Page 52 - Les merveilles de l'industrie T1
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46                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                         qui donne au verre à bouteilles sa couleur   Les fours pour la fabrication du verre à
                         vert foncé.                               bouteilles, brûlent toujours de la houille. La
                           Voici, d’après M. Bontemps, la moyenne   quantité énorme de houille qu’exige la fusion
                         des mélanges dont on fait usage pour le verre   du verre a amené à chercher les meilleures
                         à bouteilles, dans les verreries des environs   dispositions du foyer pour économiser le com­
                         de Paris :                                bustible, ou pour en tirer le meilleur parti.
                          Terre jaune très-siliceuse et très-calcaire,   Aujourd’hui les verreries, qui sont au courant
                         contenant aussi une assez forte proportion   du progrès, font usage du four Siemens.
                         d’oxyde de fer............................................... 1,000 parties.
                          Charries, ou cendres lessivées, séchées    Le four Siemens, sur lequel nous revien­
                         dans les arches cendrières, et tamisées.  .   550  —  drons plus loin, est une disposition du foyer
                          Craie, ou marne pilée et tamisée..........   300   —
                          Soude de varech........................................ 75   —  qui a pour effet de séparer la houille incandes­
                          A quoi on ajoute les groisils de la fabri­  cente du fourneau proprement dit où se trou­
                         cation, lesquels en y joignant le picadil ( l ) de
                                                                   vent les creusets. La houille est, pour ainsi
                         la grille, se trouvent généralement dans la
                         proportion de...............................................  750   —  dire,distillée à part,et les produits gazeux de
                          Vieilles bouteilles achetées aux chiffon­  sa décomposition,c’est-à-dire l’oxyde de car­
                         niers, environ...............................................  500   —
                                                                   bone, l’hydrogène bicarboné et les vapeurs
                                     Total................................ 3,175 parties.
                                                                   goudronneuses, viennent brûler autour des
                           Tous les mélanges destinés à former des   creusets. Cette manière de brûler la houille
                         verres à bouteilles sont frittés. Cette opération
                                                                   amène une économie de 25 pour 100 sur la
                         consiste à placer ce mélange dans des arches   combustion directe.
                         ou fours adjacents, qui reçoivent la chaleur   Dans les verreries de Rive-de-Gier, on fait
                         perdue du four de fusion.                 usage du four Boëtius,qui n’est que le four
                           Le mélange vitrifiable, après avoir reçu la   Siemens, appliqué aux qualités particulières
                         fritte, est introduit dans les creusets, qui, à   des houilles de Rive-de-Gier.
                         Rive-de-Gier, sont fabriqués avec de la terre   Chaque fourneau de verre à bouteilles
                         de Bolène, mélangée de ciment provenant de   contient 8 creusets, 4 de chaque côté, et au­
                         débris d’anciens pots mis au rebut. Ils servent   tant A'ouvreaux. Ces creusets reçoivent cha­
                         vingt-cinq jours; le four dure six mois.  cun de 600 à 1000 kilogrammes de ma­
                           Les matières qui entrent dans la composi­  tière frittée, dont le rendement utile est de
                         tion du verre à bouteilles de Rive-de-Gier,   80 pour 100 de verre fondu.
                         sont : les sables du Rhône, le carbonate de   Dans beaucoup de verreries, comme le re­
                         chaux, le sel marin et le sulfate de soude.  présentait la figure 12 (page 25), les fourneaux
                           La couleur verte des bouteilles provient,   sont de plein pied avec le sol de l’atelier. Mais
                         avons-nous dit, de l’oxyde de fer que contient
                                                                   dans le plus grand nombre des verreries, et
                         le sable. Cette teinte est d’autant plus foncée
                                                                   surtout pour la fabrication du verre à bou­
                         que la quantité d’oxyde de fer est plus consi­
                                                                   teilles et du verre à vitres, on élève autour du
                         dérable. Les sables qui en renferment beau­
                                                                   four une large estrade en bois qui porte les
                         coup produisent les bouteilles noires.
                                                                   ouvriers. Cette disposition se voit dans la
                           La fusion des matières vitrifiables dans le
                                                                   figure 41, page 49.
                         creuset, exige environ douze heures. Cette fu­
                                                                     Il faut, pour la fabrication d’une bouteille,
                         sion obtenue, on ajoute le groisil, qui n’est
                                                                   trois ouvriers, qui constituent ce que l’on
                         que du verre cassé et des débris provenant
                                                                   nomme dans les verreries, une brigade. Ces
                         de l’atelier et de la rue.
                                                                   trois ouvriers ont leurs noms : le premier est
                          (1) On désigne sous le nom do picadil les bavures qui   le gamin, le second le grand garçon, le troi-
                         tombent des creusets où la matière se boursoufle. On
                         recueille ces matières sur la grille des fourneaux.  ' sième le souffleur.
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