Page 249 - Les merveilles de l'industrie T1
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244                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                  Madrid, dans le bois de Boulogne, château   teau de Madrid, en 1525, avait excité la
                  bâti par François Ier, et que l’on nomme le   jalousie de Philibert Delorme. Notre célèbre
                  château de Faïence, à cause des belles déco­  architecte fit éprouver à l’artiste étranger
                   rations en terre émaillée qu’il renferme.  une suite d’avanies, à la suite desquelles ce
                     Un voyageur anglais qui visita le château  céramiste retourna dans sa patrie, en 1553.
                                                             Lorsque Philibert Delorme eut été disgracié
                                                             et remplacé, en 1559, par le Primatice, Gi-
                                                             rolamo délia Robbia fut rappelé en France
                                                             et au château de Madrid. Il en dirigea les
                                                             travaux jusqu’à sa mort qui arriva en
                                                           ' 1567.
                                                               Girolamo délia Robbia était devenu, par
                                                             la mort successive de tous les membres de
                                                             sa famille, le seul possesseur des secrets ar­
                                                             tistiques de son oncle, de son père et de ses
                                                             frères. Ils se perdirent avec lui.
                                                               Quant au château de Madrid et aux magni­
                                                             fiques décorations de Girolamo délia Rob­
                                                             bia, voici ce qu’il en advint. Le château
                                                             fut vendu, en 1793, comme propriété na­
                                                             tionale, puis démoli. Les terres cuites avaient
                                                             été mises à part, elles furent achetées par un
                                                             paveur.... qui en fit du ciment !... Habentsua.
                                                           \ fata castella !




                            Fig. 19?. — Lucca délia Robbia.
                                                                         CHAPITRE XVI
                   de Madrid, en 1650, parle de ces peintures
                   décoratives dans les termes suivants :    SUITE DE LA RENAISSANCE ITALIENNE. — LA FABRICATION
                                                               de pesaro. —la demi-majolique. — L'époque galante
                                                               DE LA CÉRAMIQUE : LES BUSTES, LES büllale, LES COppe
                     « Je suis sorti de la ville pour voir le palais
                                                               amatorie. — une fausse légende : les raphaels cé­
                   nommé Madrid bâti par François 1er. 11 est remar­
                                                               ramistes. — PERFECTION DE LA MAJOLIQUE DE PE-
                   quable par son style d’architecture ; un grand nom­
                                                               SARO.
                   bre de terrasses et de galeries s’élèvent les unes au-
                   dessus des autres jusqu’au toit; les matériaux dont
                   il est construit sont principalement des terres pein­  Après avoir parlé de la famille délia
                   tes comme lesporcelaines de Chine dont les couleurs   Robbia, nous devons nous arrêter un mo­
                   sont très-franches, mais fragiles. On y voit des sta­  ment sur la fabrication de la faïence, dont
                   tues et des bas-reliefs entiers dans ce même genre,
                   des cheminées et des colonnes à l’intérieur comme   Pesaro, ville de l’ancien duché d’Urbin,
                   à l’extérieur (1). »                      était le centre.
                                                               On a revendiqué à tort, pour la ville de
                     Girolamo délia Robbia, qui avait com­   Pesaro, le mérite de l’invention des majo-
                   mencé à travailler à la décoration du châ-  liques. Un auteur italien, très-estimé, Pas-
                                                             seri, prétend que des fabriques de poterie
                     (1) Journal d’Evelyn. Paris, 25 avril 1650.  ont existé dans cette ville depuis les temps
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