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304 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
On voit dans le musée des porcelaines ja Citons, pour terminer, quelques porcelai
ponaises aux armes de Charles-Quint. nes à surprises, qui sont communes aux Chi
M. Demmin note, à ce sujet, une particu nois et aux Japonais, mais dans lesquelles
larité intéressante, c’est qu’on trouve beau ces derniers l’emportent sur leurs concur
coup de ces porcelaines dans le Morbihan. rents. Ce sont, par exemple, des poissons
peintssur le côté extérieur d’une pièce et
qu’on ne voit que quand le vase est plein d’eau.
Puis des tasses qui semblent contenir un
œuf percé d’un trou, d’où on voit sortir un
petit personnage, quand on met de l’eau dans
ce vase, etc. Ces verres que l’on voit dans les
foires, et qui, tout en étant vides, ont l’air de
contenir du vin, sont l imitation d’une tasse
japonaise qui présente la même singularité.
Nous avons mentionné les collections ja
ponaises qui sont rassemblées au Musée de
Dresde. C’est le plus riche assemblage qui
existe des porcelaines de l’Orient. Ce musée
japonais fut créé par l’électeur de Saxe,
Frédéric-Auguste Ier, dit le Fort, à cause de
sa constitution athlétique. Pour former cette
collection, Frédéric-Auguste Ier se procura
d’abord la plus grande partie des pièces par
des émissaires savants et dévoués qu’il avait
envoyés en Hollande. Puis, au milieu des
guerres incessantes qu’il eut à soutenir pour
maintenir les droits qu’il croyait avoir au
Fig. 221. — Vase en porcelaine du Japon (du Musée
du Louvre). trône de Pologne, il fit, en 1717, un arran
gement avec le roi de Prusse. Le roi lui cé
Elles ont été conservées dans les familles de dait dix-huit grandes potiches chinoises ou
Rretagne descendant d’anciens officiers de japonaises, seize assiettes, dix-huit grands
la Compagnie des Indes, dont le siège était à plats, douze autres plats, douze grandes piè
Lorient. Ces services exécutés en Chine ou ces de service dont sept avec couvercles, cinq
au Japon, sur commande de ces officiers, gobelets, trente-sept grands pots à orangers,
sont presque toujours aux armes de celui qui douze petits plats, et quatre magnifiques
les a fait faire. Ces porcelaines sont connues groupes, en échange d'un régiment de dra
a Lorient, Vannes, Nantes, etc., comme por gons.
celaines de Chine ou du Japon, et attribuées à Au point de vue de l’art, l’échange était
l’époque où fonctionnait la compagnie fran honorable ; seulement l’électeur de Saxe re
çaise des Indes, c’est-à-dire du temps de gretta plus tard amèrement d’avoir donné
Louis XV et de Louis XVI. un régiment de dragons pour des vases de
Il est, du reste, dans le caractère du Japo porcelaine !
nais de s assimiler promptement et exacte Les fabricants de porcelaine de l’île de
ment tout ce qu’il voit : il excelle dans l’imi Corée ont exercé une grande influence sur
tation. les progrès de la porcelaine chinoise et sur