Page 132 - Les merveilles de l'industrie T1

LE VERRE ET LE CRISTAL 127

naison qui causait son opacité. Un chimiste Verre craquelé. — Le verre ou le cristal
allemand, M. Stein, s’est convaincu que cette craquelé, qui peut être blanc ou coloré, pré­
explication est erronée, et que le trouble de sente dans sa masse des dessins irréguliers,
ce produit céramique est dû non au carbo­ qui peuvent être de la même couleur ou
nate de potassé, mais au grand excès de silice d’une couleur différente.
que ce verre renferme. Cet excès de silice On prépara d’abord avec cette curieuse
n’entre pas en combinaison avec les autres variété de verre, des seaux pour contenir les
éléments du verre, malgré le temps considé­ bouteilles que l’on frappait de glace. Le cra­
rable que l’on emploie à la fusion; restant quelé imite, en effet, de petits glaçons qui
libre au sein de la masse, il produit l’opa­ seraient répartis à l’intérieur du verre.
cité particulière si recherchée par les ama­ Comme ce produit trouva beaucoup de fa­
teurs de cristaux. veur, on l’appliqua ensuite à fabriquer, outre
En soumettant à l’analyse chimique un les seaux à rafraîchir le vin de Champagne,
échantillon de ce produit, qui provenait d’une toutes sortes de vases en cristal ou en verre.
fabrique de Dresde, M. Stein l’a trouvé La fabrication du verre craquelé blanc a
formé de : j été longtemps le privilège des verriers de
i Bohême et de ceux de Venise. Aujourd’hui,
Silice................................................ 71',4 on l’obtient partout, par suite de la connais­
Potasse............................................. 16,8
Chaux............................................... 2,8 sance du procédé de sa fabrication, qui est
Acide phosphorique....................... 1,0 le suivant.
100,0 On retire du creuset une certaine quantité
de verre ou de cristal, blanc ou coloré, et on
L’acide phosphorique est, dans ce produit,
promène la paraison sur une plaque de fer,
à l’état de phosphate de chaux.
que l’on a parsemée d’avance, de verre blanc
Il entre, comme on le voit par la formule
ou coloré, concassé en fragments plus ou
de M. Stein, un peu de terre d’os dans le
moins petits et irréguliers. Ces fragments
mélange; néanmoins, la présence du phos­
adhèrent à la masse vitreuse. Alors on ré­
phate de chaux n’est nullement essentielle
chauffe la pièce, on la roule sur le marbre,
pour produire ce verre de fantaisie.
et on la souffle. Puis on façonne la masse
Voici, d’après M. Flamm, une recette pour
soufflée, pour en faire des objets ordinaires
obtenir le verre d’albâtre (1).
de verrerie.
On prend:
Le verre en fragments doit être de la même
Sable blanc.................................. 100 kilog. nature que celui de la paraison, sans cela
Potasse purifiée............................ 30 — l’objet se casserait.
Chaux éteinte.............................. 13 —
D’après M. Bontemps, on obtient un verre
Sel de nitre.................................. 1 —
Sel de cuisine.............................. 1,5 — non pas craquelé, mais seulement fendillé, en
Arsenic.......................................... 0,250 ! « plongeant rapidement dans l’eau froide la
Oxyde d’étain............................... 1' —
canne chargée de verre ; l’extérieur se glace
« Après avoir fondu le verre,ron le surprend par j et se fendille en tous sens. »
l’eau, dit M. Flamm, on le moud, on le refond de
nouveau, en n’élevant pas trop la chaleur, et on le Émail. — L’émail est un verre opaque
souffle promptement.
« Toute autre composition fusible de verre blanc, I dont nous devons parler ici, à cause de son
traitée de cette manière, produit du verre pâte usage dans les variétés de verre travaillé que
de riz. » nous aurons à énumérer plus bas/
C’est l’oxyde d’étain qui, uni à la silice,
(1) Le Verrier du xix« siècle, p. 390.