Page 129 - Les merveilles de l'industrie T1
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124                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


            déjà dit que c’est par la fusion au feu que l’on   moufles, pendant que l’autre se refroidit et
            fait adhérer les couleurs à la substance du   est soustrait à l’action du foyer.
            verre. Le vitrail est donc démonté ; chaque   La figure 94 montre comment cette parti­
            fragment de verre est détaché du réseau de   cularité de la fabrication a été résolue dans
            plomb , et porté dans un four de potier,   les fours à deux moufles.
            chauffé au degré particulier de chaleur     Ces fours sont à flamme renversée ;\e foyer
            qu’exige la fusion des couleurs.          est en haut et les gaz et l’air chaud qui se dé­
              Une caisse de fonte ou de brique, nommée   gagent du foyer, circulent de haut en bas,
            moufle, sert à recevoir les verres pendant leur   chauffant les moufles qui se trouvent sur leur
            cuisson, afin de les préserver du contact des   passage. Au moyen d’une brique, on peut fer­
            cendres et du charbon. Les couleurs qui re­  mer à volonté le conduit de la fumée, et
            couvrent le verre sont très-fusibles ; la cha­  empêcher l’un ou l’autre des deux moufles de
            leur les fluidifie, et le verre se ramollissant   recevoir l’action du feu.
            légèrement lui-même, par cette chaleur, qui   Sur la figure 94 le foyer est placé en B.
            est toutefois insuffisante pour le fondre ou le  । Ce foyer peut chauffer à volonté l’un ou l’autre
            déformer, la couleur pénètre dans la subs­ I des moufles A, A, ou les chauffer tous les
            tance du verre, et s’y trouve ainsi fixée, de   deux. H est la brique qui, fermant l’un ou
            manière à faire corps avec lui. Cette peinture   l’autre des conduits de fumée P, P, intercepte
            est tout à fait inaltérable, indestructible,   la chaleur dans l’un ou l’autre des moufles
            puisqu’elle fait partie du verre même.    A, A.
              Les fours des peintres-verriers se compo­  Les gaz sortant du foyer B, se dirigent par
            sent d’un foyer et d’un moufle, en fer, de   le tuyau, ou carneau CP, circulent autour
            O”,60 de hauteur sur 0m,80 de largeur et 0m,90   du moufle A, et se dégagent au dehors parle
            de profondeur. Dix ou douze planchers sont   tuyau EFG.
            disposés dans cette caisse, à la distance d’en­  Pour mieux faire comprendre la circulation
            viron 6 centimètres, pour recevoir les verres   des gaz du foyer autour des moufles, on a
            que l’on pose sur une couche de craie ou de   représenté à part, c’est-à-dire sur la même
            plâtre. L’expérience a fait connaître les places   figure et à droite un seul moufle avec les car­
            où réussissent le mieux les verres d’une   neaux qui l’environnent. On voit l’air chaud
            nuance donnée. Les verres qui correspondent   et les gaz du foyer arrivant du foyer B, par le
            aux chairs et aux figures, sont cuits générale­  carneau supérieur, C, passer par le carneau
            ment dans des moufles plus petits, à des   inférieur D, et de là s’écouler au dehors par
            températures un peu plus élevées.         le tuyau EL.
              Le four du peintre-verrier ressemble au   Ce tuyau EL est donc la véritable cheminée
            four à porcelaine. Le moufle, c’est-à-dire la   du foyer à flamme renversée, foyer qui est
            grande caisse en fonte ou en terre cuite qui   placé en B. L’air nécessaire à la combustion
            est destinée à recevoir les lames de verre   descend sur ce foyer par le tube de cheminée
            peint, est entouré de toutes parts par la   d’appel L'.
            flamme. Mais comme la chaleur ne doit pas   Les moufles AA sont munis, chacun, d’un
            être toujours soutenue plus d’un jour et qu’il   tube ouvert b. Cette issue au dehors est né-
            faut un autre jour pour laisser refroidirles ver­ ' cessaire pour laisser dégager les gaz et les va­
            res, après qu’ils ont reçu l’action du feu, il   peurs que contiennent les couleurs, qui, par
            est économique de se servir d’un four à dou­  l’action du feu, subissent différentes modifi­
            ble moufle, dans lequel le même foyer peut   cations ou vaporisations.
            servir alternativement à chauffer un des     A est la visière, c’est-à-dire une petite fe-
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