Page 138 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL.                                 133





























            prouvé que l’oxyde de chrome est la véritable   bon tripoli délayé dans de l’eau. La machine dont
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            substance colorante de ce minerai précieux,
                                                      usage pour tailler et polir les pierres précieuses et
            et la recette publiée par ce chimiste permet   les pierres artificielles, est composée d’une table à
            de l’imiter exactement.                   rebords, sur quatre pieds solidement assemblés.
              Maintenant, si l’on est curieux de savoir   Elle est divisée transversalement par une petite cloi­
                                                      son percée de trous perpendiculaires qui servent à
            comment le strass blanc et coloré doit être
                                                      recevoir les entes (bâtons), au bout desquelles on
            taillé et monté pour imiter les pierres   cimente les pierres que l’on veut tailler ou polir. »
            précieuses, nous demanderons ces rensei­
            gnements à l’auteur d’un ouvrage spécial    Jais. — On appelle jais naturel ou jaïet
            l Art du lapidaire par M. Lançon (1) ••   un minerai composé d’une matière organique
                                                      à demi carbonisée, et qui ressemble beau­
              « Avec un marteau tranchant, dit M. Lançon, on   coup au lignite, qui n’est même qu’une va­
            fend en morceaux de la grosseur des pierres qu’on
                                                      riété de lignite.
            veut établir, les blocs de strass et autres composi­
            tions ; on les arrange ensuite, pour les pierres à   Le jaïet était consacré, chez les anciens, à
            taille à brillant rond et ovale, pour celles à roses, à   tailler des coupes, des bagues et des objets
            dentelles et à huit pans sur une plaque en tôle appe­  d’ornement. La statue de Ménélas, qui exis­
            lée fondait, étendue sur le fond de tripoli réduit en
            poudre, ou d’une autre terre argileuse ; pour les   tait dans le temple d’Héliopolis, en Egypte,
            pierres plus grandes, on se sert d’un fondoir en terre   et qui fut transportée à Rome du temps
            réfractaire ; on le dépose dans un petit fourneau   de l’empereur Tibère, était en jaïet.
            chauffé avec du charbon ou du bois, ou sur un bra­  Le jaïet a été imité de bonne heure au
            sier que l’on entretient. La fusion commencée, on
            retire le fondoir, et les pierres sont arrondies ou   moyen du verre noir. Chez les anciens Egyp­
            plus faciles à tailler. Le lapidaire choisit celles qui   tiens eux-mêmes, cette imitation était déjà
            jettent le plus d’éclat, qu’il cimente à des bâtons.  en grande faveur. Ces colliers noirs, verts,
              « On taille les pierres artificielles, auxquelles on
            donne indistinctement les tailles à brillants ronds ou   bleus, etc., qui entraient dans la parure des
            ovales, à roses, en carrés, à dentelles, à huit pans, à   Égyptiens, que les archéologues modernes
            chatons, etc., sur une roue de plomb, avec de l’é­  appellent des pectoraux (fig. 96) et dont les
            meri ; le poli s’en fait sur une roue d’étain, avec de
                                                      échantillons , trouvés dans les, tombeaux,
                                                       sur les sarcophages, se voient en grand nom­
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