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232 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
M. Charvet, que M. du Cleuziou a décrite Malheureusement les tentatives faites au
dans l’ouvrage qui nous a fourni cette figure Moyen âge par les ouvriers en l’art de terre,
et la citation précédente. étaient isolées, et le défaut de communica
tions empêchait les progrès accomplis de se
Nous terminons là cette étude des potiers généraliser et de se répandre. De là les dif
germains et gaulois. Mais notons, en pas ficultés que les archéologues éprouvent à
sant, l’observation qui vient d’être faite suivre le développement de la céramique au
à propos des potiers de Dijon, qui auraient Moyen âge, difficultés qu’avouent si franche
trouvé l’art de revêtir d’émail leurs terres ! ment MM. Paul Lacroix et Ferdinand Serré.
cuites, plusieurs siècles avant Bernard Pa- !
Les potiers de cette époque se contentaient
lissy. C’est une question sur laquelle nous de fabriquer les ouvrages destinés aux be
aurons à revenir bientôt. soins de l’économie domestique ou aux tra
vaux de l’industrie la plus commune. La
lampe du campagnard, les ustensiles culi
naires, les vases pour transporter ou pour
conserver l’eau, l’huile et le vin, tout cela
CHAPITRE XIV continuait à se fabriquer en terre cuite plus
ou moins soignée, mais sans aucun caractère
LA CÉRAMIQUE AU MOYEN AGE. — LE PAVAGE DES ÉGLISES.
artistique.
— LES DALLES ÉMAILLÉES. — HISTOIRE DE L’ÉMAIL. —
LA FAÏENCE. — SA DÉFINITION.— SA VÉRITABLE PATRIE. Cependant le mouvement catholique va se
— PERPLEXITÉS DES ARCHÉOLOGUES. — LES PREMIÈRES
dessiner. Voici l’architecture ogivale, avec
TERRES CUITES STANNIFÈRES EN ALLEMAGNE. — L’ÉTAIN
ses réminiscences de l’art moresque; voici
EMPLOYÉ EN ITALIE DANS LES POTERIES AVANT 1330. —
LES TUILES ET LES VASES DE I.’aLHAMBRA. — I.’lLE DE
MAJORQUE. — ORIGINE DES MAJOLIQUES OU FAÏENCES.
Dans leur livre si remarquable, le Moyen
âge et la Renaissance, MM. Paul Lacroix et
Ferdinand Serré, avaient dit :
« L’histoire céramique du Moyen âge est encore
couverte d’un voile qui, probablement, doit rester
impénétrable. En effet, malgré les investigations in
cessantes des comités locaux, malgré la mise en lu
mière de chartes nombreuses, rien n’est venu résou
dre les incertitudes de l’archéologie touchant les
lieux où la fabrication de ces poteries a pris nais
sance. »
Au milieu de la sombre période du Moyen
âge, alors que les sciences étaient comme voi
lées et les efforts artistiques à peu près sus fig. 18.6. — Carreau émaillé provenant du pavage d’une
église, au Moyen âge.
pendus , la céramique eut pourtant la rare
fortune de ne pas disparaître complètement,
et de montrer, de temps à autre, qu’elle les dalles historiées, qui vont décorer les
n’attendait qu’une éclaircie pour prouver parvis des temples. Au retour des croisades,
qu’elle avait droit à une place au soleil, l’ornementation européenne commence à
lorsque viendrait à luire Père de la Renais s’enrichir de la reproduction des beautés de
sance des arts. la nature. Bientôt des briques en terre rouge