Page 154 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL.                               149


           la chaux qu’il faut attribuer la propriété   ou hydrauliques se solidifient par l’hydra­
          hydraulique de cette chaux. La connaissance   tation à la manière du plâtre, et que la pré­
           de ces faits, due à l’ingénieur français Vicat,   sence d’un silicate alcalin amène leur dur­
           a amené la création de la belle industrie des   cissement plus complet ; ce qu’il était permis
           chaux hydrauliques artificielles.         de prévoir, puisqu’on raison de la réaction
             Si, en même temps qu’il est argileux, le   analysée plus haut, les mortiers siliceux se
           calcaire est magnésien, c’est-à-dire dolomiti-   rapprochent des feldspaths, des schistes, et
           que, comme l’appellent les minéralogistes, la   de toutes les roches solides, insolubles, à base
           solidification du ciment que fournira ce cal­  de potasse ou de soude, que l’on rencontre
           caire n’en sera que plus complète. C’est qu’il   dans les terrains de transition.
           se forme alors des silicates et des alu minâtes   Pour obtenir, sans aucun secours de la
           doubles, de chaux et de magnésie, hydratés.  chaleur, un mortier ayant les caractères
             Telles sont, réduites à leur plus simple   hydrauliques, M. Kuhlmann recommande
           expression, les découvertes de Vicat concer­  les proportions suivantes : 30 parties de
           nant les mortiers.                        chaux grasse ; — 50 de sable ; — 15 d’argile
             M. Kuhlmann, en poursuivant les tra­    non calcinée; — 5 de silicate de potasse.
           vaux de son illustre devancier, Vicat, décou­  L’affinité de la silice pour la chaux est
           vrit que, si l’on introduit dans la chaux   telle, que lorsqu’on trempe un calcaire dans
           grasse, et dans les chaux hydrauliques ar­  une dissolution de silicate de potasse, et
           gileuses ou magnésifères, du silicate de   qu’on l’expose ensuite à l’air, on voit la ma­
           potasse ou de soude, la prise, c’est-à-dire le   tière durcir, une croûte dure se former à la
           durcissement des ciments, est plus éner­  surface, et cette croûte augmenter d’épais­
           gique. Comment expliquer ce fait ? Par les   seur en raison de la concentration de la
           raisons suivantes, que nous avons énoncées   liqueur, de la fréquence des immersions et
           plus haut en termes généraux.             du temps qu’a duré l’opération.
             1° Dans le cas de la chaux grasse mise en   La composition de la matière durcie nous
           présence du verre soluble, il se forme un   apprend que les affinités chimiques se sont
           carbonate et un silicate de chaux, moins   satisfaites par une double décomposition : le
           hydratés, en raison de ce que la silice s’est   silicate de potasse en présence du carbonate
           substituée à l’eau d’hydratation.         de chaux, forme lentement du silicate de
             2° Dans le cas de la chaux hydraulique,   chaux gélatineux et du carbonate de potasse.
           une réaction analogue a lieu ; la silice se   En présence de l’acide carbonique libre de
           substitue à l’eau d’hydratation, et l’on obtient   l’air, le silicate de potasse en excès se dé­
           pour la chaux simplement argileuse, un si­  compose rapidement, et forme du carbonate
           licate et un aluminate de chaux, moins    de potasse solide et de la silice gélatineuse,,
           hydratés que celui fourni par la réaction   qui se contracte et durcit à l’air. Comme
           analogue citée plus haut.                 cette réaction a lieu à l’intérieur, il en ré­
             3° Pour le cas des chaux argileuses et ma­  sulte que tous les pores de la pierre sont
           gnésiennes, on a, de même, un silicate et un   comblés par le carbonate de potasse et par
           aluminate de chaux et de magnésie moins   la silice.
           hydratés. Ce dernier, comme le précédent,   Disons tout de suite, que cette réaction,
           est solide et insoluble même dans l’eau de   lente à froid, se produit beaucoup plus ra­
           mer.                                      pidement si l’on opère à chaud, surtout sous
             11 résulte de ces faits, découverts par  une certaine pression. Disons également que
           M. Kuhlmann, que les mortiers ordinaires   les carbonates de baryte, de magnésie et de
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