Page 309 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 309

304                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

                        On voit dans le musée des porcelaines ja­    Citons, pour terminer, quelques porcelai­
                        ponaises aux armes de Charles-Quint.       nes à surprises, qui sont communes aux Chi­
                           M. Demmin note, à ce sujet, une particu­  nois et aux Japonais, mais dans lesquelles
                        larité intéressante, c’est qu’on trouve beau­  ces derniers l’emportent sur leurs concur­
                         coup de ces porcelaines dans le Morbihan.  rents. Ce sont, par exemple, des poissons
                                                                   peintssur le côté extérieur d’une pièce et
                                                                   qu’on ne voit que quand le vase est plein d’eau.
                                                                   Puis des tasses qui semblent contenir un
                                                                   œuf percé d’un trou, d’où on voit sortir un
                                                                   petit personnage, quand on met de l’eau dans
                                                                   ce vase, etc. Ces verres que l’on voit dans les
                                                                   foires, et qui, tout en étant vides, ont l’air de
                                                                   contenir du vin, sont l imitation d’une tasse
                                                                  japonaise qui présente la même singularité.
                                                                     Nous avons mentionné les collections ja­
                                                                  ponaises qui sont rassemblées au Musée de
                                                                   Dresde. C’est le plus riche assemblage qui
                                                                   existe des porcelaines de l’Orient. Ce musée
                                                                  japonais fut créé par l’électeur de Saxe,
                                                                   Frédéric-Auguste Ier, dit le Fort, à cause de
                                                                  sa constitution athlétique. Pour former cette
                                                                  collection, Frédéric-Auguste Ier se procura
                                                                  d’abord la plus grande partie des pièces par
                                                                  des émissaires savants et dévoués qu’il avait
                                                                  envoyés en Hollande. Puis, au milieu des
                                                                  guerres incessantes qu’il eut à soutenir pour
                                                                  maintenir les droits qu’il croyait avoir au
                          Fig. 221. — Vase en porcelaine du Japon (du Musée
                                        du Louvre).               trône de Pologne, il fit, en 1717, un arran­
                                                                  gement avec le roi de Prusse. Le roi lui cé­
                        Elles ont été conservées dans les familles de   dait dix-huit grandes potiches chinoises ou
                        Rretagne descendant d’anciens officiers de  japonaises, seize assiettes, dix-huit grands
                        la Compagnie des Indes, dont le siège était à   plats, douze autres plats, douze grandes piè­
                        Lorient. Ces services exécutés en Chine ou   ces de service dont sept avec couvercles, cinq
                        au Japon, sur commande de ces officiers,   gobelets, trente-sept grands pots à orangers,
                        sont presque toujours aux armes de celui qui   douze petits plats, et quatre magnifiques
                        les a fait faire. Ces porcelaines sont connues   groupes, en échange d'un régiment de dra­
                        a Lorient, Vannes, Nantes, etc., comme por­  gons.
                        celaines de Chine ou du Japon, et attribuées à   Au point de vue de l’art, l’échange était
                        l’époque où fonctionnait la compagnie fran­  honorable ; seulement l’électeur de Saxe re­
                        çaise des Indes, c’est-à-dire du temps de   gretta plus tard amèrement d’avoir donné
                        Louis XV et de Louis XVI.                 un régiment de dragons pour des vases de
                          Il est, du reste, dans le caractère du Japo­  porcelaine !
                        nais de s assimiler promptement et exacte­  Les fabricants de porcelaine de l’île de
                        ment tout ce qu’il voit : il excelle dans l’imi­  Corée ont exercé une grande influence sur
                        tation.                                   les progrès de la porcelaine chinoise et sur
   304   305   306   307   308   309   310   311   312   313   314