Page 57 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERBE ET LE CRISTAL.                                 51

           l’ouvrier souffle la paraison dans un moule   on en adoucit l’arête à la lime après que la
           en bois, sur lequel on laisse couler de l'eau   dame-jeanne a été recuite.
           pour l’empêcher de prendre feu. C’est ce que   Pour souffler les grandes touries (de 50 à 60
           nous représentons dans la figure 43. Tandis   litres), l’ouvrier emploie un moyen particu­
           qu’un ouvrier souffleur arrondit le verre   lier. Comme ses poumons ne contiennent pas
           dans le moule à bonbonne, une ouvrière ar­  assez d’air pour dilater le verre jusqu’au
           rose le moule, à l’extérieur, avec une carafe   volume voulu, il insuffle dans sa canne une
           d’eau fraîche.                            petite quantité d’eau et d’alcool, dont l’évapo­
             Quand la bonbonne est soufflée, l’ouvrier   ration rapide produit une abondante vapeur
           en entoure le col avec un cordon de verre.  qui dilate les parois de la pièce de verre.
             Un fer mouillé appliqué sur le nez de la
           canne, en détache la dame-jeanne, qui est   Les tubes de verre, dont l’emploi est au­
           portée ensuite au four à recuire. Comme le  jourd’hui si répandu, se fabriquent par le
           bord du col offre une cassure très-coupante,   moyen suivant.
























                  Fig. 44. — Étirage d’un tube et mise en botte des tronçons Ue tube coupés à la même longueur.


             L ouvrier cueille avec sa canne une cer­  mètres, dont le diamètre est celui d’un che­
           taine masse de verre dans le creuset. 11 le   veu, il faut donner au diamètre creux du
           roule un peu sur le marbre, puis prend une
                                                     verre fondu très-peu d’étendue et opérer avec
           nouvelle charge de verre dans le même creu­  le verre très-chaud (1).
           set. En soufflant dans cette masse plastique,   Pour fabriquer un tube, le souffleur et le
           et la roulant avec soin sur le marbre, il   gamin se réunissent (fig. 44). Le gamin pré­
           lui donne une forme cylindrique; puis il
                                                     sente au bout aplati de ce cylindre de verre
           aplatit 1 extrémité de cette masse cylindrique   tenu par le souffleur, une masse de verre
           en la pressant verticalement contre le marbre.
                                                     chaude, laquelle s’agglutine avec cette extré­
             Pour produire des tubes de grande section,   mité, et y adhère. Dès que l’union est opérée
           il faut donner au diamètre creux du cylindre
                                                     le gamin et le souffleur, tenant chacun une
           de Verre beaucoup de largeur, et opérer
                                                     des deux extrémités du cylindre creux, s’éloi-
           sut du verte un peu refroidi. Pour produire
           des tubes étroits, comme ceux des thermo­  (1) Le Verrier du dix-neuvième siècle, par Pierre Fiamm,
                                                     m-8“, Paris, 1863, p. 324.
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