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                    C’est le chimiste anglais Cavendish, qui,   mation de l’acide azotique ; mais il faudrait j
                 en 1785, découvrit, le premier, l’existence   toujours admettre la décomposition de la va-1
                 d’un produit azoté dans l’air. Il fut amené   peur d’eau pour expliquer la production de 1
                 à cette découverte par l’idée préconçue    l’ammoniaque.
                 que l’oxygène de l’air pouvait se combiner j   D’après Frésénius, l’ammoniaque existe-1
                 à l’azote, pendant les orages, sous l’in­  rait à l’état normal, en très-petite quantité, I
                 fluence de l’électricité atmosphérique, et   dans l’atmosphère. 11 résulte des expériences- ]
                 former ainsi de l’acide azotique. Cavendish   de ce chimiste, que 1,000,000 parties d’air, j
                 trouva, en effet, de l’acide azotique dans |  en poids, contiennent, en moyenne, 0,133 |
                 l’eau de pluie ; mais on reconnut plus tard |  d’ammoniaque. Liebig prétend que l’acide
                 que cet acide azotique était combiné à l’am­  azotique et l’ammoniaque, qui se trouvent
                 moniaque, en d’autres termes que l’eau des   dans l’atmosphère, proviennent toujours des 1
                 pluies d’orage renferme de l’azotate d’am­  orages, et que les pluies sans orages n'en 1
                 moniaque, et cette découverte fut confirmée   contiennent pas; mais Berzelius et d’autres I
                 par une foule d’observations postérieures.  ch i m istes pensent, avec plus de raison, qu’une 1
                    D’où provient l’azotate d’ammoniaque qui   partie de l’ammoniaque atmosphérique pro­
                 existe dans les pluies d’orage? Le chimiste |  vient des combustions et de la décomposi- I
                 Liebig a démontré, de nos jours, que cet ,  tion ou de la fermentation putride des sub- I
                 azotate provient de la décomposition de la !  stances organiques azotées, et que c’est pour
                 vapeur d’eau météorique, sous l’influence I  cela qu’on trouve de l’ammoniaque dans i
                  de l’étincelle électrique. Décomposée par   toutes les eaux de pluie ordinaire.
                 l’électricité, la vapeur d’eau donne de l’hy- i   Quelle que soit leur origine, les produits 1
                  drogène, lequel, se combinant à l’azote de '  ammoniacaux apportés au sol par les pluies, I
                  l’air, forme de l’ammoniaque (AzH3), tan- i  jouent un rôle de la plus haute importance a
                  dis que l’oxvgène, provenant de la décom- I  dans la végétation. D’après MM. Chevandier
                  position de la même vapeur d’eau, se com­  et Salvetat, l’action fertilisante des eaux de 1
                  bine également avec l’azote, et forme de I  pluie est proportionnelle à la quantité d’a­
                  l’acide azotique (AzO5). Cet acide azotique, |  zote contenue dans ces eaux.
                  se combinant à l’ammoniaque et à un équi­
                  valent d’eau, se transforme en azotate d’am­  Ainsi que nous l’avons vu par l’analyse de I
                  moniaque (AzO5, AzH3,HO).                 l’eau de la pluie donnée par M. Eugène 1
                    Les travaux de MM. Boussingault, Barrai   Marchand, outre les sels ammoniacaux, les I
                  et Bineau ont confirmé la théorie chimique   eaux météoriques contiennent toujours une I
                  donnée par Liebig de l’origine de l’ammo- ,  proportion notable de sels minéraux. Bien |
                  iliaque des eaux de pluie. Ajoutons toute-   que le chlorure de sodium ne soit pas vo- I
                  iois que quelques chimistes croient que c’est   latil à la température ordinaire, il est cer­
                  V ozone atmosphérique, c’est-à-dire l’oxvgène   tain que ce sel existe dans l’atmosphère, à
                  modifié parles étincelles électriques, et non   une certaine distance des plages de la mer,, I
                  1 oxygène ordinaire, qui transformerait l’a­  parce qu’il est entraîné avec la vapeur d’eau, |
                  zote de l’air en acide azotique. On a observé,   ou avec les gouttelettes que le vent emporte, I
                  en effet, que la proportion d’acide azotique   en rasant la pointe des vagues. Dans les ate- I
                  qui existe dans l’eau pluviale, est en raison   liers où l'on évapore l’eau de la mer, ainsi |
                  directe de la quantité d’ozone, et en raison   que des sources salées, pour l’extraction dui
                  inverse de la quantité d’ammoniaque.      sel marin, l’air est chargé, jusqu’à 200 ou 300
                    L’ozone explique très-facilement la for­  mètres de distance, d’une grande quantité |
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