Page 288 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES                               283


             Les 36 rois d’Angleterre et les 67 rois de i  où elles recevaient les impressions indiquées;
           France ;                                  puis elles revenaient de Liverpool à Burs­
             Enfin 228 portraits d’illustres moder­  lem.
           nes, et 130 bustes, petites statuettes, ani­  M. Marryat, donne dans son ouvrage le
           maux, etc.                                dessin d’une théière imprimée par le procédé
             Wedgwood n’épargnait aucuns frais pour   Sadler-Green. Nous représentons ici (fig. 213)
           avoir des modèles artistiques. Flaxman, le   cette poterie à dessins obtenus par l’im­
           grand peintre anglais, lui donnait volontiers   pression.
           son concours.                               Le procédé qui consiste à décorer les
             La matière que Wedgwood nommait         faïences de dessins en noir au moyen de
                                                     lithographies ou d’impressions sur papier,
                                                     dont on décalque les caractères sur la pote­
                                                     rie et que l’on fixe ensuite sur la pièce par
                                                     la cuisson, est aujourd’hui fort employé,
                                                     tant en Angleterre qu’en France. Les as­
                                                     siettes communes qui portent des dessins, des
                                                     scènes, des caricatures, des vues, etc., etc.
                                                     en traits noirs, sont décorées par ce procédé
                                                     économique.
                                                       Nous ne devons pas omettre de dire que
                                                     Wedgwood est l’inventeur du pyromèlre qui
                                                     est destiné à mesurer les hautes tempéra­
                                                     tures des fours à poteries. Cet instrument
                                                     est fondé sur la propriété qu’ont les pâtes
             Fig. 213. — Théière en faïence anglaise à dessins   argileuses de diminuer de volume par la
                      obtenus par l’impression.
                                                     cuisson. 11 fait connaître la température
           jaspe est le résultat d’une des belles décou­  d’un four promptement et commodément.
           vertes de ce céramiste. Elle présente à l’œil   Il suffit de retirer du four des petits cy­
           un biscuit blanc ressemblant à de la porce­  lindres d’argile qu’on y avait placés d’a­
           laine , et est remarquable surtout en ce   vance, et d’en mesurer la diminution sur
           qu’elle peut être colorée dans toute sa masse,   une échelle disposée dans ce but.
           comme le verre, par le mélange d’oxydes     Depuis Wedgwood, on a remplacé l’argile
           métalliques.                              dans la construction du pyromètre par le pla­
             En 1750, John Sadler et Green avaient   tine, parce que c’est le métal qui résiste le
           trouvé l’art de décorer la faïence par Vim-   mieux à la haute température de la plupart
           pression, c’est-à-dire en décalquant l’encre   des fours de poterie. Seulement, c’est par
           d’une gravure sur la pâte de la poterie. Ils   la dilatation que se mesurent les degrés de
           n’avaient pas pris de brevet, dans la convic­  chaleur des fours avec le pyromètre de pla­
           tion que leurs intérêts seraient mieux sauve­  tine.
           gardés par le mystère dont ils s’entouraient.   Wedgwood fut une des plus grandes per­
           Wedgwood, ayant appris les excellents résul­  sonnalités manufacturières de l’Angleterre.
           tats qu’ils obtenaient par leur impression   11 imprima à l’industrie céramique une im­
           sur faïence, s’entendit avec eux pour l’orne­  pulsion qui s’y fait encore sentir. Lorsqu’il
           mentation de ses produits. Wedgwood en­   mourut, à l’âge de soixante-cinq ans, le 3
           voyait ses faïences de Burslem à Liverpool,   janvier 1795, il fut regretté de tous ses
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