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126                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE


                  caux de sources les plus pures sont cellesqui   dation d’Hippocrate, fraîches en été et
                   proviennent des terrains primitifs, c’est-à-   chaudes en hiver, ce qui revient à dire quc
                  dire qui ont été arrêtées par le granit, le   leur température est immuable, à l’opposé
                  gneiss ou les roches volcaniques siliceuses,   des eaux de rivière, qui, circulantà l’air libre,
                   roches qui ne peuvent céder à l’eau que   participent de toutes les variations de la
                  très-peu de substances solubles. On désigne   température extérieure, et sont froides en
                  sous le nom d'eaux de roche les sources    hiver et chaudes en été. Dans l’espace de
                  qui s’échappent des montagnes granitiques,   deux ans, la température de la Seine a varié,
                  et que l’on considère, avec raison, comme   selon M. Poggiale, de 0° à -j- 26°. Au con­
                  supérieures en pureté à toutes les eaux    traire, la constance de la température des
                  connues.                                   sources est remarquable. Plusieurs physi­
                     Les eaux douces qui émergent des terrains   ciens contemporains ont fait connaître’des
                  secondaires, et qui renferment dès lors un   faits pleins d’intérêt à cet égard.
                   peu de carbonate de chaux, sel dont la pré­  Dans un mémoire intitulé : Recherches
                   sence dans les eaux n’a point d’inconvénient,   sur la composition chimique et les propriétés
                  sont considérées comme très-bonnes pour la   qu'on doit exiger des eaux potables (1),
                   boisson. 11 faut seulement qu’elles réunis­  M. Hugueny, de Strasbourg, a fait les re­
                  sent deux conditions : 1° elles ne doivent pas
                                                             marques suivantes concernant la constance
                  contenir de sulfate de chaux, sel calcaire,   de la température des eaux de source.
                  qui est très-nuisible à la cuisson des lé­   La température des eaux de source des
                  gumes; 2° la proportion totale de matières
                                                             environs de Lyon, étudiée par Dupasquier,
                   salines qu’elles renferment, ne doit pas dé­  est :
                   passer 3 décigrammes par litre ; car, au-                          '• dont la moyenne
                   dessus de ces limites, elles deviennent in­  Source de Roye de....  lest 12°,5, tandis
                                                              Source de Rouzier de.
                  crustantes, cuisent mal les légumes et                              1 que la moyenne
                                                              Source de Fontaine de.  l annuelle à Lyon
                  décomposent le savon.                       Source de Neuville de.
                                                                                      / est de 12°,4.
                     Ce sont ces principes de géologie et de
                   chimie qui ont guidé dans le choix des eaux   La température de l’eau de ces quatre
                   potables destinées à remplacer les eaux de la   sources reste constante pendant toute l’an­
                  Seine pour l’alimentation de Paris. Comme   née. La seule variation que l’on ait pu obser­
                   nous le verrons dans l’histoire des eaux de   ver est d'environ 1°. Cette eau, en effet,
                  Paris, M. Belgrand, chargé de cet important   marque au maximum 13°,2 et 12 au mi­
                  travail, renonça à toutes les sources prove­  nimum.
                  nant du bassin de la Seine, dont le terrain   La source duRosoir, que Darcya conduite
                  tertiaire est partout mélangé de couches de   deMessigny à Dijon, présente, au sortir de
                  sulfate de chaux. 11 alla chercher au loin,   la montagne, une température constante
                  dans la Champagne, les sources de la Dhuis   de 10°, et elle arrive de Messigny à Dijon
                  et de la Vanne, qui émergent de la craie des   par un aqueduc de quatorze kilomètres de
                  terrains secondaires et qui ne renferment pas   longueur (recouvert par de la terre sur une
                  plus de 3 décigrammes de matières salines   épaisseur de 1 mètre environ dans presque
                  par litre.                                 toute sa longueur) sans que sa température
                     Les eaux de source ont sur les eaux de ri­  ait sensiblement varié.
                  vière, quand on les destine à l’usage de la   Les observations de température à la
                  boisson des habitants d'un centre de popula­
                                                              (1) Paris, 18G5, in-8°, chez V. Masson, et à Strasbourg,
                  tion, l’avantage d’être, selon la recomman­
                                                            chez Salomon, page 119 et suivantes.
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