Page 242 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 242

236  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.  POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                       237





























 Fig. 189. — Brique émaillée de l’Alhambra.


 cassée, de 35 centimètres de longueur sur   Le tombeau du duc de Silésie se trouve
 48 centimètres de largeur. Le sujet du mo­  dans le presbytère de la Kreuzkirche (église
 delage est, comme le représente la figure   de la Croix) bâtie par les ordres du duc de
 188, une tète du Christ, telle que les artistes   Breslau (Silésie), en 1280. Le monument fut
 la concevaient au xme siècle et tout à fait   érigé en 1290, après la mort de ce duc, qui
 dans le caractère byzantin.  est célèbre dans la poésie allemande, comme
 Ces briques, recouvertes A'émail en trois   minnesinger (troubadour). Le sarcophage
 différentes nuances, sont, aussi bien que les   est entouré de vingt-une figures et d’autant
 carreaux de Rostock, d’une haute importance   de têtes d’anges en bas-relief. On voit la fi­
 pour l’histoire de la céramique. Si elles sont   gure en pied et de grandeur naturelle du duc,
 authentiques (et nous n’avons pas le droit de   couché, en cotte de maille, et recouvert
 mettre en doute leur authenticité), elles   du manteau d’hermine orné des aigles silé-
 prouvent que la faïence à émail stannifère   siennes. Il est coiffé du diadème ducal; sa
 était fabriquée dans le nord de l’Allemagne   main droite tient le sceptre-glaive, et sa main
 deux cents ans avant celle que Lucca délia   gauche l’écusson aux armes de sa maison,
 Robbia produisait à Florence !  avec l’aigle silésienne, tandis qu’un autre
 La même preuve nous est fournie par une   écusson est orné de l’aigle polonaise. Les
                                        fig. 190. — Vase de t’Alhambra.
 terre cuite à émail stannifère qui remonte à   couleurs des émaux sont belles et vives. Le
 1290, et qui appartient à la grande sculp­  rouge et le vert sont d’une grande vigueur.
 ture. C’est, comme le dit M. Demmin, une   M. Salvétat, qui a contesté l’antériorité des   M. Demmin répond péremptoirement aux   rait pas été exécuté un ou plusieurs siècles
 œuvre capitale dont l’ancienneté et les di­  terres cuites émaillées allemandes, se borne   doutes de M. Salvétat, qui reconnaît n’ayoir   postérieurement à la mort du duc Henri IV,
 mensions dépassent de beaucoup les ouvra­  à dire, à propos de ce sarcophage :  pas vu ce travail, et qui, par conséquent, ne   M. Demmin fait la remarque suivante,
 ges de poterie émaillée de tous les pays.   peut pas nier, en connaissance de cause,   donton ne peut méconnaître l’importance :
 « Je n’ai pas vu le travail; mais est-on bien cer­
 Nous voulons parler du tombeau du duc   tain que ce soit delà poterie émaillée et qu’il porte   qu’il ne s’agisse ici d’un véritable émail.
                                                       « Personne n’ignore aujourd’hui que les artistes
 Henri IV de Silésie.  la même date que la mort du duc ( I ) ?»  Quant à la question de savoir si, malgré la   du Moyen Age, e( même souvent ceux des siècles sui­
 La figure 187, page 233, représente ce re­  concordance du costume et du caractère   vants (comme par exemple ceux de toute l’école
 (1) Note sur les poteries allemandes, ajoutée à la tra­
 marquable monument de l’art céramique.  duction de Marryat, tome II.  avec afin du xme siècle, ce sarcophage n’au­  hollandaise du xvn° siècle), ne tenaient aucun
   237   238   239   240   241   242   243   244   245   246   247