Page 123 - Les merveilles de l'industrie T1
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118                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

           très-mince épaisseur. Aussi est-il presque   bleu saphir F oxyde de cobalt; — pour lebleu
           toujours nécessaire de composer les verres   céleste, le bioxyde de cuivre; — pour le vert-
           colorés d’une lame de verre blanc, sur la­  émeraude, Foxyde de chrôme; — pour le vert-
           quelle est étendue une mince lame de verre   bouteille, l’oxyde de fer des battitures, le pro­
           coloré. C’est ce que l’on nomme les verres   toxyde de cuivre ou le cuivre métallique; —
           doubles ou doublés. Une des deux surfaces   pour le rouge-pourpre, pour le jaune à reflets
           seulement est revêtue de couleur, l’autre est   verdâtres, le peroxyde cTuranium ; — pour le
           de verre blanc.                           jaune-orange, le chlorure d'argent; — pour le
              Pour faire le verre doublé, on opère, comme  jaune commun, le verre d'antimoine;— pour
           pour faire les vitres. Seulement l’ouvrier,   le violet, le bioxyde de manganèse; — pour
           après avoir pris sur sa canne une grosse   le rose ou rouge commun, les sels d'or, ou
            masse de verre blanc, et avoir roulé un peu   \'oxyde de cuivre.
           sur le marbre cette paraison, trempe la même   Quand on veut obtenir une couleur com­
           paraison dans un second creuset, qui contient   posée, on mélange plusieurs oxydes: c’est
           du verre coloré, et il superpose ainsi une   ainsi que le verre noir se produit à l’aide des
           petite masse de verre coloré à la masse inco­  oxydes de manganèse, de fer et de cobalt mé­
           lore. Il souffle le tout, à la manière ordi­  langés à parties égales ; le verre couleur éme­
           naire ; en d’autres termes, il obtient un man­  raude, avec les oxydes d’uranium et de cui­
           chon, qui est ensuite fendu, et étalé à chaud,   vre; le verre couleur d’herbe, avec un mé­
           de manière à faire une vitre plane. Tou­   lange d’oxyde de cobalt et d’oxyde de sulfure
           tefois cette vitre n’est pas incolore, elle est   d’antimoine.
            doublée. Sur une lame épaisse de verre blanc,   M. Péligot, dans ses Douze Leçons sur la
            il y a une mince lame de verre coloré.    verrerie, que nous avons déjà citées, donne le
              Tels sont les verres doubles, dont les frag­  tableau des substances qui sont employées
           ments servaient dans l’ancienne peinture sur   pour produire la coloration du verre et du
           verre, à composer des tableaux en mosaïque   cristal. Nous empruntons à ce savant mé­
           de verre, et qui, de nos jours, servent à une   moire les pages qui renferment cet exposé.
           foule d’usages, et en particulier à la peinture
           sur verre, car les verres colorés sont pris sou­  « B/eu. — Pour obtenir le verre bleu, dit M. Péli­
           vent comme fond, soit de l’ensemble du ta­  got, on ajoute au mélange vitrifiable 1 à 3 pour 100
                                                      d’oxyde de cobalt. L’addition de l’oxyde de manga­
           bleau, soit du fragment de verre qui doit être
                                                      nèse donne une nuance plus violacée.
           peint.                                      « Violet. — Cette couleur se produit avec 2 à 7
             On fait même des verres triples eï quadruples,   pour 100 d’oxyde de manganèse et 1 pour 100 d’oxyde
           c’est-à-dire à trois et à quatre couches super­  de cobalt.
                                                       « Bleu céleste. — On ajoute 1 pour 100 de bioxyde de
           posées, pour donner au tailleur decristal ou de
                                                     cuivre à du verre ou à du cristal riche en alcali. Si
           verre la facilité d’enlever uneou deuxcouches   le verre est très-siliceux, la couleur est verte.
           de verre de couleur etde laisser apparaître une   « Vert-émeraude. — Cette coloration est fournie
                                                     par 2 ou 3 dix-millièmes de sesquioxyde de chrome.
           des couleurs. Quelquefois on interpose une
                                                     Cet oxyde n’est dissous par le verre qu’en très-petite
           lame de verre d’albâtre entre deux lames de   quantité.
           verre colorées. On voit de quelles ressources   « Vert-bouteille. —On se sert des battitures de f“r,
           infinies dispose l’art intéressant qui nous   dont on ajoute 4 à 5 pour 100 à la composition.
                                                       « Jaune. — 4 à 5 pour 100 d’oxysulfure d’an timoine
           occupe.                                   (verre d’antimoine) et 1 millième de pourpre de
                                                     Cassius, fournissent lejaune-topaze;on obtient aussi
             Les principaux oxydes métalliques em­   cette nuance avec les peroxydes de fer et de manga­
                                                     nèse ; si ce dernier oxyde prédomine, la teinte vire
           ployés pour colorer le verre sont : pour le   au brun violacé ; avec l’oxyde de fer employé en
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