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INDUSTRIE DE L’EAU.                                 111

       I 'expérience confirme ces prévisions de   On trouve des corpuscules organiques dans
      ]a théorie. L’eau de pluie est généralement   le résidu de l’évaporation de l’eau de pluie,
      t|.;.s-aérée, mais la quantité d’air qu’elle   car ce résidu possède une teinte jaune bru­
      contient varie suivant la température et la   nâtre et répand une odeur ammoniacale.
      pression, et selon le degré relatif de solubi-   En général, les eaux pluviales qui ont ba­
     jjilité dans l’eau de l’oxygène et de l’azote.   layé l’atmosphère des villes sont beaucoup
     Ainsi, sous la pression ordinaire et à la tem­  plus impures que celles des campagnes.
     pérature de 4- 10°, l’eau météorique peut   L’analyse microscopique décèle dans les
     dissoudre environ la vingt-cinquième partie   premières des corpuscules charbonneux,
     de son volume d’air, dont la proportion   des débris de végétaux, tels que des frag­
     d’oxvgène est supérieure à celle qui existe   ments de paille, des enveloppes corticales,
     dans l’air atmosphérique.                 des germes divers, des poils, du coton, de
       M. Péligot a trouvé dans l’eau de pluie,   la laine, de la soie, des particules micacées.
     2 à 4 pour 100 de gaz formés d’acide carbo­  On ne sera donc pas surpris d’apprendre
      nique et d’azote.                        que certaines eaux douces courantes ou de
       Suivant Gay-Lussac et de Humboldt, le   sources sont plus pures que certaines eaux
      mélange gazeux contenu dans l’eau de pluie   pluviales. Robinet a constaté que de l’eau
      renferme 31 pour 100 d’oxygène.          pluviale recueillie au mois de novembre
       Baumert retira de l’eau de pluie, recueillie   1863, à Nantes, marquait 7“,05 à l’hydroti-
     à 11°, un mélange gazeux, composé en cen­  mètre et 9° après de forts vents du sud-ouest,
     tièmes, de :                              tandis qu’à Paris la moyenne des degrés hv-
                                               drotimétriques des eaux de pluie essayées
          Azote.......................    64,46  par ce chimiste a été de 3°, 27.
          Oxygène............................... 33,76
                                                 Ce que nous venons de dire de la com­
          Acide carbonique..................  1,77
                                               position des eaux de pluie, se rapporte à
       Les matières organiques se rencontrent   celles qui ont été recueillies avec soin
      très-souvent dans les eaux de pluie, mais on   par les chimistes, dans le but de les sou­
      ne connaît pas leur nature. M. Smith a   mettre à l’analyse scientifique. Mais, dans
      trouvé 10 grammes de matière organique   les cas ordinaires, l’eau de pluie n’est point
      par mètre cube d’eau de pluie recueillie à   recueillie avec ces précautions. On la reçoit
      Manchester. Cette substance huileuse pro­  à sa descente des toits ou des gouttières,
      venait sans doute de la houille des usines.   pour l’amener dans les citernes où elle
      M. Marchand en a trouvé 24 grammes dans   doit se conserver. 11 est évident que, re­
      l’eau de pluie recueillie à Fécamp. M. Cha­  cueillie de cette manière, l’eau pluviale est
      tin a trouvé, dans l’eau de pluie, 50 gram­  beaucoup moins pure. Elle est chargée de
      mes par mètre cube d’une matière orga­   matières étrangères enlevées aux toits et aux
      nique qu’il croit être de l’acide ulmique   conduits. La poussière des toits, la rouille
      °u de l’ulmate d’ammoniaque. M. Barrai a   des gouttières de fer-blanc, la chaux et les
      isolé des résidus d’un mètre cube d’eau de   sels des mortiers et des maçonneries, etc., se
      pluie évaporée, 10gr/l8 une substance jaune   mêlent ainsi à l’eau pluviale, qui est dès lors
      azotée, soluble dans l’éther; l’éther évaporé   très-sujette à se décomposer.
      laissa de petites aiguilles cristallines. D’a-
      pres Robinet, la substance organique des   Les instruments qui servent à évaluer
      eaux de pluie, à Paris, donne, avec l’azotate  l’épaisseur de la couche d’eau qui tombe en
      J,
      a argent, un précipité d’un rouge grenat.  un lieu, se nomment pluviomètres, ou udo-
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