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116                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                    Les côtes de la Méditerranée se trouvent   Une citerne est donc un réservoir des­
                  dans une situation exceptionnelle en ce qui   tiné à recevoir les eaux pluviales. Dans
                  concerne la pluie ; les vents du sud-ouest,   quelques villes où l’eau de pluie sert de
                  avant d’y parvenir, ont déposé leur eau à la   boisson, on a le soin de disposer les con­
                  rencontre des montagnes de l’Espagne, des   duites de façon à pouvoir rejeter les pre­
                  Pyrénées et des Alpes ; ils sont d’ailleurs   mières eaux qui tombent, et à ne recevoir
                  détournés par les vents du sud, vents chauds   que les dernières, qui sont les plus pures,
                  et secs qui viennent d’Afrique. Aussi, le   comme nous l’avons déjà fait remarquer
                  vent de mer ne donne-t-il que peu de pluie   dans le chapitre précédent. A Cadix, où.
                  sur les côtes de la Méditerranée, sauf dans   chaque maison a sa citerne, le conduit qui
                  des localités. C’est pour cela que, dans la   recueille l’eau des toits et la conduit à ce
                  vallée du Rhône, il tombe moins de pluie   réservoir, est muni d’un robinet, au moyen
                  qu’en Allemagne.                           duquel on fait écouler au dehors la première
                    L’Italie, entourée d’eau de tous les côtés,   eau qui tombe. Quand les toits sont lavés par
                  et soumise aux vents les plus variables, ne |  les premières pluies, on ouvre le robinet, et
                  saurait être soumise à des règles exactes. '  les eaux qui continuent de tomber arrivent
                  Quant à son régime pluviométrique, on peut   dans la citerne.
                  dire seulement qu’à Padoue, la pluie est     D’autres fois, avant de recevoir l’eau de
                  amenée le plus souvent par les vents du   la pluie, on la fait passer àtravers des couches
                  nord et du nord-est, tandis qu’à Rome, ce   de substances poreuses, afin d’en séparer les
                  sont les vents du nord et du sud qui amènent   impuretés solides. C’est ce qu’on pratique à
                  la pluie.                                  Venise, comme nous le dirons bientôt.
                                                               L’eau des citernes serait très-bonne, si
                                                             l’on pouvait recueillir directement l’eau
                                                             pluviale dans ces réservoirs telle qu’elle
                              CHAPITRE XII                   tombe du ciel, car l’eau de pluie est assez
                                                             pure, mais la surface d’un réservoir serait
                   LES CITERNES, LEUR MODE DE CONSTRUCTION. — LES
                                                             trop petite pour fournir une quantité d’eau
                               CITERNES DE VENISE.
                                                            suffisante. On est donc obligé d’y déverser,
                    Nous allons trouver l’application des prin­  au moyen de gouttières, l’eau qui tombe sur
                  cipes et des faits contenus dans le chapitre   les toits des maisons. Nécessairement elle se
                  précédent en parlant des citernes, qui sont   souille, en lavant les toits, de beaucoup
                  employées comme réservoir d’eaux potables,   d’impuretés, telles que des poussières, des in­
                  dans les localités privées du bienfait d’une   sectes, etc. Les toitures métalliques de
                  distribution d’eaux publiques.            plomb, de zinc, et les tuyaux de conduite
                    Les citernes sont encore d’un usage fré­  peuvent également communiquer à ces
                  quent. En France, on s’en sert beaucoup   eaux de mauvaises qualités.
                  dans les campagnes. On les rencontre aussi   Les eaux des citernes, quel que soit le mode
                  dans les campagnes et même les villes de   employé pour les rassembler, sont toujours
                  certaines contrées de la Suisse, de la Hol­  très-aérées dans le premier moment, et peu­
                  lande, de l’Allemagne, de l’Autriche et de   vent être considérées alors comme très-po­
                  l’Italie; dans ces villages ou villes, les habi­  tables ; mais, conservées dans ces réservoirs,
                  tants n’ont d’autre eau potable que l’eau   elles ne tardent pas à s’altérer, par la dé­
                  de pluie rassemblée et conservée dans des   composition des matières organiques végé­
                  citernes.                                 tales et animales qui ont été enlevées aux
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