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                l’eau. opposent une barrière à la pénétra­  méables, les eaux pluviales pénètrent, en
                tion plus profonde de ce liquide.          vertu de la pesanteur, à l’intérieur du sol,
                   Du temps de Bernard Palissv (et François  jusqu’à ce qu’elles rencontrent des terrains
                Bacon soutenait encore cette thèse cinquante   imperméables, c’est-à-dire des argiles, ou
                ans plus tard), on croyait que les fontaines   des terrains cristallisés, qui les retiennent.
                sont produites, ou par l’infiltration des   Une fois arrêtées, ces masses d’eaux for­
                eaux de la mer, ou par l’évaporation et la   ment des ruisseaux souterrains, et ces petits
                condensation des eaux que renferment des   cours d’eaux intérieurs se font jour lors­
                cavernes situées à l’intérieur des monta­  qu’elles trouvent dans un point situé plus
                gnes. Bernard Palissy combat cette opi­    bas une ouverture libre à fleur du sol.
                nion. 11 prouve que les eaux de sources      Les eaux souterraines, quand elles appa­
                proviennent de l’infiltration des eaux de   raissent au jour, prennent le nom de source.
                 pluie, lesquelles fendent à descendre dans   On les appelle quelquefois fontaines, mais
                 l’intérieur de la terre, jusqu’à ce que,   on réserve habituellement ce nom au
                 rencontrant un fond de roc ou une couche   bassin qui reçoit l’eau provenant d’une
                 imperméable d’argile, elles s’y arrêtent,   source.
                et finissent par se faire jour par quel­     On confond quelquefois les eaux de source
                 que ouverture de la partie déclive du     avec les eaux de puits et les eaux artésiennes.
                 terrain.                                  Sans doute les eaux artésiennes et celles des
                   Palissy décrit le moyen d’établir des fon­  puits ont la même origine : elles provien­
                 taines artificielles, «à l’imitation et le plus   nent toutes les deux de l’infiltration des eaux
                 près approchant de la nature, en en suivant   pluviales, mais on doit les distinguer, pour la
                 le formulaire du souverain fontainier. » Ce   clarté de l’exposition des faits. L’eau de source
                 procédé, il l’expose avec une exactitude,   provient, comme l’eau de puits, des eaux
                 une précision , une clarté qui ne laissent   pluviales qui se sont infiltrées plus ou moins
                 rien à désirer.                           profondément dans le sol ; mais la source
                                                           apparaît d’elle-même à la surface du sol,
                  « La cause pourquoi les eaux se trouvent tant ès
                                                           et forme un courant continu, tandis que
                 sources qu’ès puits n’est autre qu’elles ont trouvé
                 un fond de pierre ou de terre argileuse, laquelle   l’eau de puits est une nappe immobile,
                 peut tenir l’eau autant bien comme la pierre ; et si   qu’il faut aller chercher, par des moyens
                 quelqu’un cherche de l’eau dedans des terres sa­
                                                           artificiels, en creusant le sol plus ou
                 bleuses, il n’en trouvera jamais, si ce n’est qu’il y
                 ait au-dessous de l’eau quelque terre argileuse,   moins profondément. Quant aux eaux ar­
                 pierre ardoise, ou minéral qui retiennent les eaux   tésiennes, elles ne se rangent ni dans
                 de pluies, quand elles auront passé au travers les
                 terres.»                                  l’une ni dans l’autre de ces catégories, par
                                                           l’immense profondeur de leur trajet sou­
                   Personne aujourd’hui ne met cette expli­  terrain.
                 cation en doute, et l’on se demande com­    C’est surtout dans les mines que l’on voit
                 ment elle a pu n’être pas admise d’emblée,   clairement la véritable origine des sources.
                 quand on voit les sources taries reparaître   Le mineur a continuellement à lutter con­
                 après les pluies, et ces mêmes sources dis­  tre les eaux qui menacent ses travaux. Dans
                 paraître par une longue sécheresse.       la plupart des exploitations de roches et
                   Les sources d’eaux douces sont donc pro­  de minerais métallifères, il faut entretenir
                 duites par l’infiltration des eaux pluviales à   constamment des pompes, pour extraire les
                 l’intérieur du sol. Quand elles rencontrent   eaux et les rejeter à l’extérieur des galeries.
                 des terrains sablonneux qui sont très-per­  Ce sont souvent de véritables rivières que
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