Page 240 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 240

POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                             233

          poteries, c’est-à-dire qu’on les revêtit d’un '  d’une église de Rostock, et dont la fabrica­
          enduit qui rendait impossible l’action ab- I  tion date de 1150 à 1200 après J.-C. Au Mu­
          sorbante de la terre sur les liquides.     sée des objets d’art saxons du Moyen Age, à
            Mais c’est ici que commencent les per- i  Dresde, on voit plusieurs fragments de
          plexités de l’historien et de l’archéologue. :   carreaux en terre cuite provenant du cou­
          11 est établi que le vernis de plomb est le   vent de Zelle, qui remontent au xne ou au
          premier dont on se soit servi pour rendre les   xni' siècle.
          poteries imperméables aux liquides. Mais     La brique émaillée représentant le Christ,
          l’oxyde d’étain seul donne un véritable émail.   et que nous reproduisons (fig. 188), d’après
          En quel pays, et à quelle époque a-t-on com­
          mencé à introduire dans la glaçure de l’oxyde
          d’étain? En d’autres termes, à quelle époque
          a-t-on, pour la première fois, produit de la
          faïence? Cette question divise les érudits et
          n’a pas encore été résolue d’une manière dé- |
          finitive.
             C’est à Lucca délia Robbia qu’on attribue j
           l’invention de la faïence, ou poterie à enduit 1
          stannifère. Cette invention ne remonterait, '
          d’après cette opinion, qu’à l’année 1423 j
           ou 1430. Mais il est bien établi aujourd’hui
          que la connaissance de la faïence, ou du
           moins des poteries recouvertes d’un émail '
           à base d’étain, est beaucoup plus ancienne
           et bien antérieure à Lucca délia Robbia.

             « On trouve au Louvre, ditM. Demmin, des verre­
           ries égyptiennes et grecques où l’émail stannifère
                                                          Fig. 1S8. — Brique émaillée du xme siècle.
           est manifeste, et des poteries arabes et allemandes
           où cette glaçure a déjà été utilisée bien avant les
           délia Robbia; sans parler de tous les émaux cloi­  l’ouvrage que nous venons de citer, est
           sonnés où le blanc peut aussi bien contenir de l’étain
                                                     d’une date antérieure encore.
           que du sulfate de chaux (<). »
                                                       Le couvent de Saint-Paul à Leipzig, dont
             L’auteur du Guide de l'amateur de faïences !  la première construction fut achevée en
           et de porcelaines, en faisant connaître le ।  1207, avait une frise composée de grandes
           résultat de ses recherches sur les produc­  briques émaillées. Les sculptures en haut
           tions des anciens céramistes allemands, a   relief de cette frise représentaient des tètes
           beaucoup contribué à élucider la question   de Christ, de saints et d’apôtres. Quand on
           qui nous occupe. Il a prouvé qu’il existe en   démolit ce couvent, pour bâtir sur son em­
           Allemagne des terres cuites à émail stanni­  placement l’université actuelle, plusieurs
           fère, qui remontent au milieu du xnc siècle, j de ces briques furent brisées ou vendues.
             Le Musée germanique de Nuremberg, par   Deux furent acquises par le Musée Japonais
           exemple, possède des carreaux de pavage   et le Musée d'objets d’art du Moyen Age, de
           à émail stannifère bleu et blanc, provenant  Leipzig. Une troisième fait partie de la col­
                                                     lection de M. Demmin, et on n’en connaît
            (1) Guide de l'amateur de faïences et de porcelaines, t. Ier. • pas d’autres échantillons. C’est une brique
   235   236   237   238   239   240   241   242   243   244   245