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INDUSTRIE DE L’EAU. 119
lieu en loncl 11,3 chaudron, et on élève sur sont ménagées, au niveau du sol, deux prises
cette pierre un cylindre creux du diamètre d’eau R, R, aboutissant à deux petits canaux,
d’un puits ordinaire, construit avec des bri B, B. Entre les deux canaux, B, B, est la
ques sèches bien ajustées, celles du fond citerne proprement dite, A, composée d’une
seulement étant percées de trous coniques. cavité verticale en forme de puits, revêtue
On prolonge ce cylindre jusqu’au-dessus du de pierres sèches sans mortier et percée à sa
niveau du sol, en le terminant comme la partie inférieure de petits trous destinés à
margelle d’un puits. laisser passer l’eau qui a filtré à travers la
H y a ainsi, entre le cylindre qui se dresse masse du sable. Un appareil quelconque pour
du milieu de l’excavation pyramidale et les l’élévation de l’eau, seau, margelle, corde
parois de la pyramide revêtues d’une cou d’appui, se trouve à la partie supérieure du
che d’argile reposant sur le bâti de bois, un puits.
grand espace vide. On remplit cet espace M. Grimaud, de Caux, dans son ouvrage
avec du sable de mer bien lavé, dont la sur sur les Eaux publiques (1), après avoir rap
face vient affleurer l’argile. porté la descript'on que nous venons de
Avant de couvrir le tout avec le pavé, on donner des citernes de Venise par M. Sal
dispose à chacun des quatre angles de la vadori, la fait suivre de détails complémen
base de la pyramide une espèce de boîte en taires et de renseignements techniques, qu’il
pierre fermée par un couvercle également ne sera pas sans intérêt de mettre sous les
en pierre et percé de trous. Ces boîtes, ap yeux du lecteur.
pelées cassettoni, se lient entre elles par un
petit canal, ou rigole, en briques sèches, re « Les citernes de Venise, dit M. Grimaud, de Caux,
posant sur le sable. Le tout est recouvert doivent leur efficacité aux principes éminemment
enfin par le pavé ordinaire, qu’on incline rationnels sur lesquels repose leur construction.
L’expérience ayant démontré aux fugitifs d’Altino,
dans le sens des quatre orifices des angles
aux fondateurs de Rialto que l’eau du ciel est une
des cassettoni. excellente eau, il s’agissait de la recueillir et de la
■ L’eau recueillie par les toits entre par les conserver pour l’usage. On comprit que le meilleur
moyen était de l’isoler de la manière la plus absolue
cassettoni, pénètre dans le sable à travers les
en la préservant de la contamination de toute eau
jointures des briques des petits canaux et adventice filtrant dans les terrains d’alentour. Telle
vient se rassembler, en prenant son ni est en effet la théorie de la citerne vénitienne.
veau, au centre du cylindre creux dans le En terre ferme, dans les tffto, les maisons de
campagne et de plaisance, dans les châteaux, dans
quel elle s’introduit par les petits trous co
les couvents, c’est toujours la citerne qui fait la base
niques pratiqués au fond. de l’alimentation. L’eau de puits ne compte pas.
Une citerne ainsi construite et bien en Et, si on y réfléchit bien, le choix, quand on est
tretenue donne une eau limpide, fraîche, et dans l’alternative de creuser un puits ou de cons
truire une citerne, ne saurait être douteux.
la conserve parfaitement jusqu’à la dernière
Pour les puits, les difficultés de l’exécution et les
goutte. dangers qu’elle présente ; les frais presque toujours
La figure 61 donne la coupe d’une des supérieurs à ceux qu’on avait prévus ; l’incertitude
deux citernes du palais ducal de Venise. On | du résultat — une sécheresse tant soit peu prolon
gée venant démontrer l’inanité des efforts, quand
va voir que c’est là un véritable appareil de i on se croit arrivé au but, quand on croit avoir at
filtration des eaux pluviales. Le réservoir teint l’eau, — telles sont les chances que doit affron
creusé dans le sol T et revêtu d’argile à ter le propriétaire qui veut creuser un puits.
Il n’en est pas de même s’il s’agit d’une citerne.
sa surface, est rempli d’une couche de sa
Ici on opère à coup sûr; tout dépend de la superficie
ble, SS, et ensuite recouvert, au niveau du
«ol, d’un pavé ou d’un dallage. Sur le pavé (1) 1 vol, in-8. Paris, 1863, page 530 et suivantes.