Page 53 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL. 47
Suivons la fabrication d’une bouteille par que l’on nomme le sabot, et qui a la forme
indiquée dans la figure 38.
une brigade.
Le gamin trempe la canne dans le creuset
p]acé dans le fourneau et cueille une certaine
quantité de verre. 11 passe ensuite l’outil au
grand garçon. Celui-ci prend dans un autre
creuset une seconde masse de verre, il arron
dit le tout sur un marbre ou bloc situé à sa
portée. 11 souffle de temps en temps pour don
ner à paraison un certain développement.
Puis, tenant sa canne verticalement, il élève
les bras, tire lentement la canne à lui, de ma
nière à laisser couler le verre et à former le
col de la bouteille. Pour mieux former ce col
de la bouteille, l’ouvrier, à l’aide d’une sorte
de couteau, refoule vers le bas la masse de
verre. Souvent, avec un outil nommé palette
ou pince, il façonne le col en s’asseyant sur
un banc de bois pourvu de deux bancs mé
talliques nommés bandelles. Son travail est
Au fond de ce sabot, s’élève une forte saillie
alors achevé; il a, comme on dit, terminé i cylindrique. Le souffleur qui introduit la bou
sa paraison. teille dans le sabot, la presse contre le fond.
Pendant ces opérations, le verre s’est re La cavité qui existait déjà dans la bouteille,
froidi. Le grand garçon va donc le réchauffer se trouve ainsi complétée et rendue régulière.
à l’ouvreau, en posant sa canne sur un cro Alors on détache la bouteille de la canne,
chet placé au-devant du fourneau, et en im i A cet effet, un fer mouillé est passé sur le
primant à sa canne un mouvement de rota nez, c’est-à-dire sur l’extrémité de la canne ;
tion afin de conserver au verre la forme qu’il j le verre se casse en ce point, la bouteille se
vient de lui donner. détache et reste dans le sabot.
Lorsque la paraison est assez ramollie par Il faut ensuite façonner le col de la bou
la chaleur, le grand garçon la porte au souf
teille. A cet effet, l’ouvrier présente la bou-
fleur. Celui-ci enfonce Va paraison, dans deux । teille, toujours fixée dans le sabot, à l’ouver
ou trois moules en terre, qui sont placés au
ture du fourneau, pour en ramollir le col.
pied de l’estrade, et il souffle dans sa canne, Lorsque réchauffement est suffisant, le gamin
tout en la tournant dans ses mains. Lorsqu’il ’ rapporte le sabot à l’ouvrier souffleur. Celui-
juge le moulage terminé, il retire du moule | ci, s’asseyant sur un banc muni, comme nous
la bouteille fixée au bout de la canne, et ap l'avons dit, de deux barres parallèles appc-
puie sur le fond de la bouteille avec un cro I lées bardelles, pose le manche du sabot sur
chet spécial, pour former l’excavation infé । ces barres, en le faisant tourner de la main
rieure que présentent toutes les bouteilles gauche. De la main droite, et avec une
ordinaires, et qui a pour objet de donner plus pince en fer, il arrondit l’entrée du goulot
de résistance à la base de la bouteille, et de et le refoule de manière à former un bourre
diminuer sa capacité.
let. Le col de la bouteille est alors façonné.
Un gamin présente alors, au bout d’une
Dans les anciennes verreries, le col de la
perche, à l’ouvrier, un panier de fer, ouvert, | bouteille se faisait par un procédé tout aulie