Page 134 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL. 129
"foires. 11 est entièrement plein, et au lieu du ses, des flacons, des verres d’eau, qui mon
vide que présentent les tubes des labora trent à l’extérieur les dessins réguliers que
toires, il renferme, au centre, une étoile en les baguettes figuraient dans la masse de
émail. L’étoile est de petite dimension, mais verre qui a été soufflée par la canne.
elle est la réduction exacte de la grosse Les serre-papiers, qui contiennent en leur
étoile que contenait le moule creux dans le milieu, et sous une couche épaisse de cristal,
quel on a coulé primitivement l’émail. (fig. 95) le dessin régulier d’un bouquet, d’une
Ce tube plein, formé de cristal bleu à fleur (d’où leur nom italien de millefiori') ou
l’extérieur et d’une étoile blanche à l’inté d’un objet analogue se fabriquent comme il
rieur, est coupé en petites portions, et cons suit.
titue ce que l’on nomme les baguettes d'é
mail . Leur section présente un contour bleu de
cristal et une petite étoile blanche d’émail.
Si, au lieu d’une étoile, il y avait dans le
moule creux un simple cylindre, on aurait,
en opérant ainsi, une baguette qui contien
drait au centre une section cylindrique d’é
mail blanc.
Si, en étirant le tube, les ouvriers lui ont
imprimé une torsion sur lui-même, au lieu
d’avoir un cercle d’émail blanc, on aura une
section elliptique filigranée, rubanée, etc.
Le dessin produit à l’intérieur de la baguette
conservera la disposition qu’on avait donnée Fig. 95. — Serre-papiers en cristal avec millefiori.
à l’émail dans le moule.
C’est avec ces baguettes de cristal, émail On se procure plusieurs tubes d’émail qui
lées à l’intérieur, que l’on fabrique les vases contiennent à leur centre les dessins d’une
dits filigranes. Pour cela, on les coupe à fleur, d’une feuille, formant un quadrillage
la longueur de quelques centimètres, on régulier aux couleurs voyantes. Avec une ha
les assortit et on les range verticalement chette, on coupe ces baguettes, de manière à
en nombre convenable, les uns près des au avoir une section qui représente la fleur ou le
tres, sur une plaque en terre, pourvue d’un bouquet, résultant de l’assemblage de plu
rebord, et que l’on a, d’avance, frottée avec de sieurs de ces fleurs, et l’on pose verticalement
la chaux, pour éviter l’adhérence. Alors on cet ensemble de baguettes sur un disque épais
coule sur la plaque où sont dressées verticale en fonte. Alors on entoure les baguettes d’une
ment les baguettes, une certaine quantité de couche de cristal fondu, ou d’une paraison de
cristal fondu. Les baguettes sont ainsi enfer- cristal, qui relie ensemble toutes ces baguet
- niées dans l’espèce de cylindre que forme tes. Puis, avec une nouvelle paraison de cris
alentour le cristal. tal, on recouvre la partie supérieure des tubes
C’est cette niasse de cristal contenant les d’une autre masse de verre, que l’on arrondit
baguettes, qui sert à la fabrication des vases un peu avec une spatule concave en bois,
filigranés. Ces vases se font comme à l’ordi mouillée. Enfin on enlève le disque de fonte
naire. L’ouvrier présente la paraison à ou sur lequel tout cela repose, et on le remplace
vreau du four, la ramollit, la souffle, et en par une couche de cristal, ramolli par la cha
prépare, d’après le procédé habituel, des va- leur. Le bouquet de fleurs est ainsi enfermé
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