Page 98 - Les fables de Lafontaine
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94 FABLES. — LIVRE PREMIER
Exercice complémentaire. — Faites le portrait du fier Lion,
et exposez comment les trois animaux vinrent lui proposer de s’associer
avec eux.
7. — LA BESACE
Sources. — Avianus pour le début ; Phèdre pour la conclusion.
Intérêt. — Fable héroï-comique, sorte de catalogue des ridi
cules du monde ; mise en scène majestueuse, tempérée d’ironie
et de familiarité. Après le discours inaugural de Jupiter, la compo
sition prend la forme d’une gradation terminée par une anti
thèse. L’alexandrin domine, et le ton passe du style direct au
style indirect pour s’achever en un discours moral assez largement
développé.
Jupiter • dit un jour : « Que tout • ce qui respire
S’en vienne * comparaître aux pieds de ma grandeur * x.
Si, dans son composé *, quelqu’un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur :
Je mettrai remède à la chose. 5
Venez, Singe ; parlez le premier, et pour cause *.
Voyez ces animaux ; faites • comparaison
De leurs beautés avec les vôtres.
Êtes-vous satisfait ? — Moi ? dit-il, pourquoi non ?
N’ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres? 10
Mon portrait, jusqu’ici, ne m’a rien reproché.
Mais, pour mon frère l’Ours, on ne l’a qu’ébauché.
Jamais, s’il me2 veut croire, il ne se fera peindre. »
L’Ours venant là-dessus, on crut qu’il s’allait2 plaindre.
Tant s’en faut : de sa forme il se loua très fort, 15
Glosa • sur l’Éléphant, dit qu’on pourrait encor *
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles,
Que c’était une masse informe et sans beauté.
L’Éléphant, étant écouté,
Tout sage • qu’il était, dit des choses pareilles : 20
1. Entrée en matière directe. — 2. Complément de l’infinitif, 29, d.