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148 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

peinture en détrempe et dans la peinture sur dations, M. Kuhlmann a cherché des moyens
verre. pratiques et peu dispendieux de fixer la po­
Les pierres tendres sont bien plus com­ tasse et de la rendre insoluble. Ce qui lui a le
munes que les pierres dures, et elles se prê­ mieux réussi, c’est l’acide hydrofluosilicique.
tent à toutes les formes que l’artiste veut leur M. Kuhlmann est parvenu, d’ailleurs, à ren­
donner; aussi les emploie-t-on plus fréquem­ dre les procédés de fabrication de l’acide
ment que les pierres dures, dans les construc­ hydrofluosilicique, manufacturiers et écono­
tions et les œuvres d’art. Malheureusement miques.
ces pierres si faciles à travailler, sont très- Lorsque les calcaires tendres ont été sili-
sensibles à l’action du temps et de l’humidité. catisés, que le durcissement a été obtenu et
Un grand progrès serait donc réalisé si on que le lavage a eu lieu, on les imprègne
pouvait durcir les pierres tendres une fois d’une dissolution très-affaiblie d’abord, en­
qu’elles ont servi à construire un monument, suite plus forte, d’acide hydrofluosilicique.
et si l’on pouvait également durcir les pierres Cet acide pénètre dans la pierre, et forme avec
que le ciseau du sculpteur a transformées en la potasse un composé insoluble qui contri­
œuvres d’art, pourvu, toutefois, que le pro­ bue également au durcissement de la pierre.
cédé de durcissement n’en altérât pas les M. Kuhlmann a reconnu que les mêmes
surfaces. C’est ce problème que M. Kuhlmann effets de durcissement se produisent si on
a résolu, grâce à l’emploi bien dirigé du opère sur le plâtre (sulfate de chaux).
verre soluble.
M. Kuhlmann a découvert ce fait capital, La théorie chimique de ces applications du
que si l’on fait pénétrer, plus ou moins pro­ verre soluble et de l’acide hydrofluosilicique
fondément, dans les pierres calcaires, du si­ au durcissement des pierres, exige quelques
licate de potasse, il y a une réaction chi­ développements et explications, dans lesquels
mique entre le silicate et le carbonate de nous croyons utile d’entrer.
chaux : il se forme un silicate, avec léger Nous rappellerons d’abord la théorie de la
dépôt de silice, et il établit une union pro­ formation des chaux hydrauliques et des ci­
fonde entre le carbonate de chaux non altéré, ments, et la découverte de M. Vicat sur la
le silicate de chaux et la silice. Alors, de production artificielle des chaux hydrauli­
tendre et poreuse qu’elle était, la pierre de­ ques.
vient dure et compacte; elle prend un aspect Tout le monde sait que la chaux dite grasse
lisse, et peut recevoir un poli analogue à celui est de la chaux caustique provenant de la cal­
du stuc. Ces pierres sont alors silicatisées. cination du carbonate de chaux pur, c’est-à-
Ainsi, une construction, une œuvre d’art dire exempt de silice, d’argile et de magnésie.
en pierre tendre, étant données, il suffit, pour Quand on délaye cette chaux dans l’eau, elle
les durcir, de les badigeonner avec une disso­ s’hydrate, et constitue une pâte, qui, appli­
lution au degré convenable (15 degrés du quée comme ciment,durcit à l’air, en se trans­
pèse-sels environ) de silicate de potasse le formant de nouveau en carbonate de chaux
plus neutre que l’on puisse préparer, c’est-à- hydraté. La chaux hydraulique provient, au
dire contenant le moins de potasse libre. contraire, de la calcination d’un calcaire sili­
La décomposition qui s’opère entre le sili­ ceux et argileux. Cette chaux étant placée
cate de potasse et le carbonate de chaux, pro­ dansl’eau,il se forme, dansunespacede temps
duit, avons-nous dit, du carbonate de potasse. variable, un silicate de chaux et unaluminate
Comme la présence de ce sel pourrait, dans de chaux hydratés, solides et insolubles.
les temps humides, donner lieu à des exsu­ C’est donc à la présence de l’argile dans