Page 248 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                             243

           présentant la Résurrection, qui est placé au-   ouvrages de Lucca n’est pas le seul caractère
          dessus de la porte de la sacristie de l’église   auquel on puisse les reconnaître ; ses procé­
           Sainte-Marie des Fleurs, à Florence. Ce bas-   dés sont tout spéciaux, l’émail qu’il emploie
           relief est blanc sur fond bleu. Plus tard   est mince, délié, presque transparent, le
          Lucca délia Robbia se servit d’autres cou­  bleu de ses fonds est calme et modéré.
           leurs. Dans un bas-relief qui date de 1446,   C’est d’après ces indices qu’on peut at­
           et qui représente l’Ascension, on voit du   tribuer à Lucca le rétable dont nous venons
          vert, du brun violacé et du jaune ; mais   de parler, bien que quelques céramistes pen­
           Lucca se servit toujours de préférence des   sent qu’il est l’œuvre de Giovanni délia
           couleurs blanche et bleue.                Robbia.
             Les œuvres de Lucca sont fort rares, et   Lucca mourut en 1481, après avoir porté
           n’existent guère qu’en Toscane. On attribue   son art à un degré de perfection qu’aucun
           à ce sculpteur plusieurs retables qui sont des   de ses successeurs ne sut atteindre.
           mains de son neveu et d’autres parents, dont   Il avait été aidé dans ses travaux par son
           nous parlerons tout à l’heure. Mais ce qui   neveu Andrea délia Robbia, né en 1437.
           peut être considéré comme authentique,    Celui-ci possédait tous les secrets de fabri­
           c’est-à-dire comme exécuté par Lucca délia   cation de son oncle ; mais il n’était pas
           Robbia lui-même, c’est le célèbre retable qui   doué du même génie créateur. Après la
           fut placé dans l’église de San-Miniato, près de   mort de Lucca, il se borna le plus souvent
           Florence, et qui a longtemps fait partie de   à faire des médaillons et des tableaux d’au­
           la collection Sauvageot, collection qui se   tel, qui ne manquent pas de mérite, mais
           trouve aujourd’hui au Louvre.             qui ne rappellent que de loin les chefs-
             Ce rétable (fig. 191, page 241) se compose   d’œuvre de Lucca.
           de quatre parties et de deux pilastres ; le   Andrea délia Robbia mourut en 1528,
           fond est d’un beau bleu céleste ; les figures   laissant quatre fils, qui continuèrent les
           sont blanches, les fruits, le calice, sont d’un   traditions de la famille. Ils firent en com­
           jaune d’or, les guirlandes vertes. L’épaisseur   mun la décoration de l’hôpital du Ceppo à
           de la faïence est de 4 centimètres.       Pistoie. Nous avons vu, à Pistoie, cette belle
             M. Barbet de Jouy, qui a fait un travail   pièce de céramique peinte, qui surmonte la
           spécial sur les divers artistes de la famille   porte de l’hôpital, situé sur une place publi­
           délia Robbia, fait remarquer, avec raison,   que.
           que Lucca se distingue de ses successeurs   Plus tard, chacun des fils de Robbia pro­
           par le sage emploi des procédés de la pein­  duisit des œuvres particulières. Fra Am-
           ture vitrifiable. Statuaire, il ne s’écarte pas   brosio se fit dominicain, mais on connaît
           des principes de son art. 11 épargne les   de lui un rétable dans le couvent de Saint-
           clairs et jette l’émail blanc sur les seuls   Esprit, à Sienne. Giovanni est l’auteur du
           accessoires. Une coloration modérée re­   maître-autel de l’église du couvent de Saint-
           hausse toujours les draperies ou les encadre­  Jérôme, à Florence, et de plusieurs rétables,
           ments de ses suaves compositions.. Les mou­  dont on remarque les brillantes couleurs.
           lures sont en petit nombre, et s’il les entoure   Lucca, son troisième fils, alla s’établir à
           d’une couronne de feuillages ou de fleurs,   Rome, où le pape Léon X le chargea de
           celles-ci sont d’un doux relief et choisies   l’exécution des carreaux pour le dallage des
           parmi les plus simples, comme la rose d’é­  loges du Vatican. Enfin, le quatrième fils
           glantier ou le lis.                       d’Andrea, Girolamo délia Robbia, fut appelé
             Le style pur, souvent raphaélesque, des   en France, pour la décoration du château de
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