Page 101 - Les fables de Lafontaine
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LE RAT DE VILLE ET LE RAT DES CHAMPS 97
Dès que voùs verrez que la terre
Sera couverte *, et qu’à leurs blés
Les gens n’étant plus occupés
Feront aux oisillons la guerre, 40
Quand reginglettes * et réseaux *
Attraperont petits oiseaux 6,
Ne volez plus de place en place ;
Demeurez au logis, ou changez de climat :
Imitez le canard, la grue et la bécasse. 45
Mais vous n’êtes pas en état
De passer, comme nous, les déserts et les ondes,
Ni d’aller chercher d’autres mondes *.
C’est pourquoi vous n’avez qu’un parti qui soit sûr,
C’est de vous renfermer aux * trous de quelque mur. » 50
Les oisillons, las de l’entendre,
Se mirent à jaser, aussi confusément
Que faisaient les Troyens, quand la pauvre Cassandre *
Ouvrait la bouche seulement.
Il en prit * aux uns comme aux autres 7 : 55
Maint oisillon se vit esclave retenu 8.
Nous n’écoutons d’instincts * que ceux qui sont les nôtres,
Et ne croyons le mal que quand il est venu.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait de la sage Hiron
delle au milieu des oisillons fous.
9. — LE RAT * DE VILLE ET LE RAT DES CHAMPS
Sources. — Aphthonius ; Anonyme ; -Corrozet ; Haudent. La
6e Satire du livre II d’Horace s’achève sur cette fable, longuement
développée, et d’une façon bien supérieure à La Fontaine.
Intérêt. — Cette fable est développée sans éclat ; on dirait que
La Fontaine a voulu éviter toute apparence de rivalité avec Horace.
6. Article, 29, c. — 7. Aux oisillons comme aux Troyens, les uns tués,
les autres emmenés en esclavage. — 8. Conclusion brève, 26, g.