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124 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
l’eau. opposent une barrière à la pénétra méables, les eaux pluviales pénètrent, en
tion plus profonde de ce liquide. vertu de la pesanteur, à l’intérieur du sol,
Du temps de Bernard Palissv (et François jusqu’à ce qu’elles rencontrent des terrains
Bacon soutenait encore cette thèse cinquante imperméables, c’est-à-dire des argiles, ou
ans plus tard), on croyait que les fontaines des terrains cristallisés, qui les retiennent.
sont produites, ou par l’infiltration des Une fois arrêtées, ces masses d’eaux for
eaux de la mer, ou par l’évaporation et la ment des ruisseaux souterrains, et ces petits
condensation des eaux que renferment des cours d’eaux intérieurs se font jour lors
cavernes situées à l’intérieur des monta qu’elles trouvent dans un point situé plus
gnes. Bernard Palissy combat cette opi bas une ouverture libre à fleur du sol.
nion. 11 prouve que les eaux de sources Les eaux souterraines, quand elles appa
proviennent de l’infiltration des eaux de raissent au jour, prennent le nom de source.
pluie, lesquelles fendent à descendre dans On les appelle quelquefois fontaines, mais
l’intérieur de la terre, jusqu’à ce que, on réserve habituellement ce nom au
rencontrant un fond de roc ou une couche bassin qui reçoit l’eau provenant d’une
imperméable d’argile, elles s’y arrêtent, source.
et finissent par se faire jour par quel On confond quelquefois les eaux de source
que ouverture de la partie déclive du avec les eaux de puits et les eaux artésiennes.
terrain. Sans doute les eaux artésiennes et celles des
Palissy décrit le moyen d’établir des fon puits ont la même origine : elles provien
taines artificielles, «à l’imitation et le plus nent toutes les deux de l’infiltration des eaux
près approchant de la nature, en en suivant pluviales, mais on doit les distinguer, pour la
le formulaire du souverain fontainier. » Ce clarté de l’exposition des faits. L’eau de source
procédé, il l’expose avec une exactitude, provient, comme l’eau de puits, des eaux
une précision , une clarté qui ne laissent pluviales qui se sont infiltrées plus ou moins
rien à désirer. profondément dans le sol ; mais la source
apparaît d’elle-même à la surface du sol,
« La cause pourquoi les eaux se trouvent tant ès
et forme un courant continu, tandis que
sources qu’ès puits n’est autre qu’elles ont trouvé
un fond de pierre ou de terre argileuse, laquelle l’eau de puits est une nappe immobile,
peut tenir l’eau autant bien comme la pierre ; et si qu’il faut aller chercher, par des moyens
quelqu’un cherche de l’eau dedans des terres sa
artificiels, en creusant le sol plus ou
bleuses, il n’en trouvera jamais, si ce n’est qu’il y
ait au-dessous de l’eau quelque terre argileuse, moins profondément. Quant aux eaux ar
pierre ardoise, ou minéral qui retiennent les eaux tésiennes, elles ne se rangent ni dans
de pluies, quand elles auront passé au travers les
terres.» l’une ni dans l’autre de ces catégories, par
l’immense profondeur de leur trajet sou
Personne aujourd’hui ne met cette expli terrain.
cation en doute, et l’on se demande com C’est surtout dans les mines que l’on voit
ment elle a pu n’être pas admise d’emblée, clairement la véritable origine des sources.
quand on voit les sources taries reparaître Le mineur a continuellement à lutter con
après les pluies, et ces mêmes sources dis tre les eaux qui menacent ses travaux. Dans
paraître par une longue sécheresse. la plupart des exploitations de roches et
Les sources d’eaux douces sont donc pro de minerais métallifères, il faut entretenir
duites par l’infiltration des eaux pluviales à constamment des pompes, pour extraire les
l’intérieur du sol. Quand elles rencontrent eaux et les rejeter à l’extérieur des galeries.
des terrains sablonneux qui sont très-per Ce sont souvent de véritables rivières que