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                  <'e toit qu’on veut utiliser et de la quantité de pluie  , l’argile.Pendant qu’on fait ainsi un pied en hauteur,
                  quitombe danslalocalité.Lapluieest unphénomène   toujours en jetant boules sur boules et en lissant,
                  météorologique dont l’apparition, liée aux conditions   un ouvrier ad hoc élève le cylindre de la même
                  physiques du globe, est par cela même aussi cons­  hauteur ; puis l’on tasse une couche égale de sable
                  tante et aussi bien réglée, pour ainsi dire, que le   dans l’intervalle. On continue ainsi jusqu’à environ
                  cours des astres. Après le beau temps vient la pluie,   un pied au-dessous du niveau du sol, en mainte­
                  comme après le jour vient la nuit.        nant le cylindre, le sable et la couche d’argile à des
                    Voici maintenant le procédé technique, le modus   hauteurs toujours égales, l’intervalle restant est oc-
                  faciendi, mis en usage pour que toutes les conditions  j cupé par le pavé. A la fin de chaque journée, on
                  soient exactement observées. On commence par  ] recouvre l’argile de linges mouillés, afin de la
                  préparer la pierre du fond, qui doit servir de base   retrouver, le lendemain, en l’état d’humidité où on
                  au cylindre ; elle ne doit pas être en calcaire. On   l’a laissée.
                  dispose à proximité l’argile et le sable nécessaires,   On recouvre le tout en dalles, en briques ou en
                  l’argile bien travaillée et bien liée, et le sable bien   asphalte, en conservant de légères inclinaisons de la
                  lavé. On creuse le terrain en forme de pyramide  ; superficie, vers les quatre angles où sont les orifices-
                  renversée. La troncature du sommet de la pyramide   des cassettoni. »
                  doit être égale à la grandeur de la pierre du fond.
                  Lescôtés, en talus, sont ordinairement élevés à 43°.A   La figure 62 représente la cour du palais
                  Venise, on creuse à 3 mètres : en terre ferme, rien
                                                            ducal à Venise, dans laquelle se trouvent
                  n’empêche d’aller plus profondément. On régale
                  bien les parois et l’on applique le bâti en bois. Ce   les deux citernes. Leurs margelles sont des
                  qui reste à faire exige de la précision. On commence   œuvres d’art que le dessin, la gravurè et la
                  par tapisser le fond, la troncature de la pyramide,
                  avec une couche d’argile, de l’épaisseur que l’on a   photographie ont reproduites bien des fois.
                  déterminée et qui doit être en rapport avec la gran­  Ciselées par Albergethi et Nicolo di Marco,
                  deur adoptée. L’ouvrier vénitien prend l’argile dans   elles représentent Moïse frappant le rocher
                  ses mains, la manie bien, en forme une grosse boule   de sa baguette pour en faire sortir d’abon­
                  et la jette avec force à l’endroit indiqué. 11 jette
                  ainsi boules sur boules, les lisse bien sur place,   dantes eaux ; et Rébecca qui présente sa
                  mettant un grand soin à ce qu’il n’y ait point de   cruche à Eliézer, en lui disant : « Buvez,
                  vides et par conséquent point d’air interposé. Quand   mon maître, Bibe, domine mi. »
                  cette couche du fond est terminée, il pose la pierre
                  dessus bien d’aplomb et bien nivelée. Cela fait, on   Tout le monde peut aller puiser dans les
                  commence à tapisser les parois tout autour avec de  citernes du palais ducal, et dès le matin c’est
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