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INDUSTRIE DE L’EAU.                                117


        toits on aux pavés. Des plantes crvptogami-   pendant des siècles, sans s’altérer. En creu­
        ques, telles que champignons et moisissures,   sant les fondations du portail de la cathé­
        s’y développent ; l’oxygène qui était dissous   drale, on mit à découvert, à 4 mètres environ
        dans l’eau, disparaît, absorbé par la vie de   au-dessous du sol, une mosaïque romaine
        ces végétaux cryptogamiques ; de sorte qu’au   parfaitement conservée, qui recouvrait une
        bout de quelque temps, l’eau acquiert une   citerne d’une longueur considérable et con­
        teinte verdâtre, comme celle des mares. A   tenant encore un mètre et demi d’eau. La
        l’époque des chaleurs, ces plantes cryptoga-   profondêur à laquelle l’élévation du sol avait
        tniques se décomposent, et communiquent à   caché cette citerne, fait croire que l’eau s’y
        l’eau une odeur désagréable et un goût de   trouvait depuis bien des siècles ; elle était
        croupi-                                  pourtant d’un goût agréable et propre à
          Les eaux des citernes ont un autre incon­  tous les usages domestiques.
        vénient, c’est de devenir troubles pendant le   Malheureusement, les citernes, surtout
        temps des pluies. Alors les terres qu’elles   celles des campagnes, sont construites avec
        reçoivent s’y accumulent peu à peu, et il faut   une négligence sans égale. On se borne, le
        les curer assez profondément. De plus, le   plus souvent, à utiliser les excavations na­
        volume d’eau qu’elles reçoivent étant subor­  turelles situées au pied des montagnes.
        donné à la quantité d’eau qu’y déversent les   Quelques pierres, sans ciment, servent de
        pluies, il en résulte que, pendant l’été, elles   mur d’enceinte à beaucoup d’autres. Aussi
        tarissent, ou bien diminuent tellement, que,   une grande partie de l’eau ainsi recueillie
        la grande quantité de matières minérales et   s’infiltre-t-elle dans les terres ; et à l’épo­
        organiques aidant, elles deviennent impro­  que de la sécheresse tarissent-elles com­
        pres à la boisson.                       plètement.
         Le moyen d’éviter en partie l’inconvénient   Comme l’eau des citernes constitue sou­
        qui résulte du développement des plantes   vent la boisson habituelle de beaucoup de
        microscopiques dans les eaux des citernes,   demeures rurales, il est bon d’indiquer les
        c’est de les maintenir à l’abri de la lumière.  précautions à prendre pour les construire
        M. Marchand a prouvé, en effet, que la pri­  de manière à assurer à l’eau une certaine
        vation de la lumière est un obstacle à la pro­  pureté.
        duction de la matière vivante dans les eaux.   Il faut d’abord maintenir les citernes
        L’obscurité est donc un moyen certain d’as­  parfaitement à l’abri de la lumière. Pour
        surer la salubrité des eaux de pluie conser­  cela, il faut les recouvrir à une certaine
        vées dans les citernes.                   élévation du sol, d’un toit qui, tout en s’op­
          11 faut, en second lieu, avoir soin de   posant à ce que des matières étrangères
        nettoyer par intervalles, de curer le fond de   puissent y tomber, n’empêchent pas l’air d’y
        la citerne, après l’avoir vidée.          circuler. 11 faut modifier les dimensions de
          Dans les citernes qui sont à la fois bien   ce toit de telle sorte qu’il produise au point
        aérées et maintenues à l’abri de la lumière,   occupé par l’eau une entière obscurité, sans
        et curées par intervalles, les eaux de pluie   pour cela empêcher le renouvellement de
        se conservent assez bien, et sont d’un usage   l’air. Aération et obscurité, telles sont les
        précieux, pour la boisson et pour les usages   deux conditions à remplir.
        domestiques.                                Si les matériaux avec lesquels les parois
          Une découverte faite à Alger, il y a quel­  des citernes sont construites, sont calcaires,
        ques années, prouve que, dans les citernes   les eaux peuvent, à la longue, leur emprun­
        bien construites, l’eau peut se conserver   ter une certaine proportion de chaux,
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