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278 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE

Nous ajouterons que les coupes en cuir lerons plus loin, y sont devenus la base d’in­
devinrent aussi de mode en France, où on dustries considérables.
les désignait sous le nom de bouteilles de Quant aux grès-cérames, les premiers
cuir achetées à Londres (Inventaires des rois modèles avaient été importés des Flandres
de France de 1380) ou bouteilles de cuir ou de la Hollande, et le commencement de
noir faites à la mode d'Angleterre (inven­ leur fabrication remonte aux premières an­
taires de 1467). nées du xvie siècle. Il existe plusieurs docu­
On a trouvé à Lincoln des moules de ments établissant d’une manière certaine
terre cuite qui avaient dû servir à un po­ que des ouvriers étrangers vinrent fonder
tier anglais duxiv' siècle. M. Marryat donne des établissements de poterie sous le règne
le dessin d’un de ces moules qui fut recueilli, d’Elisabeth, et on trouve dans plusieurs
avec beaucoup de fragments, près d’un four collections des grandes cruches qui portent
en ruines. D'après les coiffures des person­ le nom ou les armes de cette reine, avec
nages, ces moules doivent appartenir au la date de 1594. Il est cependant à remar­
règne d’Edouard 111. quer que le même blason et la même date
Les poteries anglaises du Moyen Age ont se rencontrent, avec les armes de Cologne,
presque toutes la forme de cruches, et res­ sur d’autres cruches en tout semblables, ce
semblent aux vases à boire qu’on fabriquait qui a fait naître l’hypothèse que ces poteries
sur le continent à la même époque. C’est auraient pu être fabriquées en Allemagne.
que les rares potiers de l’Angleterre cher­ Quoi qu’il en soit, au xvne siècle l’indus­
chaient à imiter les vases qui leur venaient trie céramique prit rapidement une grande
du continent. extension en Angleterre, principalement
En résumé,dans tout le Moyen Age et jus­ dans le Staffordshire.
qu’au xvii" siècle, la poterie avait été fort On trouve dans ce comté un vaste district
négligée en Angleterre, et n’était pas entrée manufacturier, nommé autrefois les Pote­
dans les habitudes nationales.il appartenait à ries et aujourd’hui Stoke-upon-Trent; il se
la nouvelle poterie venue du continent, c’est- compose de douze villes réparties dans trois
à-dire à la faïence, de changer, sous ce rap­ paroisses et occupant une superficie de plus
port, les habitudes de nos voisins. de douze milles carrés (environ un myria-
Il est difficile de préciser l’époque de mètre).
l’introduction en Angleterre de la faïence Dès l’époque de la domination saxonne,
émaillée. Quelques auteurs pensent que la l’art du potier avait existé dans le Stafford­
faïence à pâte tendre recouverte d’un émail shire, mais toute la fabrication se bornait aux
dur ne fut fabriquée en Angleterre qu’à la vases usuels et aux carreaux communs. C’est
fin du xvne siècle, ou au commencement vers 1620 que, les procédés s’étant perfec­
du xvme. 11 paraît cependant que, dès 1642, tionnés, la céramique y prit de plus grandes
des potiers hollandais s’étaient établis à proportions. En 1678, il y avait déjà de
Fulham et à Lambeth, et y fabriquaient des grandes manufactures à Burslem (l’une des
faïences à la façon de Delft. Du reste, depuis localités les plus importantes du Staf­
cette époque, toutes les faïences stannifères fordshire).
portèrent, en Angleterre, le nom de Delft, L’année 1680 ouvrit une ère nouvelle à
quelle que fût leur origine. Leur fabrication la poterie de Burslem. Déjà on y avait pra­
n’eut jamais d’ailleurs dans ce pays une tiqué avec succès la cuisson des poteries avec
grande importance, tandis que les grès- la houille, car ce combustible naturel était
cérames et la faïence fine, dont nous par­ très-voisin, et pouvait alors s’extraire près-