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110                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   tence de ce métalloïde dans l’eau pluviale.   dissolution alcoolique au bain-marie, et on
                   M. Barrai, dans les recherches que nous   calcine légèrement le résidu, pour détruire
                   avons déjà citées, ne trouva qu’une seule   les substances organiques. On reprend de
                   fois (en juin 1852) de l’iode et en très-petite   nouveau par l’alcool faible, on chasse l’al­
                   quantité. Mais d’autres observateurs ont af­  cool par l’évaporation, et on ajoute au
                   firmé la présence constante de l’iode dans   résidu un peu d’empois d’amidon frais et
                   l’eau de pluie.                           une goutte d’eau. On étale alors la matière
                     M. Chatin entreprit un voyage scientifique   dans une petite capsule en porcelaine et
                   pour rechercher l’iode dans les eaux de   on la touche avec une baguette humectée
                  pluie de diverses localités, et répondre ainsi   d’acide azotique pur et concentré. L’iode
                  aux critiques qu’avaient fait naître ses af­  libre colore aussitôt l’amidon en bleu.
                  firmations. Il signala la présence de l’iode
                  dans les eaux pluviales de Nice, de Cette, de   Outre les sels ammoniacaux, les chlorures,
                  Montpellier, et de beaucoup d’autres lo­   bromures et iodures, il existe dans l’eau de
                  calités du midi de la France. Van Ankuin   la pluie, comme cela résulte de l’analyse de
                  est arrivé au même résultat en examinant   M. Eugène Marchand, du sulfate de chaux,
                  les eaux de pluie dans les Pays-Bas. Enfin   et même du sulfate de soude.
                  M. Eugène Marchand a trouvé 0gr,05 d’iode    M. Chatin a trouvé dans les eaux de pluie
                  dans un mètre cube d’eau de pluie recueillie   de Paris une dose notable de sulfates. M. Eu­
                  à Fécamp. Il en a trouvé moins dans l’eau de   gène Marchand, à  Fécamp, a trouvé, par
                  neige, et des traces seulement dans la rosée.  mètre cube :
                    L’iode qui, selon M. Chatin, existe dans les                 Eau de neige.  Eau de pluie.
                                                              Sulfate de soude..   15sp,63  l<.»r,07 |
                  eaux de la pluie, ne saurait provenir que de
                                                              Sulfate de chaux..   0 ,88     0 ,87 ,<j
                  l’air atmosphérique. M. de Luca, qui con­
                  testait les faits avancés par M. Chatin,     M. Smith, à Manchester, après une pluie
                  voulut s’assurer, par l’expérience directe,   de trente heures, obtint 34gr, 30 d’acide
                  de la présence ou de l’absence de l’iode dans   sulfurique par mètre cube, et, dans une
                  l’air. Le chimiste italien, dans des expé­  autre circonstance, de 5gr,55 à 15gr,14.
                  riences faites au Collège de France, à Paris,   L’eau de pluie, à Paris, est particulière­
                  fit passer à travers des tubes pleins d’eau et   ment riche en sulfate de chaux, surtout au
                  de lessive alcaline, de grandes quantités d’air   moment où elle commence à tomber. La
                  atmosphérique, sans pouvoir parvenir à     présence du sulfate de chaux dans les eaux
                  constater dans l’air la présence de traces   pluviales de Paris tient à l’emploi très-géné­
                  d’iode. Mais ce résultat négatif peut s’expli­  ral qui se fait, dans cette ville, du plâtre
                  quer par la difficulté qu’il y a souvent à re­  pour les constructions.
                  connaître l’iode dans les résidus de l’eau de
                  la pluie, en raison de la très-faible propor­  L’eau de la pluie doit nécessairement
                  tion de ce corps.                         contenir de l’air, ou les gaz qui composent
                    Pour découvrir l’iode, M. Chatin recom­  l’air. La nature et la quantité des gaz ainsi
                  mande d’opérer de la manière suivante. On   dissous dépend de leur degré de solubilité
                  mélange deux litres d’eau de pluie à un   dans l’eau, mais surtout de la pression et de
                  décigramme de carbonate de potasse très-   la température. La quantité de gaz ou d’air
                  pur, et on évapore le liquide dans une    contenus dans l’eau, de pluie doit augmenter
                  capsule de porcelaine; on reprend le ré­  avec la pression atmosphérique, et diminuer
                  sidu par l’alcool à 36 degrés, on évapore la   par la chaleur.
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