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248                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                                                               genre de poteries qui fait partie de la col­
                                                               lection de M. Demmin.
                                                                 Parmi les poteries artistiques françaises
                                CHAPITRE XVII                  antérieures à celles de Palissy, nous citerons
                                                               celles d’Avignon, de Rouen et d’Oiron, pe­
                                                               tite localité dans les environs de Thouars.
                     RENAISSANCE FRANÇAISE. — LES PRODUCTIONS CÉRAMIQUES
                      EN FRANCE AVANT BERNARD PALISSY. — BIOGRAPHIE   Quelques archéologues prétendent que
                      DE BERNARD PALISSY. — SES ÉTUDES. — SES VOYAGES.
                      — SA VOCATION COMME POTIER. — SES RECHERCHES POUR
                      TROUVER LA COMPOSITION DE L’ÉMAIL. — SES PREMIERS
                      SUCCÈS.— LA FAÏENCE DE PALISSY.— CARACTÈRES DE CETTE
                      FAÏENCE.


                       Lorsqu’on parle de la Renaissance fran­
                     çaise au point de vue de la céramique, le
                     premier nom qui se présente à l’esprit est
                     celui de Bernard Palissy, et pourtant on
                     avait produit en France de magnifiques
                     œuvres de l’art céramique avant les faïences
                     de l’illustre potier de Saintes.
                       Dans l’inventaire de Charles VI, dressé en
                     1399, on trouve un godet de terre de Beau­   Fig. 195. — Poterie parisienne du xme siècle,
                                                                          (collection de M. Demmin).
                     vais garni d’argent. Il fallait que ce godet
                     eût une certaine valeur artistique pour qu’on   c’est à Oiron qu’ont été fabriquées les pote­
                     l’eût orné d’une garniture d’argent.      ries fines dites de Henri 11, dont nous avons
                       Rabelais, dans Pantagruel, parle des po­  parlé plus haut, et que les amateurs dési­
                     teries de Beauvais, qui étaient fort admirées   gnent sous le nom de phénix, ou de sphinx
                     de son temps, puisqu’on les jugeait dignes   de la curiosité.
                     d'être données en présent aux rois de France.  Citons enfin, comme spécimens ayant pré­
                       A Troyes, en Champagne, on fabriquait   cédé les faïences de Bernard Palissy, les beaux
                     déjà, en 1225, des terres cuites revêtues d’un  | émaux qui ornent les parois de l’église Saint-
                     vernis plombifère. A Paris on produisait de  ’ Pierre à Chartres, et qui décoraient jadis la
                     1200 à 1300, des terres cuites sans vernis ni  , chapelle du château d’Anet. Ils sont dus à
                     couverte, mais le vernis plombifère apparais­  Léonard Limousin, né à Limoges en 1480, et
                     sait sur ces terres cuites de l’an 1300 à l’an   qui travailla dans cette ville pendant tout le
                     1500.                                     règne de François Ier. Ces émaux portent la
                       M. Forgeais, dans un ouvrage intitulé :   date de 1547, et représentent les douze
                     Collection des plombs historiés trouvés dans   apôtres, avec leurs emblèmes caractéristi­
                     la Seine, parle de poteries trouvées dans le   ques. On y voit aussi le chiffre et la salaman­
                     lit de ce fleuve, et dont la fabrication re­  dre de François 1er.
                     monte au xme siècle. Elles sont en terre cuite   Sans pousser plus loin cette énumération,
                     jaunâtre, faites sur le tour, et ornées de quel­  nous arrivons au célèbre potier de Saintes,
                     ques traits ou raies rouges ferrugineux qui   qui créa en France l’art de la faïencerie, alors
                     vont de haut en bas. Seulement elles sont   à peu près ignoré dans notre pays et qui de­
                     dépourvues de vernis. Nous donnons ici    puis assez longtemps s’était perdu ou avait
                     (fig. 195) le dessin d’un spécimen de ce  I été abandonné en Italie.
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