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254 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
geot, et qui figure au musée du Louvre. et il cherchait à la propager avec toute l’é
On sait que Sauvageot a donné au Musée nergie de son caractère.
du Louvre sa belle collection, évaluée un Ses protecteurs l’engagèrent à modérer
million de francs. son zèle. Malgré les luttes religieuses dont
Nous n’essayerons pas d’énumérer toutes le Poitou et la Saintonge étaient le théâtre,
les œuvres céramiques de Bernard Palissy, ils obtinrent que son atelier fût déclaré pour
ou du moins celles qu’on lui attribue. lui lieu d’asile.
On en trouve de plus ou moins authenti Cependant les persécutions contre les
ques, dans tous les musées et dans toutes protestants s’étant encore envenimées ,
les collections. une bande armée pénétra un jour dans la
En parlant des faux Palissy qui remplis maison de Palissy. Le malheureux artiste
sent les musées publics et privés, M. Dem- fut arrêté, mis en jugement, et sur le
min, dans son Guide de l'amateur, signale point d’être mis à mort comme héré
des plats, des coupes attribués au grand tique.
potier, et qui représentent Henri IV au mi C’est alors que toute l’influence de ses
lieu de sa famille ; d’autres où l’on voit des amis dut intervenir pour l’arracher à une
jardins dessinés par Lenôtre du temps de mort certaine. Le connétable Anne de Mont
Louis XIV, d’autres enfin qui se rapportent morency obtint du roi l’ordre de le faire
à des événements arrivés soixante ou qua mettre en liberté. Catherine de Médicis lui
tre-vingts ans après la mort de Palissy. On avait décerné le titre ^inventeur des rusti
a beau indiquer de semblables anachronis ques figulines du Roy et de la Royne mère,
mes, les amateurs et les collectionneurs ne titre insignifiant en apparence, mais qui
veulent pas avouer qu’ils ont été dupés. l’enlevait aux juridictions ordinaires. C’est
ce qui lui permit de quitter Saintes, pour
aller habiter la Rochelle, puis de venir se
fixer à Paris.
Catherine de Médicis autorisa le vieux
CHAPITRE XVIII Bernard à établir son atelier dans l’emplace
ment actuel du jardin des Tuileries. La
SUITE DE LA BIOGRAPHIE DE PALISSY. — PERSÉCUTIONS I
protection de la cour le sauva quand ar
RELIGIEUSES. — PROTECTION DE CATHERINE DE MÉDICIS. |
rivèrent les journées et les nuits funestes de
— SUCCÈS DE PALISSY A PARIS, NON-SEULEMENT COMME
la Saint-Barthélemy.
CÉRAMISTE, MAIS COMME SAVANT. — SON ÉGOÏSME AU
POINT DE VUE DES SECRETS ARTISTIQUES AVOUÉ PAR LUI-
Dans la notice biographique que nous
MÊME. — NOUVELLES PERSÉCUTIONS LORSQU’IL A ATTEINT
QUATRE-VINGTS ANS. — VISITE DE HENRI III A LA BAS- i avons consacrée à l’immortel potier de
TILLE. — FIÈBE RÉPONSE DE PALISSY. — SA MORT. — | Saintes, dans notre ouvrage, Vies des savants
SES PARENTS. illustres, nous avons prouvé que Bernard
Palissy fut un savant de premier ordre. Il est
Revenons à la vie de Palissy. Dès que l’on auteur d’une vingtaine de dissertations sur
eut vu, à la cour de Charles IX, quelques différents sujets minéralogiques, géologi
échantillons des rustiques figulines du potier ques, chimiques, etc. 11 fit, le premier,
de Saintes, Catherine de Médicis et quelques des cours publics, auxquels venaient assister
grands seigneurs lui vinrent en aide. La les hommes instruits de son temps. Il avait
reine mère sut le protéger contre les persé organisé un cabinet de géologie, le premier
cutions religieuses dont il était menacé. 11 qu’on ait connu à Paris; tous les savants
avait, en effet, embrassé la religion réformée étrangers, de passage dans notre capitale,