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LE VERRE ET LE CRISTAL. 153
152 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
retrouvons les débris pétrifiés dans le sein de la « Silicatisation. — M. Kuhlmann en observant la
appliquant sur les vitres. Le sulfate de ba pression de 5 ou 6 atmosphères, dans une terre, ont, dans les exposés de M. Kuhlmann, une grande affinité de la chaux pour la silice, sortant à
ryte, l’outre-mer, l’oxyde de chrome, etc., chaudière, la potasse ou la soude caustique liaison intime et heureuse avec les considérations l’état naissant de sa combinaison avec la potasse, fut
plus pratiques concernant la formation de nou conduit à étudier également faction des silicates de
mêlés au silicate de potasse, donnent des avec des rognons de silice. veaux ciments, le durcissement des calcaires poreux
couleurs fixes, semblables aux couleurs demi- utilisés pour la conservation des monuments, l’ap
transparentes des vitraux peints. On peutob- Nous venons de donner un exposé aussi plication et la fixation, par le moyen des silicates
■alcalins, des couleurs minérales sur les pierres, le
tenir ainsi, à très-bon marché, une peinture exact que nous avons pu le faire des
bois, le verre, les métaux, le papier, les étoffes,
sur verre, de sorte que cette application spé travaux de M. Kuhlmann sur les emplois etc., la substitution d’une nouvelle base blanche (le
ciale serait une ressource très-utile pour les industriels du verre soluble. Cette nouvelle sulfate de baryte) à la céruse et au blanc de zinc.
L’on ne sait ce qui doit être le plus loué dans
églises qui n’ont que peu de ressources. branche de l’industrie étant marquée au
11. Kuhlmann, de l’esprit ingénieux et scrutateur ou
Ajoutons que si l’on passe au feu les vitres coin du caractère scientifique le plus ac de l’esprit persévérant et tenace à poursuivre la
ainsi recouvertes d’enduits silicatés, on ob centué et étant encore peu connue, nous réalisation de ses idées et la vulgarisation de ses mé
tient de très-belles surfaces émaillées. La croyons utile, en terminant ce chapitre, et thodes pour lesquelles il n’a pas reculé devant des
dépenses considérables.
peinture sur verre pourrait se faire ainsi à pour compléter l’exposition analytique qui « Théorie des chaux hydrauliques. — La liqueur
peu de frais. précède, de reproduire une partie d’un rap des cailloux, silicate de potasse ou silicate de soude,
Les dissolutions siliceuses ont encore port qui fut adressé, en 1859, au Ministre de est la base des nouveaux procédés. Dès l’année 1840,
des recherches sur l’origine et la nature des efflo
servi à M. Kuhlmann pour remplacer l’albu l’agriculture et du commerce, par une com rescences des murailles avaient donné à M. Kuhl- j
mine que l’on emploie aujourd’hui pour mission qui avait M. Dumas pour rapporteur. mann l’occasion de constater la présence de la po
fixer les couleurs dans l’impression des Les nouvelles applications du verre soluble tasse et de la soude dans la plupart des calcaires des
diverses époques géologiques, en plus forte pro
étoffes. Pour se servir, dans ce cas, de la dis sont exposées dans ce travail avec lucidité.
portion dans les calcaires hydrauliques que dans
solution de silicate de potasse, on la mé Voici les principaux passages de ce rapport. les calcaires à chaux grasse. Quelle influence pou
lange à la couleur au moment de l’impres vaient-ils avoir sur la propriété hydraulique ?
sion. Quelques jours après, le dessin prend « La commission chargée par le Ministre de l’a M. Kuhlmann pensa que, sous l’influence de la po
griculture et du commerce, de lui rendre compte tasse et de la soude, les calcaires siliceux pouvaient
une consistance telle que le savonnage aux donner lieu, par la calcination, à des combinaisons
des résultats obtenus par M. Kuhlmann, professeur
alcalis ne l’altère pas. de chimie à Lille, dans l’application des silicates doubles de chaux, de silice ou d’alumine et d’un
M. Kuhlmann a fait encore l’application alcalins solubles au durcissement des pierres poreu alcali, analogues à celles que l’on obtiendrait par la Fig. 101. — Kuhlmann, de Lille.
