Page 49 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 49
LE VERBE ET LE CRISTAL. 43
qu’il prenne une forme conique, le sommet du cône que le verre qui y est resté adhérent se soit fendillé
formant le bouillon (fig. 32). Un gamin souffle alors (fig. 35).
dansla canne, pendant qu’on marbre encore le verre, « L’extrémité de là pièce qui se trouvait près de
et lui fait prendre ainsi la forme d’un petit globe. On la canne, qui maintenant est détachée, se nomme
le chauffe, puis on le souffle de nouveau, on lui fait le nez, et c’est elle qui a donné son nom au four
prendre alors la forme d’un flacon florentin, et l’on
prépare le rebord que doit plus tard présenter la
feuille développée, en roulant la pièce, près du nez
de la canne, sur l’extrémité du marbre. On chaude
encore la masse, et le souffleur lui fait prendre la
forme d’un grand globe. Pendant ce développement,
il est nécessaire de maintenir le bouillon exacte- j
ment dans la position qu’on lui a d’abord donnée, ;
c’est-à-dire sur une ligne qui coïncide avec l’axe de
la canne. Pour y parvenir, le souffleur maintient sa
canne sur un support en fer, et, tandis qu’il souffle
la masse et la tourne à la fois, un gamin maintient
contre le bouillon une pièce de fer qui se termine sous Fig. 35. — Quatrième forme de la paraison retournée et
la forme d’une petite capsule (fig. 33). On présente fixée au pontil.
alors au feu de nouveau, et là, par un tour de main
de l’ouvrier et en dirigeant la flamme d’une certaine neau ou trou de nez devant lequel on la chauffe
manière sur le globe,on aplatitle front de celui-ci; pour l’opération suivante.
on évite, d’ailleurs, qu'il ne s’écrase pendant cette Le verre arrive alors à sa dernière et plus terrible
opération, en faisant faire à la canne une révolution épreuve. 11 est placé entre les mains d'un homme
rapide sur son axe. La pièce ressemble alors à un
qui, un voile sur la figure, se tient droit devant un
énorme vase à décanter, dont le fond serait très- immense cercle de flamme dans lequel il enfonce
plat et le col très-court. Le bouillon peut encore se sa pièce, tout en tournant rapidement son pontil.
voir au centre du fond plat, et c’est alors que l’on se L’action de la chaleur et de la force centrifuge com
rend compte de son utilité. La canne est maintenue binées se montre bientôt. Le nez de la pièce s’étend,
horizontalement sur un chevalet en fer; un ouvrier les parties qui en sont proches ne peuvent échapper
s’approche tenant à la main une longue baguette en à ce mouvement : l’ouverture devient de plus en
fer appelée pontil, munie, à son extrémité, d’une plus large; un instant la vue saisit au passage la
petite masse de verre fondu. Il presse cette masse figure d’un cercle avec un double rebord. Un instant
contre une pointe en fer, de maÿère à lui donner
après le spectateur étonné voit tournoyer devant ses
la forme d’une petite capsule, puis l’applique, quand | yeux une table circulaire de verre qui, quelques
elle en a pris la forme, sur le bouillon, où elle
minutes auparavant, gisait dans le pot de verrerie,
sans que rien la distinguât du reste de la masse
(fig. 36).»
Les plateaux ainsi fabriqués sont recuits,
puis découpés en segments à l’aide du dia
mant. On conçoit que la partie centrale de
ces plateaux, laquelle offre un bourrelet, en
traîne dans le débit un déchet considérable.
Quelque grands que puissent être les pla
teaux, ils ne peuvent fournir des vitres aussi
grandes que celles qu’on obtient par le
Fig. 34. — Troisième forme de la paraison.
procédé français. On voyait cependant à l’Ex-
position de Londres, en 1851, des plateaux de
adhère bientôt solidement. La masse ainsi formée
prend le nom d’œil de bœuf ou bouillon (fig. 34). Une croivn-glass (verre en couronne) ayant lm,72
incision faite au verre, près du nez de la canne, avec de diamètre.
un morceau de fer froid, et un souffle vigoureux,
détachent bientôt la canne, qui quitte alors la pièce; Les vitres obtenues par le procédé des
on la laisse reposer quelques instants jusqu’à ce plateaux ont, sur les vitres obtenues par les