Page 111 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 111

INDUSTRIE DE L’EAU.                                109

       Je fines particules de sel: l’air est salé. En   s’il est violent, et s’il vient de la mer, peut
       nier il suffit de rester quelques minutes sur   apporter des particules de sel marin ; au
       le pont du navire, pour que les vêtements   contraire, par les temps calmes, si la direc­
       s’imprègnent de sel entraîné par la vapeur   tion du vent change, les matières salines
       J’eau ou par les fines gouttelettes provenant   doivent diminuer. M. Barrai trouva, dans
       des vagues.                               ses observations faites à Paris, en 1851 et
       ' Les parcelles salines qui proviennent de   1852,  les quantités suivantes de chlorure de
       la mer sont emportées par le vent dans    sodium, par mètre cube d’eau de pluie :
       l’intérieur des terres. Aussi est-il à peu
                                                               Chlorure de sodium.
       près impossible, selon M. Bunsen, de ne pas
       trouver de la soude dans l’air quand on fait   Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. Moyenne.
                                                    2«r,64 7Br,61 3«r,58 3gr,60 4*r,90 2*r,26 3’r,G0.
       une analyse spectrale. Les observateurs qui
       procèdent à ce genre d’analyse optique, doi­  M. Eugène Marchand retira, au mois de
       vent toujours tenir compte de la raie du   mars 1853, d’un mètre cube d’eau de neige,
       sodium provenant de cette origine.        17gr,04 de chlorure de sodium et d’un mè­
         La quantité de sel marin existant dans   tre cube d’eau de pluie, 11 sr,43, de chlorure
       l’air diminue à mesure qu’on s’avance dans   de sodium ; tandis queM. Filhol ne trouva
       les terres, ou selon la direction des vents.   à Toulouse, dans les six premiers mois de
       Tous les chimistes qui ont analysé l’eau de   1853,  que 2er,85 en moyenne, de chlorure
       la pluie, y ont trouvé quelques traces de   de sodium dans l’eau de la pluie.
       chlorure de sodium, qui augmentent sui­
       vant la direction du vent. Sous notre lati­  Comme les iodures et les bromures ac­
       tude, les vents d’ouest amènent plus de va­  compagnent les chlorures dans l’eau de la
       peur aqueuse saturée de chlorures que les   mer, on doit s’attendre à les retrouver dans
       vents du nord.                            l’eau de pluie, en même temps que le sel
         Des expériences très-précises ont prouvé   marin. Toutefois, l’eau de mer ne contenant
       que la quantité de chlorures alcalins con­  que très-peu d’iodures et de bromures, ces
       tenue dans l’eau de pluie est d’autant plus   derniers sels ne peuvent figurer qu’en pro­
       grande que l’on se rapproche davantage des   portion infinitésimale dans l’eau de pluie. 11
       bords de la mer. Le tableau suivant ren­  doit même arriver souvent que les propor­
       ferme les quantités de chlorure de sodium   tions de brome et d’iode soient trop faibles
       contenues dans l’eau de la pluie :        pour que nos réactifs puissent en déceler la
                                                 présence. Telle est sans doute la cause des
       A Manchester, d’après Dation, l’eau de pluie ren­  divergences et des longues discussions aux­
         ferme : 0,000133 pour 100 chlorure de sodium.
                                                 quelles a donné lieu la question de la pré­
       A Cae’n, d’après Isidore-Pierre, l’eau de pluie ren­
         ferme : 0,000006 pour 100 chlorure de sodium.  sence de l’iode et du brome dans les eaux
       A Fécamp, d’après Marchand, l’eau de pluie ren­  pluviales.
         ferme : 0,0000155 pour 100 chlorure de sodium.
                                                   Tout le monde sait que M. Chatin a si­
       A Marseille, d’après Martin, l’eau de pluie ren­
         ferme : 0,000007 pour 100 chlorure de sodium.  gnalé dans toutes les eaux, et par consé­
       A Paris, d’après Barrai, l’eau de pluie ren­  quent dans celles de la pluie, l’existence de
         ferme : 0,0000035 pour 100 chlorure de sodium.  l’iode. Cette assertion fut combattue par
       A Lyon, d’après Bineau, l’eau de pluie ren­  M. de Luca, professeur de chimie à Naples,
         ferme : 0,001)001 pour 100 chlorure de sodium.
                                                 par MM. Martin, Macadam et Besson, qui,
          La proportion de sel marin doit varier  i ne trouvant pas d’iode dans leurs analyses,
        beaucoup dans l’eau des pluies, car le vent,  I se prononcèrent formellement contre l’exis­
   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   116