des silicates alcalins à l’apprêtage des fils et ses, à la peinture, etc., s’est mise en rapport avec calcination de quelques espèces minérales hydratées, potasse et de soude sur les pierres calcaires, sur la
l’inventeur de cet ingénieux procédé. M. Kuhlmann telles que l’apophyllite, la stilbite, l’analcime ; que
des tissus de toute nature. Cet apprêt, en ces combinaisons mises ensuite en contact avec 1 eau craie en particulier. 11 reconnut tout d’abord que si
s’est mis lui-méme obligeamment à la disposition de
meme temps qu’il fournit de la rigidité aux la commission, pour exposer devant elle les prin subissaient une action analogue à celle qui amène l’on met à froid de la craie en contact avec une dis
étoffes, leur donne un caractère d’incom cipes théoriques qui l’ont successivement amené à la la consolidation du plâtre, une hydratation et, par solution de silicate de potasse, une portion de la
création d’une nouvelle industrie. 11 lui a ouvert son suite un durcissement. craie se transforme en silicéo-carbonate de chaux,
bustibilité. « L’effet principal de la potasse et de la soude tandis qu’une portion correspondante de potasse est
laboratoire, dans lequel la commission a trouvé la
réalisation de tous les faits pratiques annoncés par était de transporter une certaine portion de silice déplacée ; que la craie durcit peu à peu à l’air, prend
On voit combien sont grandes et précieuses l’inventeur, et a pu suivre, pas à pas pour ainsi dire, sur la chaux et de donner naissance à des silicates une durée plus grande que celle des meilleurs ci
ments hydrauliques, et que, mise en pâte avec le si
les propriétés du silicate de potasse. Il nous les progrès de son idée. M. Kuhlmann lui a ouvert avides de prendre l’eau pour ne conserver que l’eau
également les portes de ses usines de la Madeleine et nécessaire à leur composition d’hydrates et se solidi licate, elle a la propriété d’adhérer fortement aux
reste à dire comment l’inventeur fabrique fier. De nombreux faits vinrent à l’appui de cette corps à la surface desquels elle est appliquée. 11
de Saint-André, près Lille, dans lesquelles la fabri
industriellement ce composé. cation des silicates alcalins et du sulfate de baryte a théorie. De la chaux grasse mise en contact avec une avait donc découvert un mastic propre à la restau
M. Kuhlmann prépare le verre soluble pris déjà une extension considérable, qui s’accroît de dissolution de silicate de potasse se transforme im ration des monuments publics, à la fabrication des
jour en jour ; il lui a fait visiter enfin les divers mo médiatement en chaux hydraulique. De la chaux objets de moulure. Poussant plus loin ses expérien
par deux moyens : ces, il constatait que la craie en pierre naturelle,
numents et les habitations situés à Lille, auxquels la grasse et du silicate alcalin, pulvérisés très-fin et
1° Par voie ignée, en chauffant dans un silicatisation a été appliquée. mélangés dans la proportion de 11 de silicate sur plongée dans une dissolution de silicate de potasse,
creuset, au four à réverbère, du carbonate « Les faits signalés à la commission, les expérien 100 de chaux, donnent également une excellente pouvait absorber une quantité de silice considérable,
en exposant alternalivement et à plusieurs reprises
chaux hydraulique. Un mortier de chaux grasse ar-
de potasse ou de soude et de la silice ces exécutées devant elle, sont de la plus haute im la craie à l’action delà dissolution et à celle de l’air;
portance pour les sciences, les arts et l’industrie. Les ' rosé à diverses reprises avec une dissolution de sili
réduite en poudre et lavée. Après un cate alcalin se transforme en mortier hydraulique. que cette pierre prenait avec le temps une grande
considérations géologiques de l’ordre le plus élevé
certain temps de chauffage, le silicate ou sur la formation des roches, sur la possibilité de re Enfin, avec le silicate vitreux et la chaux, l’on peut dureté à la surface; que le durcissement, d’abord
produire des ciments hydrauliques plus ou moins ’ superficiel, pénétrait ensuite peu à peu dans le cen-
verre soluble se produit ; on coule la ma produire artificiellement et par des moyens fort sim énergiques et qui peuvent être utilisés dans les pays : tre, de telle sorte qu’un échantillon soumis à l’expc-
ples la plupart des matières minérales cristallisées;
tière et on la conserve dans des vases bouchés ; où il n’existe que des calcaires à chaux grasse. ' rience, il y a quinze ans, et mis sous les yeux de la
sur les transformations qui se sont accomplies dans
2° Par voie aqueuse, en chauffant, à la les organes des végétaux et des animaux dont nous T. I. ' 20