Page 259 - Les merveilles de l'industrie T1
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                    geot, et qui figure au musée du Louvre.   et il cherchait à la propager avec toute l’é­
                      On sait que Sauvageot a donné au Musée   nergie de son caractère.
                    du Louvre sa belle collection, évaluée un   Ses protecteurs l’engagèrent à modérer
                    million de francs.                        son zèle. Malgré les luttes religieuses dont
                      Nous n’essayerons pas d’énumérer toutes   le Poitou et la Saintonge étaient le théâtre,
                    les œuvres céramiques de Bernard Palissy,   ils obtinrent que son atelier fût déclaré pour
                    ou du moins celles qu’on lui attribue.    lui lieu d’asile.
                    On en trouve de plus ou moins authenti­     Cependant les persécutions contre les
                    ques, dans tous les musées et dans toutes   protestants s’étant encore envenimées ,
                    les collections.                          une bande armée pénétra un jour dans la
                      En parlant des faux Palissy qui remplis­  maison de Palissy. Le malheureux artiste
                    sent les musées publics et privés, M. Dem-   fut arrêté, mis en jugement, et sur le
                    min, dans son Guide de l'amateur, signale   point d’être mis à mort comme héré­
                    des plats, des coupes attribués au grand   tique.
                    potier, et qui représentent Henri IV au mi­  C’est alors que toute l’influence de ses
                    lieu de sa famille ; d’autres où l’on voit des   amis dut intervenir pour l’arracher à une
                   jardins dessinés par Lenôtre du temps de   mort certaine. Le connétable Anne de Mont­
                    Louis XIV, d’autres enfin qui se rapportent   morency obtint du roi l’ordre de le faire
                    à des événements arrivés soixante ou qua­  mettre en liberté. Catherine de Médicis lui
                    tre-vingts ans après la mort de Palissy. On   avait décerné le titre ^inventeur des rusti­
                    a beau indiquer de semblables anachronis­  ques figulines du Roy et de la Royne mère,
                    mes, les amateurs et les collectionneurs ne   titre insignifiant en apparence, mais qui
                    veulent pas avouer qu’ils ont été dupés.  l’enlevait aux juridictions ordinaires. C’est
                                                              ce qui lui permit de quitter Saintes, pour
                                                              aller habiter la Rochelle, puis de venir se
                                                              fixer à Paris.
                                                                Catherine de Médicis autorisa le vieux
                               CHAPITRE XVIII                 Bernard à établir son atelier dans l’emplace­
                                                              ment actuel du jardin des Tuileries. La
                    SUITE DE LA BIOGRAPHIE DE PALISSY. — PERSÉCUTIONS I
                                                              protection de la cour le sauva quand ar­
                     RELIGIEUSES. — PROTECTION DE CATHERINE DE MÉDICIS. |
                                                              rivèrent les journées et les nuits funestes de
                     — SUCCÈS DE PALISSY A PARIS, NON-SEULEMENT COMME
                                                              la Saint-Barthélemy.
                     CÉRAMISTE, MAIS COMME SAVANT. — SON ÉGOÏSME AU
                     POINT DE VUE DES SECRETS ARTISTIQUES AVOUÉ PAR LUI-
                                                                Dans la notice biographique que nous
                     MÊME. — NOUVELLES PERSÉCUTIONS LORSQU’IL A ATTEINT
                     QUATRE-VINGTS ANS. — VISITE DE HENRI III A LA BAS- i  avons consacrée à l’immortel potier de
                     TILLE. — FIÈBE RÉPONSE DE PALISSY. — SA MORT. — |   Saintes, dans notre ouvrage, Vies des savants
                     SES PARENTS.                             illustres, nous avons prouvé que Bernard
                                                              Palissy fut un savant de premier ordre. Il est
                      Revenons à la vie de Palissy. Dès que l’on   auteur d’une vingtaine de dissertations sur
                    eut vu, à la cour de Charles IX, quelques   différents sujets minéralogiques, géologi­
                    échantillons des rustiques figulines du potier   ques, chimiques, etc. 11 fit, le premier,
                    de Saintes, Catherine de Médicis et quelques   des cours publics, auxquels venaient assister
                    grands seigneurs lui vinrent en aide. La   les hommes instruits de son temps. Il avait
                    reine mère sut le protéger contre les persé­  organisé un cabinet de géologie, le premier
                    cutions religieuses dont il était menacé. 11   qu’on ait connu à Paris; tous les savants
                    avait, en effet, embrassé la religion réformée   étrangers, de passage dans notre capitale,
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