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228 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.

sont pas enrichis d’ornements coloriés. Les villages—quecesvases sont le produit de la
anciens Germains n’avaient pas les moyens fabrication d’un peuple nain : aussi les ap­
de fabriquer des couleurs que 1 on put ap­ pelle-t-on des pots nains. Les paysans de
pliquer solidement sur les poteries. Ils se Dessau et de Torgau affirment encore au­
bornaient à les orner de dessins en lignes jourd’hui que cette fabrication souterraine
disposées avec une très-ingénieuse variété. continue, que la manufacture des mines ne
Quant aux urnes cinéraires proprement chôme pas, car elle remplace les vieilles
poteries par de nouvelles, au fur et à mesure
qu’elles sont enlevées.
On sait que le monde souterrain a toujours
troublé les cerveaux des Allemands. C’est
chez eux qu’ont brillé de tout temps les
éternelles légendes des gnomes et des nains,
habitants mystérieux des mines et des ca­ Fig. 181, 182 et 183. — Vases germains à compartiments.
vernes. Ces mêmes superstitions subsistent
encore chez ce peuple, qui se vante d’être si
Voilà les contes bleus de nos têtes car­ petites pierres, qui font entendre un cer­
avancé dans la voie de la science et du progrès.
rées !... tain bruit lorsqu’on les agite. C’étaient des
Dans la Lusace, les paysans croient que
Les vases funèbres qu’on a découverts en espèces de hochets pour les enfants. Ils
les vases anciens poussent comme des truffes.
Allemagne ont donné lieu à quelques re­ ont reçu le nom allemand de Kinder-
Ils se garderaient bien de les déterrer en hi­
marques intéressantes. Klappern (crécelles d’enfants). Cette expli­
ver., parce qu’ils sont alors, disent-ils, de 5 à
Nous avons indiqué la position des vases cation est d’autant plus vraie que dans
6 mètres plus enfoncés sous le sol. Au mois
trouvés dans la campagne de Naples et dans les mêmes tombeaux on a trouvé d’autres
de mai, ils commencent à croître ; ils s’élè­
l’île de Chélidromia. On trouve dans l’atlas jouets. D'ailleurs, ces mêmes tombeaux
vent, et indiquent, comme les truffes, leur
du Traité des Arts céramiques de Brongniart, renfermaient des squelettes d’enfants.
présence par une sorte de tuméfaction du sol.
un dessin représentant une tombe de famille La coutume d’enterrer des enfants avec
Dans le Wendenland hanovrien règne une
germaine renfermant des corps et des urnes leurs jouets de prédilection s’est transmise, de
superstition d’une autre nature. Là on con­
cinéraires. La disposition des corps et des génération en génération, des Germains aux
sidère ces vases comme les urnes funéraires
vases est la même que celle que nous avons Gaulois et à leurs descendants, et l’on pour­
des anciens Vandales. Lee paysans cassent
dites, on en a trouvé en nombre considé­ signalée dans le chapitre Ve de cette Notice rait citer un cimetière des environs de Paris
impitoyablement toutes les urnes qu’ils dé­
rable, et on en trouve encore fort souvent (pages 177 et 179). Cette tombe fut mise à où se voient plusieurs exemples de cette cou­
couvrent, convaincus que l’âme du Vandale
dans plusieurs parties de l'Allemagne, jour dans la colline d’Unterwalden, près tume touchante.
surtout dans l’espace limité à l’ouest par le dont elles renferment les cendres, viendrait d’Oberfanenstadt. D’autres sépultures germaines sont for­
Weser, à l’est par l’Oder, et au sud par inquiéter celui qui emporterait ces antiques Dans d’autres tombeaux on a trouvé des mées de blocs irréguliers, de pierres accu­
l’Erzgebirge (nord de la Rohême), dans la débris. urnes cinéraires, accompagnées d’autres va­ mulées et disposées en voûte. Beaucoup de
basse Saxe, la Thuringe, la haute Saxe, le Ici le véritable Vandale, c’est l’inepte des­ ses plus petits, qui avaient dû être disposés ces tombes ne renferment pas de squelette.
tructeur de ses antiquités nationales.
Mccklembourg, la Lusace et la Silésie (I). avec beaucoup de symétrie, mais dont quel­ C’est que le corps a été préalablement brû­
Des auteurs allemands disent que, dans
Le grand nombre de ces urnes et des au­ ques-uns ont été dérangés ou brisés par les lé, et que les os brisés, réunis à la cendre des
quelques villages du Hanovre, ces vases sont
tres poteries qui les accompagnent, a fait éboulements que causent les animaux fouis­ parties molles, ont été placés dans les urnes
naître dans l’esprit des paysans allemands les appelés pots à lait. Nos absurdes rêveurs seurs qui rôdent dans les campagnes. qu’on trouve renfermées dans la tombe.
superstitions les plus étranges. Ainsi on d’outre-Rhin s’imaginent que le lait qu’on Les vases ou autres objets que l’on trouve On a souvent trouvé, non dans les tombes
croyait —et l’on croit encore dans quelques place dans de vieux vases, produit de meil­
dans les tombeaux germains, sont, ou des ur­ mêmes, mais à leur entrée, des plats, des
leure crème et de meilleur beurre. Ils croient
(I) On a remarqué que toutes les urnes cinéraires ger­ nes cinéraires, ou des objets qu’avaient affec­ coupes, des espèces de jattes, ayant la même
maines ont été trouvées au nord du Danube. Là, on ne connaît également que si on met dans les urnes rondes
point de poteries romaines ; tandis qu’au sud de ce fleuve, l’eau que l’on donne à boire aux poulets, tionnés ceux qui dorment dans ces sépultures. pâte, la même texture, le même système d’or­
les poteries romaines sont en nombre considérable, et les On trouve souvent des pots en terre cuite, nements. On croit que ces coupes et ces vases,
poteries germaines fort rares, au contraire. on les garantit de toute maladie!...
percés de plusieurs trous et remplis de qui ne renfermaient aucun vestige de cendres