Page 457 - Les fables de Lafontaine
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Les compagnons d’Ulysse enfin se sont offerts.
Ils ont force * pareils en ce bas * univers :
Gens à qui j’impose, pour peine,
Votre censure * et votre haine.
Exercice complémentaire. — Dégagez la leçon morale enfermée
dans ce conte, et résumée dans les vers 105-106.
2. — LE CHAT ET LES DEUX MOINEAUX
A Monseigneur le Duc de Bourgogne
Source. — Inconnue.
Intérêt. — Fable ornée, dont le portrait du Chat, toujours réussi
par La Fontaine, fait le principal ornement. La simplicité et l’ironie
s’y mêlent très agréablement. La fable s’achève par un « exer
cice pédagogique » proposé au duc de Bourgogne, exercice qui
consiste à trouver la morale. Cette morale est, évidemment, celle
de VII, 15, le Chat, la Belette et le petit Lapin, et La Fontaine
pourrait conclure de même :
Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois
Les petits souverains se rapportant aux rois.
C’est aussi la morale de I, 13, les Voleurs et VAne, et de IV, 4,
le Jardinier et son Seigneur.
Un Chat, contemporain d’un fort jeune Moineau,
Fut logé près de lui dès l’âge du berceau ;
La cage et le panier avaient mêmes pénates *.
Le. Chat était souvent agacé par l’oiseau ;
L’un s’escrimait du bec, l’autre jouait des pattes. 5
Ce dernier1, toutefois, épargnait son ami,
Ne le corrigeant qu’à demi :
Il se fût fait un grand scrupule
D’armer de pointes sa férule 2.
1. Ce dernier est l’autre, c’est-à-dire le Chat. -— 2. Bâton dont les
maîtres d’école se servaient autrefois pour corriger leurs élèves ; ici, la
férule est la patte du Chat, sans les pointes ou griffes.