentée par tous les départements de la France aux­
         « Ces faits montrent la marche envahissante de l’in­  quels elle emprunte toujours les produits de leur
       fection des eaux de la Seine sous l’influence des   sol, sans leur en rendre l’équivalent pour en entre­
       égouts de Paris: il est à regretter que les observa­  tenir la fécondité. Le système qui a conduit àcts
       tions à cet égard ne remontent pas à plus de six   résultats et qui a corrompu les eaux de la Seine, à
       années; mais, si récentes qu’elles soient, si on les   ce point qu’il est devenu impossible de le pratiquer
       réunit à toutes celles qui ont été exposées dans ce   plus longtemps, peut-il être le dernier mot de
       rapport, elles démontrent surabondamment les   l’hygiène publique et de la science des ingénieurs,
       progrès, l'étendue et la gravité de l’infection de la   est-il conforme aux lois de la nature et aux règles
       Seine par les égouts, et la nécessité de prendre les   de notre législation 1 Évidemment non.
       mesures le plus promptes et les plus puissantes pour   « L’hygiène réclame pour les populations de l’air
       remédier à un étal de choses qui déjà porte les   pur et de l’eau pure.
       plus déplorables atteintes au bien-être et à la salu­  « La Seine, devenue un vaste foyer de fermentation
       brité publics, sur les deux rives de la Seine, dans   et d’infection, n’offre plus, dans une partie de son
       une étendue considérable et qui ne cesse de s’ag­  cours, qu’une eau impropre à tous les usages, et à
       graver avec une effrayante rapidité. »    la vie des poissons, exhalant dans l’atmosphère des
                                                 émanations malsaines, pour les populations rive­
                                                 raines et pour les mariniers, et offrant aux portes
         line sera pas sans intérêt de rapporter les   de la capitale un spectacle repoussant. Ce système
       conclusions du travail de M. Félix Boudet.  est donc contraire aux lois de l’hygiène. 11 ne l’est
                                                 pas moins à celles de la nature.
                                                   « Le sol et l’atmosphère entretiennent la végétation
         " A la suite de l’exposé des faits, des expériences   à la surface de la terre, les végétaux entretiennent la
         des considérations résumés dans ce rapport, est-il   vie des hommes et des animaux qui doivent rendre
       besoin que je cherche à démontrer l’état d’altéra­  au sol et à l’atmosphère les éléments fertilisants
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