Page 237 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 237

232                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                    M. Charvet, que M. du Cleuziou a décrite    Malheureusement les tentatives faites au
                    dans l’ouvrage qui nous a fourni cette figure   Moyen âge par les ouvriers en l’art de terre,
                    et la citation précédente.                étaient isolées, et le défaut de communica­
                                                              tions empêchait les progrès accomplis de se
                      Nous terminons là cette étude des potiers   généraliser et de se répandre. De là les dif­
                    germains et gaulois. Mais notons, en pas­  ficultés que les archéologues éprouvent à
                    sant, l’observation qui vient d’être faite   suivre le développement de la céramique au
                    à propos des potiers de Dijon, qui auraient   Moyen âge, difficultés qu’avouent si franche­
                    trouvé l’art de revêtir d’émail leurs terres !   ment MM. Paul Lacroix et Ferdinand Serré.
                    cuites, plusieurs siècles avant Bernard Pa- !
                                                                Les potiers de cette époque se contentaient
                    lissy. C’est une question sur laquelle nous   de fabriquer les ouvrages destinés aux be­
                    aurons à revenir bientôt.                 soins de l’économie domestique ou aux tra­
                                                              vaux de l’industrie la plus commune. La
                                                              lampe du campagnard, les ustensiles culi­
                                                              naires, les vases pour transporter ou pour
                                                              conserver l’eau, l’huile et le vin, tout cela
                                CHAPITRE XIV                  continuait à se fabriquer en terre cuite plus
                                                              ou moins soignée, mais sans aucun caractère
                    LA CÉRAMIQUE AU MOYEN AGE. — LE PAVAGE DES ÉGLISES.
                                                              artistique.
                      — LES DALLES ÉMAILLÉES. — HISTOIRE DE L’ÉMAIL. —
                      LA FAÏENCE. — SA DÉFINITION.— SA VÉRITABLE PATRIE.   Cependant le mouvement catholique va se
                      — PERPLEXITÉS DES ARCHÉOLOGUES. — LES PREMIÈRES
                                                               dessiner. Voici l’architecture ogivale, avec
                      TERRES CUITES STANNIFÈRES EN ALLEMAGNE. — L’ÉTAIN
                                                               ses réminiscences de l’art moresque; voici
                      EMPLOYÉ EN ITALIE DANS LES POTERIES AVANT 1330. —
                      LES TUILES ET LES VASES DE I.’aLHAMBRA. — I.’lLE DE
                      MAJORQUE. — ORIGINE DES MAJOLIQUES OU FAÏENCES.
                      Dans leur livre si remarquable, le Moyen
                    âge et la Renaissance, MM. Paul Lacroix et
                    Ferdinand Serré, avaient dit :

                      « L’histoire céramique du Moyen âge est encore
                    couverte d’un voile qui, probablement, doit rester
                    impénétrable. En effet, malgré les investigations in­
                    cessantes des comités locaux, malgré la mise en lu­
                    mière de chartes nombreuses, rien n’est venu résou­
                    dre les incertitudes de l’archéologie touchant les
                    lieux où la fabrication de ces poteries a pris nais­
                    sance. »
                       Au milieu de la sombre période du Moyen
                    âge, alors que les sciences étaient comme voi­
                     lées et les efforts artistiques à peu près sus­  fig. 18.6. — Carreau émaillé provenant du pavage d’une
                                                                            église, au Moyen âge.
                     pendus , la céramique eut pourtant la rare
                     fortune de ne pas disparaître complètement,
                     et de montrer, de temps à autre, qu’elle   les dalles historiées, qui vont décorer les
                     n’attendait qu’une éclaircie pour prouver   parvis des temples. Au retour des croisades,
                     qu’elle avait droit à une place au soleil,   l’ornementation européenne commence à
                     lorsque viendrait à luire Père de la Renais­  s’enrichir de la reproduction des beautés de
                     sance des arts.                            la nature. Bientôt des briques en terre rouge
   232   233   234   235   236   237   238   239   240   241   242